J’ai eu cette grâce de connaitre un éveil de conscience prématuré ; par rapport aux différents combats menés, je puis conclure sans hésitation que notre problème se situe au niveau de la définition des priorités et de la compréhension du modèle de gouvernance qui est le nôtre.
Dans la conscience collective, la seule élection qui suscite autant d’engouement au Gabon est l’élection présidentielle dans un pays dont le régime de Gouvernance est Parlementaire et non Présidentielle selon nos textes. L’élection présidentielle est vendue par tous les acteurs politiques et civiques, tous bords confondus, comme la seule pouvant aboutir à une alternance au Gabon. D’aucuns me diront, pourquoi parles-tu des acteurs civiques, alors que l’élection relève du domaine de la politique ?
Non du tout, l’élection n’est pas une affaire politique, mais une affaire civique et c’est pourquoi à chaque élection il vous est demandé « d’aller accomplir votre devoir civique et non votre devoir politique ». Pour preuve, ce ne sont pas que les membres des partis politiques qui partent voter mais bien la société dans son ensemble partant des religieux, chômeurs sans engagement politique, élèves et étudiants, membres d’ONG et Associations, corps habillés, magistrats, avocats, membres de partis politiques, etc… malheureusement le politique a réussi à nous faire accepter que seul lui est qualifié pour diriger le pays et que les non politiques sont justes qualifiés pour les élire, c’est de la manipulation en langage simple : de la SORCELLERIE POLITIQUE. Ce sont ces mêmes politiciens tous bords confondus qui nous présentent l’élection présidentielle comme étant la plus importante pour le Gabon, raison pour laquelle, ils y mobilisent plus de moyens.
Mais en réalité l’élection la plus importante dans un pays, encore plus pour le nôtre, est L’ELECTION DU PARLEMENT, C’EST-A-DIRE L’ELECTION LEGISLATIVE A LAQUELLE S’AJOUTE L’ELECTION MUNICIPALES car c’est de cette dernière que sorte les Sénateurs. Amusez-vous à envoyer qui vous voulez à la Présidentielle, mais ne vous amusez jamais à envoyer n’importe qui au Parlement. Boycotter comme vous le voulez la Présidentielle, mais ne vous amusez jamais à boycotter l’élection du Parlement.
Les évènements présents liés à la COVID-19 nous le démontrent à suffisance. Une Constitution modifiée au gré du parti disposant d’une Majorité qualifiée représentant au moins les 2/3 du Parlement. Cette réalité est la conséquence de plusieurs de nos choix :
1/ Choix d’un candidat parce que c’est un parent, une personnalité politique de mon village, de ma ville, de ma province, un ami ou une connaissance, et ce, juste pour le plaisir de dire JE CONNAIS PERSONNELLEMENT CE PARLEMENTAIRE ;
2/Choix parce qu’il s’agit des consignes du parti, même quand nous sommes conscients au sein du parti que le candidat choisi a toute les qualités de paresse et d’inconsciences réunies ;
3/Choix parce qu’on vous a remis 5.000, un tee-shirt, etc…pour l’achat de votre dignité ou parce que ce dernier vous a un jour aidé, quand bien même vous êtes conscients qu’il est en incapacité de défendre ou proposer un projet de loi ;
4/ Soit parce qu’au sortir d’une présidentielle, comme de chaque présidentielle, les leaders ayant été victimes du vol de leur élection, vous invitent à boycotter les législatives, mais ne vous inviteront jamais à boycotter la présidentielle jusqu’au bout, présidentielle à laquelle ils sont souvent candidats.
Chers Citoyens, nous payons aujourd’hui le prix de notre insouciance et émotion citoyenne, traduisant ainsi une immaturité citoyenne ; nous continuerons à le payer très chère tant que nous n’aurons pas accepté de définir les priorités citoyennes, tant que nous continuerons au nom des éléments suscités d’envoyer n’importe qui au parlement car estimant que le parlement est moins important que la présidence.
JE VOUS LE DIS AUJOURD’HUI, LE PARLEMENT EST L’INSTITUTION LA PLUS IMPORTANTE DANS UN PAYS. C’EST LA SEULE ELECTION QUI DONNE L’OPPORTUNITE A CHAQUE CITOYEN DE REGARDER UN CANDIDAT DROIT DANS LES YEUX, DE DIRECTEMENT L’INTERPELLER A DOMICILE ET SOUVENT SANS PROTOCOLE UNE FOIS ELU ET DE BLOQUER TOUTE MAUVAISE ACTION DU POUVOIR EXECUTIF OU DU POUVOIR JUDICIAIRE PAR LE VOTE D’UNE LOI, LE VOTE DE NON CONFIANCE AU PREMIER MINISTRE OU LA DESTITUTION D’UN CHEF D’ETAT
Quand nous aurons appris à œuvrer aux élections législatives et municipales, comme on s’y met pour la présidentielle, quand nous aurons appris à défendre une victoire acquise aux législatives et aux municipales, alors là, nous pourrons prétendre être assez prêt pour nous battre sans relâche pour l’alternance.
Certains me diront, à quoi bon dans un pays où on passe le temps à voler des élections. Je réponds souvent à ces derniers, as-tu renoncé à ton post de fonctionnaire ou employés, renonces-tu chaque matin à rechercher un emploi quoi que sachant que ceux qui dirigent ministères et bon nombre d’employeurs sont les partisans de ceux volant les élections ? Tu n’y renonces pas, parce qu’il s’agit de ton boulot, mais tu es facilement découragé pour une élection parce que tu estimes qu’il s’agit du pays des dirigeants ? Tant que tu es dans cet état d’esprit, tu n’es pas différent des gouvernants actuels, c’est juste leurs positions que tu n’as pas, car tout est question d’état d’esprit.
Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA MAKOSSO, acteur de la société civile