La réponse d’Ouaren Nguema au Premier ministre Bilie By Nze au sujet de sa déclaration des assises de la lutte contre la vie chère.

Voici quelques facteurs endogènes et exogènes liés à la vie chère que vous semblez esquiver, ignorer ou méconnaître.  

De l’inflation vers une crise alimentaire et nutritionnelle mondiale  

À l’instar de certaines régions du monde, l’Afrique commence à ressentir les effets néfastes de l’inflation gallopante mondiale. La problématique liée à la flambée des prix sur certains produits de première nécessité et de l’énergie est au cœur du débat public. Cette situation alarmante préoccupe au plus haut point les dirigeants politiques, les sociétés civiles et les populations de certains pays frappés de plein fouet par les effets dévastateurs de cette inflation gallopante mondiale.

Eu égard aux diverses spéculations qui circulent autour des facteurs clés relatifs à l’augmentation des prix de certains produits alimentaires, il convient de faire une étiologie, c’est-à-dire étudier en profondeur l’ensemble de causes de cette inflation pour mieux édifier le public.

L’inflation n’est rien d’autre que la diminution du pouvoir d’achat des ménages. Aujourd’hui, le taux d’inflation mondiale a atteint 5,5 % une première depuis 1970.

Les principaux facteurs liés à cette inflation sont d’ordre économique, financier, monétaire, sanitaire et commercial. En effet, il est à souligner que ces facteurs susmentionnés sont directement ou indirectement liés à la hausse vertigineuse des prix de certains produits de première nécessité et de l’énergie qui sont entre autres : la crise Russo-Ukrainienne, la récession économique mondiale ou encore la crise sanitaire liée à la résurgence de la Covid-19 dans certains pays Européens à l’exemple de la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ( inflation 10%), qui aujourd’hui sont confrontés à une crise énergétique sans précédent en raison de leur dépendance aux hydrocarbures  Russes. Les difficultés d’approvisionnement en gaz et en électricité dans les ménages, les entreprises et les industriels sont de plus en plus plausibles.

Le Gabon, tout comme les autres pays africains, subit de plein fouet les conséquences dévastatrices de cette inflation sur son économie, consécutive au conflit Russo-Ukrainien, ces deux pays sont principalement les plus grands explorateurs des céréales à l’échelle mondiale. Cependant, nos analyses doivent être empreintes de neutralité, d’objectivité et d’impartialité nonobstant nos différents clivages politiques, culturels ou religieux.  Le gouvernement gabonais demeure le seul responsable de cette situation pour trois raisons fondamentales : la surtaxation des produits alimentaires importés par l’État, la monopolisation de l’économie gabonaise par les grossistes expatriés et l’absence d’une politique réaliste de diversification de l’économie.

Notre gouvernement ne va pas quand-même à chaque fois trouver des boucs émissaires pour justifier leurs échecs économiques dû à l’absence de vision, de volonté politique, de prospective et de programmation du développement.  Ce n’est pas la crise Ukrainienne ou encore la Covid-19 qui est responsable de la surtaxation sur certains produits alimentaires d’une part et de l’incapacité des gouvernants à mettre en œuvre des véritables politiques de diversification de l’économie à l’effet de promouvoir la production locale (création de nos propres richesses : biens et services) d’autre part.

Un autre facteur qui serait à l’origine de l’explosion des prix de certains produits alimentaires et énergétiques (le carburant), c’est la monopolisation de l’économie gabonaise par les grossistes expatriés dû au manque de patriotisme ou de nationalisme économique de la part de certaines personnalités politiques (la fibre patriotique). En effet, l’État a, depuis longtemps, favorisé la domination de l’économie gabonaise par les expatriés. En raison de l’absence de contrôles réguliers par la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation (DGCC), certains grossistes expatriés achètent la marchandise en grande quantité auprès des industriels et profitent de cette situation de crise pour augmenter et  imposer leurs propres prix sur les produits de consommation en vue de tirer profit.  La spéculation des prix amène les détaillants (petits commerces) à augmenter à leur tour les prix sur le marché. La question fondamentale est : À qui profite réellement cette situation ?

L’inadéquation entre l’offre et la demande est un facteur important parmi tant d’autres. La pénurie ou la rareté de certains produits de première nécessité entraîne inévitablement l’augmentation des prix ( la demande élevée)  car la société gabonaise est une société à forte consommation. Malheureusement, la production locale (l’offre) est quasiment insuffisante. C’est le cas de la production de l’huile Cuisin’ or par OLAM. Cette huile n’est pas produite en grande quantité pour pouvoir satisfaire la demande (les ménages, les consommateurs).

Il faut reconnaître en outre que la chute de l’Euro est un facteur non négligeable. Aujourd’hui, l’Euro est entrain de chuter drastiquement dans le marché boursier et financier. Le FCFA étant arrimé à l’Euro, perd à son tour, sa valeur. La conséquence immédiate de cette inflation c’est la vie chère. La conséquence de la chute de l’Euro entraîne inéluctablement la chute de FCFA. Certains experts en devise prévoient vers une éventuelle dévaluation de cette monnaie coloniale après celle de 1994.

