15 octobre 2011- 15 octobre 2025, voilà aujourd’hui 14 ans jour pour jour que vous avez précipitamment quitté la scène, pour vous endormir pour l’éternité.
Tel un intrépide abatteur qui continue de vivre de la renommée de ses exploits, vos épopées n’ont pas fini d’alimenter les chroniques politiques.
Telle une vieille plantation en jachère, vous aidez toujours à renouveler les semences qui préparent les nouvelles plantations qui nourrissent nos campagnes.
Tel un égrégore, vous restez vivant dans notre subconscient et vous vous nourrissez de nos prières et de nos pensées positives qui agrémentent nos rêves.
Vous êtes passé de l’autre côté de la scène où l’on observe dans le silence et agit dans l’ombre du sommeil pour suggérer des pistes de solutions.
De l’ombre de la vallée de la mort où se trouve l’UPG, votre parti, nous essayons du mieux que nous pouvons, de tenter de maintenir allumée la flamme de cette torche incandescente qui a su éclairer, de votre vivant, la lanterne de notre conscience collective endormie par tant d’années de jouissance militante.
À l’image de cette mère de famille qui va en brousse, vos oreilles sont restées au village pour vous traduire nos frustrations, notre ressentiment et notre mal-être alimentés par l’égoïsme de l’homme.
Oui cet homme entier pris dans ses coordonnées ontologiques que vous aviez bien voulu mettre au centre de votre combat politique, est un loup pour l’homme. Vous le saviez mais avec détachement vous aviez décidé de lui faire confiance et privilégier la chaleur des relations humaines, à la méfiance qui tue la confiance.
Je me souviendrai toujours de cette fois où au détour d’une séance de travail au siège de notre parti, vous aviez sagement découragé l’intention d’adhésion d’une militante chevronnée d’un autre parti de l’opposition, tombée sous le charme de la méthode upégiste. À son attention vous aviez dit, je cite…. Je ne fais pas dans le débauchage des militants des partis luttant pour la même cause que nous, fin de citation.
Vous aviez privilégié l’intérêt du combat politique, là où beaucoup auraient sauté sur l’occasion pour affaiblir un potentiel adversaire politique.
En bon démocrate vous aviez éprouvé les vertus de la tolérance et du dialogue, toute chose qui vous a conduit pour la première fois depuis votre retour d’exil de Dakar le 1er novembre 1993 à la présidence de la République Omar Bongo Ondimba, alors que le siège de notre parti politique l’intégrité du siège de notre parti venait d’être violée par les Forces de Défense et de Sécurité.
Alors réfugié à l’ambassade de l’Afrique du Sud, vous m’aviez fait l’honneur de compter parmi les personnalités admises à vous y rendre visite, je vous ai modestement avec responsabilité apporté ma disponibilité pour aider à gérer la pression et la hantise d’un second exil face à votre obstination à ne pas rencontrer le Président Omar Bongo.
J’ai, avec une équipe de compatriotes de haut vol, de votre choix, dont certains ne sont plus de ce monde, contribué à vous persuader de rencontrer le Président de la République Omar Bongo.
Alors que vous défendiez avec lucidité et responsabilité votre position, vous aviez la pleine mesure de la situation, notamment le spectre de la dissolution qui planait sur notre parti et la possibilité d’un nouvel exil en Afrique du Sud, pour vous même, proposée par les trois mousquetaires de l’époque, vous aviez décidé d’ouvrir la voie à la négociation diplomatique.
Ainsi, touché par l’implication en sourdine d’un certain nombre de chefs d’Etat, conscients de la menace d’instabilité sociale que faisait planer sur le pays par la crise post-électorale, vous aviez pris l’engagement de rencontrer le Président de la République qui avait tant souhaité vous recevoir à la présidence de la République.
Je me souviendrai toujours de ce 16 avril 2006 où vous aviez annoncé aux émissaires de la présidence de la République, votre décision de rencontrer enfin le Président de la République, trois jours plus tard, ce jour personne n’en croyait ses oreilles car vous n’aviez pas tout au long des négociations qui s’étaient ouvertes trois jours après le début de votre séjour à l’ambassade, vous n’aviez ouvert aucune brèche qui pouvait laisser augurer d’une telle issue.
