La plupart des Gabonais continuent de consommer un régime sain à base d’aliments traditionnels produits par des petits producteurs. Mais la situation est en train de changer peu à peu, avec la grande distribution alimentaire qui renforce sa présence au Gabon, tel que le groupe français Carrefour Market qui a ouvert son premier supermarché le 16 décembre dernier à Libreville.
Ciblant les quartiers populaires urbains, Carrefour s’attaque ouvertement aux clients actuellement desservis par les petits vendeurs locaux de produits alimentaires. Le groupe français compte sur le volume des ventes, et non sur les marges, pour réaliser ses bénéfices. Il est aussi évident pour les gens que l’argent généré par l’économie alimentaire du pays est destiné à passer dans les poches des actionnaires de Carrefour qui fournit les produits alimentaires stockés sur ses étagères.
Aussi, la subsistance des petits vendeurs et des producteurs locaux est remise en cause, tout comme la santé des populations et la diversité des cultures alimentaires traditionnelles sont elles aussi en danger. Les Gabonais s’inquiètent à l’idée que cette invasion de chaînes de supermarchés va provoquer la ruine des moyens de subsistance des petits vendeurs, détruire les marchés pour les producteurs locaux et encourager la population à abandonner la nourriture traditionnelle en faveur des produits transformés soi-disant “bon marché”.
Avec l’absence flagrante de réglementation pour protéger les populations, le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure du problème. Il pourrait commencer par établir des tarifs douaniers pour protéger les producteurs et les transformateurs locaux contre le dumping d’importations de denrées subventionnées et de piètre qualité. Les Gabonais vont devoir réagir pour défendre leurs systèmes alimentaires.