Les répercussions qui découlent de cette chute de l’Euro sont : La hausse vertigineuse des prix  de certains produits alimentaires du moment où notre économie pour ce qui est du Gabon, est une économie d’importation. Car elle est tributaire des importations et des matières premières. Et du surcroît, elle n’est pas diversifiée. On ne produit rien localement.

Il y a sans nul doute un lien entre la chute de l’Euro et l’inflation galopante. L’économiste Carl Greckou établit parfaitement le rapport entre les conséquences de la chute de l’Euro sur le CFA. En effet, les économies africaines pour la plupart sont tributaires des importations et des matières premières. En ce qui concerne les économies d’importation, notre pays le Gabon, figure parmi les pays africains qui importent en grande quantité certains aliments à base de la farine, du riz et du blé (80 % des importations des denrées alimentaires). Les importations de ces produits sont de plus en plus chères surtout qu’elles sont libellées en dollars et non en Euro, monnaie avec laquelle le FCFA a une parité fixe dans les transactions commerciales à l’international, qui aujourd’hui a drastiquement baissé du fait de la crise Ukrainienne, la récession et la crise sanitaire. Dans la zone Euro, on parle de dépréciation de l’Euro, tandis que dans la zone CFA on parle de dévaluation du FCFA. Car le FCFA est une victime collatérale de la chute de l’Euro.

Les répercussions qui en découlent sont un peu similaires aussi bien dans la zone Euro que dans la zone Franc, qui sont entre autres : risque important d’inflation, vie chère, le surendettement des Etats africains etc.. Tout simplement parce que le FCFA est indexé sur l’Euro, à parité fixe.

Au Gabon, nous constatons parfois pour le déplorer une sorte de dichotomie entre les promesses ou mesures annoncées par le gouvernement et leur applicabilité. Devant la crise, le gouvernement promet de continuer la subvention de certains produits alimentaires et le carburant pour pouvoir soulager les ménages. En revanche, la solution pour sortir le Gabon de cette situation, il faut promouvoir la production des produits locaux (biens et services), la valorisation et l’industrialisation des ressources agricoles, minières, pétrolières et forestières pouvant à, court, moyen et à long terme limiter les importations.

Les répercussions qui en découlent sont : la hausse des prix du moment où notre économie pour ce qui est du Gabon est une économie d’importation. Car elle est tributaire des importations et des matières premières. Et du surcroît, elle n’est pas diversifiée. On ne produit rien localement. Car l’économie gabonaise est une économie d’importation tout simplement parce qu’on ne transforme rien localement.

Cette  inflation va inéluctablement provoquer dans certains pays africains une crise alimentaire et nutritionnelle voire humanitaire.  Nous constatons que certaines populations manifestent dans les rues contre l’augmentation excessive des denrées alimentaires et la pénurie des céréales (le blé et la farine). Ces soulèvements pourraient se résulter à des bouleversements sociétaux et gouvernementaux.

Pour ne pas conclure, ces différentes crises affecteront l’économie mondiale à long terme du fait de l’arrêt ou de la suspension temporaire des importations des céréales Russes et Ukrainiennes pouvant ainsi occasionner une crise alimentaire et nutritionnelle en Afrique.

L’Afrique gagnerait à trouver des solutions alternatives et concrètes à court, moyen et à long terme pour sortir de la dépendance des importations des produits alimentaires provenant en grande partie de l’Occident et d’ailleurs, en investissant significativement dans l’agriculture et l’industrie. L’industrialisation de l’Afrique est la clef de voûte pour promouvoir la transformation et la production des produits locaux pour parvenir à une diversification et à une croissance économique à long terme. L’Afrique dispose de terres arables pour favoriser la production agroalimentaire et industrielle à l’effet de combattre la famine et la pauvreté dans le continent.

L’industrialisation de l’Afrique commande d’investir à priori dans la science, la technologie, la formation et les infrastructures pour accélérer la transformation du développement socioéconomique et humain de notre continent.

Pour ne pas conclure…….

L’argument selon lequel certains compatriotes vivent au dessus de leurs moyens est simpliste et farfelu. Le rôle régalien du gouvernement c’est de trouver des solutions immédiates et concrètes pour combattre l’augmentation anarchique des prix des produits alimentaires et de multiplier les contrôles sur le terrain et non de faire des critiques acerbes sur le mode de vie des compatriotes. Nous sommes libres d’utiliser notre argent comme on veut. On n’a pas besoin de vos leçons de morale. On vous attend au pied du mur.

Pour le faire, on n’a pas besoin d’organiser des grandes assises pour la lutte contre la vie chère. C’est l’argent du contribuable qui est utilisé inutilement encore une fois.

Votre discours est un aveu d’échec de la part de votre gouvernement qui traduit votre incapacité de lutter efficacement contre la flambée des prix du carburant et des denrées alimentaires provoquant ainsi l’extrême pauvreté. Vous n’avez pas besoin de faire des discours et des assises pour y arriver. Il suffit de passer à l’acte même en 45 minutes le problème est réglé. C’est ça la volonté politique.

Ouaren Nguema

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