Gabon/Retour au PDG : Enquête sur le fiasco de la décision d’Eyeghe Ndong.

La décision de l’actuel Haut-Commissaire Jean Eyeghe Ndong gardée secrète de manière efficace a fait l’effet d’une bombe dans le petit monde politique gabonais le samedi 4 mars dernier. C’est fatigué, vieilli, et victime de l’usure que l’ancien Premier ministre a faite l’annonce lors d’une conférence de presse à Libreville son ralliement à Ali Bongo Ondimba et le Parti Démocratique Gabonais (PDG).

Devant les caméras de télévision, il ne lui a fallu que quelques secondes pour prendre acte de son revers. C’est ainsi qu’il faut qualifier le revirement de l’ancien Premier ministre et ancien hiérarque du PDG (de 1980 à 2009). Mais c’est bien plus que cela. C’est une mortification. L’humiliante déclaration a mis à terre sa stratégie et a sali durablement son image. Décidément, le samedi 4 mars est triste. Depuis, cette conférence de presse les Gabonais ne cessent de s’interroger sur cet échec qui est un vrai séisme, un choc, un coup de tonnerre. Les qualificatifs n’ont pas manqué pour qualifier le retour de Jean Eyeghe Ndong au PDG. Beaucoup se sont targués, d’avoir vu venir ce tsunami politique.

Effectivement, à 77 ans, c’est un choc. Le désormais ex-opposant (de 2009 à 2021) a perdu beaucoup d’amis. Il pensait qu’il avait la vie devant lui, que tout était possible et il s’aperçoit que la vie a une fin, qu’il est en train de basculer du côté où la vie est plus courte. Il est habité par un sentiment d’urgence. Revenons sur l’échec de Jean Eyeghe Ndong dans ce qu’il a d’exemplaire : jamais sans doute un Premier ministre ne s’était aussi bien préparé à affronter les écueils sur lesquels il allait finalement s’échouer. Eyeghe Ndong a fait preuve de courage en ne refoulant pas ses émotions. Car, s’il ne pleure plus, c’est qu’il n’est plus un homme, c’est qu’il a perdu son humanité. Et alors ? Quel intérêt de savoir que le Haut-Comissaire est un être humain et qu’il se pose des questions fondamentales notamment sur sa conception des prérogatives de l’Etat et surtout sa curiosité pour l’altérité ?

L’opposition est, évidement vent debout, contre cette décision qu’elle qualifie de traîtrise.L’opposition a réagit avec fureur car elle est touchée au coeur. Il est vrai que beaucoup d’anciens tenants du pouvoir (Guy Nzouba Ndama, René Ndémézoo, Louis-Gaston Mayila, Michel Menga, Divungui di Ndingue, Oyé Mba et Moukagni Iwangou, Clemence Mezui), abandonnant sans vergogne, toutes valeurs ont toujours soutenu le PDG même dans ses positions les plus évidement contraire a leurs idées. Les clivages entre la Majorité et l’opposition ne sont pas la réponse aux problèmes des Gabonais, mais au contraire le dépassement de ces divisions qui permettra d’apporter des réponses à leurs inquiétudes. Les Gabonais attendent les responsables politiques sur leur réponse à la crise économique et sanitaire.

Les solutions d’avenir se trouvent dans les choix qu’ils font maintenant et pas en réactivant des vieux réflexes du passé. Jean Eyeghe Ndong a-t-il changé de regard dans sa pratique politique ? Quelle est son ambition aujourd’hui ? Toutefois, une ambition nationale, c’est porter un projet pour les Gabonais le moment venu. Ce n’est pas forcément une candidature à la présidence de la République. Visiblement, Jean Eyeghe Ndong apportera à Ali Bongo Ondimba une aide précieuse et forte en lui évitant des prises de position trop marquée et donc mal comprises car, même s’il n’a plus de troupes il a une voix qui porte.

Aussi, les Gabonais soupirent, ils ont entendu tant de responsables politiques leur expliquer qu’ils étaient heureux à leur place alors qu’ils ne pensaient qu’au poste d’après. Le retour d’Eyeghe Ndong au PDG  n’est qu’une autre forme d’anachronisme, de régression démocratique et une vision du pouvoir qui ne correspond pas aux aspirations du temps. Les Gabonais expriment aujourd’hui un désir de participation et d’écoute.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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