La liberté des Gabonais au pilori ?

La liberté moderne est une liberté individuelle, elle repose sur le droit à la vie privée. C’est le droit de n’être soumis à aucun arbitraire, le droit d’expression, de réunion, de déplacement, de culte et d’industrie.

Pas de liberté sans la possibilité de choisir son mode de vie et ses valeurs, donc pas de liberté sans la possibilité de se soustraire à la communauté et par conséquent pas de liberté sans une limitation de l’État pour permettre l’existence de cet espace privé. C’est une liberté civile. Ce n’est pas à l’État de dire aux populations comment être heureux.

Mais il n’est pas question pour autant de sacrifier la liberté politique, la participation au pouvoir. Le danger de la liberté moderne serait de renoncer aux garanties politiques de cette liberté par une sorte d’indifférence au bien public. Autrement dit, il appartient aux Gabonais d’exercer une surveillance permanente sur leurs représentants.

Dire que tout pouvoir légitime doit être fondé sur la volonté générale ne veut pas dire que tout ce que la volonté générale décide est légitime. Il y a donc des domaines dans lesquels le pouvoir politique n’a aucune influence : la morale et la religion, mais aussi la science qui relève de l’autorité du savoir.

On dit couramment que le bien commun est l’objet propre de la société politique et la responsabilité spécifique des gouvernements mandatés pour exercer le pouvoir en son nom. Cette affirmation est juste. Elle gagne néanmoins à être complétée par l’examen de ce qu’est concrètement l’action du pouvoir politique au service du bien commun dans les conditions d’aujourd’hui.

Aussi, l’action gouvernementale est fortement conditionnée au Gabon, par le contexte concret dans lequel elle est appelée à se déployer. Certaines périodes se prêtent à une expansion marquée de l’action gouvernementale.

Autant il faut se méfier de ceux qui veulent réduire la taille de l’État pour des raisons idéologiques, autant il faut également accueillir avec réserve la position de ceux qui, au nom d’une conception figée du rôle de l’État, s’opposent à tout changement substantiel dans les fonctions qu’il assume et dans la manière dont il exerce ses fonctions.

En effet, le gouvernement qui veut imprimer une teneur plus élevée à la vie de la collectivité doit d’abord donner l’exemple des vertus de compétence, d’intégrité et d’engagement désintéressé au service du bien commun que l’on est en droit d’exiger des détenteurs de charges publiques. Des élus incompétents, frivoles, imbus d’un esprit partisan et enclins au favoritisme peuvent réussir à s’agripper au pouvoir pendant un certain temps. Mais ils sèment chez les Gabonais le doute et le mépris à l’endroit non seulement de leur personne mais aussi des institutions et des processus qui régissent la vie politique.

 

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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