Que ton Oui soit Oui et que ton non soit non selon les saintes écritures, cette parole vous vous en êtiez approprié, c’est pourquoi, au terme des trois jours de jeûne que vous vous étiez imposé, le 19 avril 2006 au matin, alors que le protocole d’État chargé de votre escorte venait d’arriver à l’ambassade, grande a été leur surprise de vous trouver prêt pour la présidence où vous étiez très attendu.
A la présidence de la République vous y étiez pour rechercher l’apaisement dans l’intérêt supérieur de la nation.
Je me souviendrai toujours de cette audience à la présidence de la République où vous défendiez devant le Président de la République Omar Bongo Ondimba, le dossier de légalisation de l’UGDD, un parti politique de l’opposition, auquel le ministère de l’intérieur n’entendait pas délivrer le récépissé de légalisation.
Face à la menace de déguerpissement des locataires de la SNI, vous aviez pris la tête des négociations où vous aviez pu arracher la signature d’un protocole d’accord ayant abouti à l’assouplissement des procédures d’acquisition de ces logements, toute chose qui de faire des anciens locataires, propriétaires des maisons.
Alors que vous étiez député à l’Assemblée Nationale, vous aviez mis la main à la poche pour requérir les services d’un conseil pour défendre la privatisation de Gabon Télécom dont vous perceviez déjà les dangers sur la souveraineté du pays.
Dans le même élan, je me souviens de cette plaidoirie à la présidence de la République pour empêcher la signature par le Président de la République du dossier de la COMIBEL que vous qualifiez de grosses escroquerie politique au vu des implications perceptibles à l’horizon qui faisaient planer le risque de braderie du gisement de Belinga.
Vous aviez pris fait et cause pour la défense de l’intégrité territoriale en dénonçant la tentative de cession de l’île Mbanié par trois anciens membres du gouvernement de l’époque. Je me souviendrai encore de cette convocation manu militari de plusieurs ministres et de la présidente de la Cour Constitutionnelle, par le Président République, lorsque vous reveliez le pot aux roses.
Sans être exhaustif, par ce petit rappel de quelques faits pas toujours très connus par le grand public, je voudrais présenter à certains jeunes compatriotes qui n’ont pas eu l’opportunité de vous connaître, un pan de votre nationalisme et votre sens élevé du devoir.
Alors qu’une proposition de nomination au poste de vice-président de la République venait de être faite, avec lucidité et sérénité, vous aviez opposé un mémorandum où vous affichiez point par point vos conditions, là où beaucoup se seraient précipités pour être le factotum de service.
Même les propositions d’entrée au gouvernement ne vous avaient pas fait abandonner vos convictions, chaque fois vous aviez rappelé vos conditions de collaboration dans un gouvernement, alors que vous n’aviez pas de majorité à l’Assemblée Nationale.
Cette façon de faire de la politique sans argent, a déclenché en nous le sens du sacrifice, l’intérêt de la conviction, et notre résilience qui défie l’opprobre le rejet, la condescendance et le mépris.
Aujourd’hui l’UPG est méprisée y compris par ceux-là qui auraient pu être ses premiers défenseurs, mais grâce à la conviction que nous avons, de combattre le bon combat, nous refusons d’abdiquer pour abandonner ce vieux village qui a préparé notre mentalité à la chose politique.
Vous nous aviez appris qu’en politique il fallait s’armer de courage, de patience, d’un estomac en béton et des nerfs en acier pour affronter l’adversité qui n’est pas toujours saine.
À ceux qui pensaient ternir l’image de notre parti, présenté par nos censeurs de l’époque comme un parti punu, vous aviez su avec justesse rappeler la sociologie de la société gabonaise, en bon pédagogue, vous aviez présenté l’UPG comme une boutique ouverte, qui ne choisit pas la couleur de ses clients.
