La vérité n’a pas de tombe.

Il y a quelques mois, voire une année bientôt, que je lisais un post intitulé « les proverbes et leurs enseignements » post signé par le Villageois. L’auteur cite de multiples exemples qui corroborent certains constats avérés qu’il ne m’appartient pas de rappeler ici. Je vais plutôt m’appesantir sur cet adage « la vérité n’a pas de tombe ».

Aujourd’hui, par la magie de l’histoire les faits qui, plusieurs siècles auparavant étaient top secrets, nous sont relatés : la Charte Coloniale qui a permis au Roi Léopold II de céder, à la Belgique, le territoire de la République Démocratique du Congo (RDC), les Accords secrets que le Général de Gaulle fait signer aux Chefs d’Etat Africains (de son choix) pour remplacer le colon français et continuer à servir les intérêts de la France, au détriment des peuples auxquels il venait d’accorder une indépendance virtuelle, le Francs CFA ; de même les Accords antérieurs de protectorat de certains territoires où les signataires ne savaient ni lire, ni écrire français, procèdent tous de cette domination de l’Occident barbare sur les peuples du continent Africain.

A propos de ces Accords signés la veille des indépendances, je relèverais un bruit qui a longtemps circulé, bruit selon lequel Léon Mba aurait souhaité, pour le Gabon, le statut de département français, en lieu et place de celui de pays indépendant. Il s’agit là d’une manipulation de l’histoire pour dénigrer ce patriote, envoyé au bagne du Tchad, ensuite en Oubangui-Chari (actuel RCA), lieux où étaient isolés les récalcitrants qui portaient ombrage à la puissance coloniale. A la lecture des Accords proposés à sa signature, il s’est vite rendu compte de la supercherie qu’on lui imposait et, avec la prudence de ne plus subir les affres d’une seconde déportation, il a cru devoir opter pour ce statut avec la conviction que la France, par cette option, sera obligée de construire les routes, infrastructures indispensables à la consolidation de l’unité nationale et base de développement des échanges à l’intérieur du territoire.

Les historiens sont mieux placés pour rétablir la vérité, comme l’a souhaité dans son récent discours à Moscou, Nathalie Yamb, activiste panafricaniste, demandant à la Russie qui a assisté à la Conférence de Berlin 1884/1885 et de Yalta en Février 1945, de mettre à la disposition de l’humanité les archives qui ont conduit les Occidentaux à maintenir les Africains dans cet esclavagisme qui ne dit pas son nom.

La vérité n’a pas de tombe, disais-je. Chaque jour, un événement nouveau apparaît et nous révèle des choses considérées comme secrètes par leurs auteurs.

Une manifestation monstre a eu lieu plusieurs jours dans l’enceinte du gymnase construit par l’argent des retraités de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, CNSS. Les retrouvailles ont uni dimanche 2 Avril 2023, les “affamés” et leurs oppresseurs : les uns y trouvant l’occasion de disposer de quelques miettes et d’étancher à satiété leur soif, les autres, celle de montrer à leurs protecteurs leur capacité de mobilisation des peuples, les uns mentant aux autres. C’est autour de ces réjouissances du 55ème anniversaire du parti des masses – le parti démocratique gabonais PDG – qui, sans interruption, tient les rênes du pays, que le peuple Gabonais a été instruit des secrets de la République ! Là, nul ne s’attendait pas que le “Distingué Camarade”, président de la République, avouera publiquement que “pendant cinq (5) ans il n’a pas dirigé le Gabon” !

Qui, alors, a signé les décrets de nomination (à vie) des membres de la Cour Constitutionnelle, la réécriture de la Constitution en y ajoutant le terme “d’empêchement temporaire”, les décrets de composition et de remaniement des gouvernements successifs, des promulgations des lois et des Ordonnances, depuis octobre 2018 ?

Autant de questions que le peuple Gabonais a posées sans réponse. Qui dirigeait le Gabon ? Le peuple doit-il accorder un crédit à des actes posés, au nom de l’Etat, par des inconnus ?

En République bananière, le peuple peut s’autoriser le droit de désobéir à des lois scélérates votées par ses faux représentants incapables de jouer leur rôle de contre-pouvoir. Ils ont tous trahi.

Nous avons vécu dans le mensonge 5 années durant. Des Gabonais végètent dans les prisons sans jugement et dans des conditions plus que déplorables, torturés comme des bêtes de somme, sans savoir pourquoi ! D’importantes sommes d’argent détournées et chiffrées en milliards de francs sont dans des comptes privés. Un pays par terre comme le dirait notre compatriote Mwang Mabik !

La responsabilité de cette déconfiture est entre les mains de ceux qui se sont désignés (ou été désignés) à la tête des Institutions Républicaines qui ont failli à leur mission régalienne. Ils doivent tous rendre compte au peuple Gabonais et s’ils ont encore un brin d’honneur d’hommes et de femmes respectables, ils ont le devoir de rendre leur tablier.

Peuple Gabonais l’heure est grave. Il est temps de s’arrêter un moment. Nous ne cessons plus de subir des catastrophes naturelles longtemps ignorées dans notre pays. L’amateurisme de la gouvernance de notre contrée et les insuffisances notoires de ceux qui ont pris en otage le Gabon, cautionnés et adoubés, en cela par la France politique, doivent interpeller notre patriotisme à tous.

Nous ne pouvons plus accepter d’accompagner des gens qui agissent et s’appuient sur des étrangers outrageusement armés pour nous mater et tuer nos enfants à la moindre manifestation. Il faut reconnaître, une fois pour toutes, que toute élection nouvelle dans les circonstances actuelles est un piège que nous devons éviter. Nous voulons nous libérer du joug de la France, ne prêtons plus le flanc à des élections pipées d’avance dont elle sera maître de la proclamation de l’élu et de sa reconnaissance par la Communauté Internationale.

Nos infrastructures obsolètes et en lambeaux (Routes, Écoles, Universités, Hôpitaux, etc.) ont besoin d’un coup de fouet qui pourra provenir des économies d’une élection coûteuse dont les résultats ne laissent aucun doute sur le statut quo ainsi que l’envisagerait la récente visite, au Gabon, du président français Emmanuel Macron.

Que devons-nous faire ? Je crois que de nombreux Gabonais sont suffisamment édifiés sur la chance que nous avons eue en 2016 et qui n’est pas aussi près de se renouveler, réussir l’impossible : l’unité de l’opposition autour du candidat consensuel que fût M. Jean Ping. Malgré la proclamation douteuse des résultats tronqués par la Cour Constitutionnelle, la Mission d’Observation Électorale de l’Union Européenne (MOE-UE) qui a suivi le processus, depuis la confection des listes électorales jusqu’au terme du scrutin, atteste bien la victoire de Jean Ping.

La France ayant échoué dans ses diverses négociations, l’Union Européenne ne voulant pas offusquer le président d’un pays, membre de l’Union, ajouté à tout cela la disqualification de nos institutions, il ne reste plus que le peuple souverain de parler d’une seule voix pour obtenir ce qu’il souhaite. Et, à mon humble avis, la voix autorisée pour vaincre ce handicap reste celle de celui que nous avons voté en 2016, Jean Ping. Toute autre démarche me paraît sans issue.

Le paysan de Nzam’akè silè

Paul Essonne

Journaliste

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