C’est l’ordonnance n°10/PR/2018 du 23 février 2018 qui crée l’organe de régulation de la communication au Gabon, la HAC (Haute Autorité de la Communication). De fait, la HAC est une autorité indépendante, qui se retrouve être sous la tutelle des institutions politiques qui nomment les 98% de ses membres. L’exercice de ces missions ne se faire pas en dehors de l’ordonnance n°10/PR/2018 du 23 février 2018 portant création, organisation et fonctionnement de la HAC.
En effet, la HAC est donc chargée de la régulation du secteur de la communication. Elle veille, en toute indépendance et impartialité, au respect de l’expression de la démocratie et de la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire, à l’accès des citoyens à une communication libre, au traitement équitable par les médias publics de tous les partis politiques et associations politiques reconnus ainsi que de la société civile. Cette régulation s’opère au service de la liberté d’expression dans l’intérêt du public et des professionnels. Elle repose sur le respect et la protection des droits et libertés individuels, la régulation économique et technologique du marché, la responsabilité sociale.
L’heure est venue de mettre l’accent sur la déontologie journalistique afin de répondre à la défiance du public envers les médias, de veiller au respect des codes déontologiques établis par les chartes structurant la profession de journaliste. Les médias ont donc pour rôle d’assurer le respect des règles établies.
La HAC se doit d’être tripartite, composée de journalistes, d’éditeurs de presse et de la société civile, ou représentants du public. Deux sources de financements sont possibles : par les adhérents ou par l’État. La cotisation des médias pourrait se calculer en fonction de leur chiffre d’affaires ou de leur nombre de cartes de presse. Un financement par l’État pourrait faire l’objet d’une garantie pour le bon fonctionnement de l’institution et sa pérennité, mais aussi fragiliser l’institution et son image d’indépendance. Si un financement public était retenu, il ne devrait donc pas dépasser 49 % du budget de l’association.
Pour rappel, les entreprises de presse gabonaises n’ont finalement jamais eu besoin de développer une instance de régulation. La HAC doit ainsi répondre aux critiques du public, dont les saisines sont trop légères pour faire l’objet d’une plainte au tribunal. Le système d’autorégulation est là pour compléter la loi, par pour la remplacer, et pour éviter l’écueil d’avoir trop de lois, notamment concernant la conduite des journalistes.
Le pire service à rendre aux médias aujourd’hui serait de les contraindre à se plier à une norme artificielle de déontologie. Ce sont les lecteurs qui jugent les journalistes, pas les journalistes qui se jugent entre eux. Si médias et associations ne coopèrent pas, l’autre risque incontestable est une instrumentalisation de la part du gouvernement et des classes politiques.