La meilleure illustration de cette image est la singlante victoire du député UPG à Gamba en territoire lumbu, varama, un ressortissant de Bitam. Un bel exemple de patriotisme salué à juste titre à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux à la présidence de la République, par le Président de la République Omar Bongo Ondimba car Gamba était considéré comme une citadelle imprenable, tombée sous le charme de l’UPG et son Président.
Grâce à votre charisme, votre parfaite connaissance de dossier, votre polyvalence, et votre grande culture, vous aviez su séduire le gabonais moyen et l’élite, l’étudiant et le chômeur, toute chose qui a permis de dupliquer à travers l’ensemble du territoire, la marque UPG.
Sans argent mais avec la méthode, vous aviez réussi à faire élire à Libreville, Franceville, Mouila , Ndendé, Tchibanga, Mabanda, Moulengui Binza, koulamoutou, port-gentil, gamba, Ndougou une centaine de conseillers municipaux et départementaux, et plus de cinq députés à l’Assemblée Nationale, toute chose qui avait permis à notre parti de disposer d’un groupe parlementaire homogène.
Ayant identifié l’ennemi de la sincérité des votes, vous aviez suggéré l’introduction de la biométrie intégrale dans le processus électoral, après avoir initié la Loi sur la biométrie qui aurait pu porter votre nom.
Malheureusement, les forces d’inertie en ont décidé autrement, ainsi la fraude électorale qui est promise à un bel avenir à encore de beaux jours devant elle.
Visionnaire vous l’aviez été, c’est fort à propos que vous aviez prophétisé que le 30 août serait l’univers de Dieu, les oreilles de Marcelin ont capté, les FDS l’ont accompli.
Vous aviez lutté pour le statut de l’opposition, aujourd’hui la nouvelle Loi fondamentale l’a consenti.
En somme, beaucoup de vos projets sont en train de trouver grâce aux yeux des nouvelles autorités, même si l’UPG est écartée du centre des décisions, nous suivons avec grand intérêt la matérialisation de ceux-ci pour le bonheur du peuple gabonais qui n’a que trop souffert, et pour qui vous vous battiez jusqu’au sacrifice suprême.
Nous avons choisi de maintenir ouverte la fenêtre que vous aviez réussie à ouvrir le 14 juillet 1989 à Paris, en dépit de la contrainte des nouvelles dispositions sur les partis politiques.
Depuis votre départ précipité vers le grand orient éternel, la gouvernance du parti n’a pas permis son enracinement au niveau où vous l’aviez laissé. La guerre de leadership a éclaté au moment où nous pensions disposer des ressorts solides pouvant nous aider à plier sans rompre, malheureusement le poids des égos n’a pas permis d’éviter son éclatement.
Au moment où votre veuve et vos enfants essuient les affres du rejet, de l’oubli et la condescendance, nous, encore nombreux, qui avons choisi d’affronter les regards des censeurs tapis dans la société, avons pris le pari de sauver votre œuvre.
Donnez nous la force et le courage pour triompher de la méchanceté des hommes qui ont décidé d’éteindre à jamais votre œuvre et épingler à leur funeste tableau de chasse la conscience upégiste.
Nous refusons que votre mémoire soit symboliquement accrochée à des épouvantails qui servent des causes partisanes. Votre image encore vivace dans le pays, mérite à nouveau de planer sur ce paysage politique orphelin, des partis traditionnels de l’opposition, des valeurs et d’Hommes d’État capables de s’élever au-dessus de la mêlée pour faire raisonner l’hymne de la tolérance et de la Paix.
Oui l’UPG a sa place dans cette scène politique qui a peine à se renouveler malgré le changement de régime, tant le poids des vestiges du passé, tarde à libérer les consciences.
Monsieur le Président, le peuple gabonais qui n’est pas prêt à vous oublier nous encourage à poursuivre le combat au moment où nous avons décidé de réunifier, pour la justice sociale, pour la démocratie et pour la Paix dans ce continent où les élections continuent de diviser les populations.
Que votre âme puisse continuer de veiller sur nous pour le triomphe de vos idées.

