La relation France-Rwanda : un exemple pour le devoir de mémoire et de développement de l’Afrique.

Le récent déplacement du Président français Emmanuel Macron au Rwanda avait pour objectif d’écrire une nouvelle page de la relation entre les deux pays et plus particulièrement avec le Président rwandais Paul Kagame. Pourtant le passif sur la culpabilité et la responsabilité des soldats français dans le génocide de 1994 au Rwanda semblent aujourd’hui indéniables. Pour certains, il est même inconvenant de questionner cette culpabilité et cette responsabilité.

En effet, l’armée française était déployée à Goma, aux portes du Rwanda, pour déclencher l’opération Turquoise dans le cadre d’un mandat des Nations unies. Cette opération, conçue dès l’origine pour une durée limitée à deux mois,  répondait à un but et un seul, celui de créer sur une partie du territoire rwandais, une zone humanitaire sûre, qui allait permettre de sauver des dizaines de milliers de vies humaines.  Mais Charles Onana, journaliste d’enquête et essayiste franco-camerounais dans son livre « Rwanda, la vérité sur l’opération turquoise », a jeté un pavé dans la marre. Ce dernier affirme « C’est parce que l’histoire officielle est fausse et c’est surtout parce que pendant 25 ans on a essayé de nous imposer une version. Mais lorsque j’ai consulté les archives des Nations Unies, je me suis rendu compte qu’on nous a beaucoup menti. Lorsque le Président Paul Kagame a quand même déposé une plainte devant la 17e Chambre contre moi, il n’y avait pas que le Président Rwandais, il y avait l’Etat Rwandais. Donc, j’ai eu deux grandes plaintes qui ont été retiré 48 heures avant le début du procès. Je pense que les gens ne comprenne pas, c’est que toute cette aide à Kagame c’était pourquoi ? C’était pour les mines de Nkoltang et de diamant à l’Est du Congo. Les gens ne comprennent pas, on reste sur le massacre. Mais, on a laissé tout ça se faire parce que tous ceux qui voulaient mettre Kagame au pouvoir devaient etre récompensé par les mines, le Nkoltang et les diamants en République Démocratique du Congo (RDC). C’est pour cela que la RDC vit une situation terrible, c’est-à-dire qu’on a dépassé le nombre de morts qu’il y a eu dans la tragédie Rwandaise, c’est-à-dire qu’on a dépassé l’ensemble de la population Rwandaise de 1994 c’est-à-dire près de 6 millions de personnes on est à près de 10 millions de morts au Congo et personne ne veut en parler parce que parler de ces morts-là signifie d’interroger le role et l’action de Kagame et du Rwanda sur le territoire Congolais. »

Plus loin, le journaliste ajoute « Le Premier Ministre de l’époque Edouard Baladur n’a pas compris que Goma était l’aéroport international du trafic de diamant, et de Nkoltang que ceux qui avaient placé Kagame au pouvoir allaient l’utilisé pour exploiter les ressources de la RDC. Voilà la stratégie qui a été utilisée. Et quand on ne comprend cette interaction entre les mines de Nkoltang et diamants et de tous les minerais de l’Est du Congo, on ne comprend pas ce qu’on va appeler le génocide au Rwanda. L’objectif c’est de faire comprendre que la prise du pouvoir de Kagame est liée au renversement de Mobutu, puisqu’en 1997 c’est Kagame qui vient renverser le Maréchal Mobutu avec l’aide des Etats-Unis et de l’Ouganda. »

« Aujourd’hui, les Congolais ont des éléments de preuve. Je vais encore plus loin que ça. Ce que j’appelle l’invasion masquée du Zaire en 1994, après l’analyse de la stratégie militaire d’occupation territoriale du Rwanda, c’est que Paul Kagame a fermé les frontières avec la Tanzanie, le Burundi de telle sorte que toutes les populations étaient dirigées vers l’Est du Congo avec en ligne de mire l’envahissement du Congo. Mais on ne pouvait pas envahir le Congo comme ça, brutalement, militairement il fallait qu’on trouve un prétexte, et le prétexte c’était qu’il y a des génocidaires réfugiés à l’Est du Congo. Et depuis plusieurs années, les génocidaires se trouvent autour des mines de diamant et de Nkoltang de la RDC dans lequel on trouve de nombreux rapports des Nations Unies qui démontrent que le Rwanda pillent les richesses du Congo et vend le Nkoltang à Kigali » révèle Charles Onana.

« D’ailleurs, ce qui serait intéressant c’est qu’on sache d’où viennent les ressources du Rwanda pour effectuer cette transformation radicale du pays. Si on viole les femmes à l’Est de la RDC et qu’on se tait, si on massacre les populations civiles, si on utilise les enfants dans les mines de diamants et de Nkoltang, si chaque jours les populations congolaises sont en instabilité permanente jusqu’à la tête du pays parce que le Rwanda mène des incursions qui sont aujourd’hui démontrées par l’ONU, je pense que ce n’est pas très sérieux, ce n’est très correcte » déplore le journaliste d’enquête et essayiste franco-camerounais Charles Onana.

Mais plus de vingt ans après, la France assume-t-elle pleinement cette Histoire ? D’autant plus que la France ne s’est dérobée à son devoir d’introspection critique.

Paul Essonne

Journaliste

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