Gabon : Récit d’un des rescapés du naufrage de l’Esther Miracle

« Nous avons embarqué hier mercredi à 18h et avons quitté le quai à 20h. Entre 20h et 1h du matin on entendait déjà des grincements de tôle, des accours entres les colis. Vers 2h l’un des marins nous a dit que le navire prenait de l’eau et qu’il penchait d’un côté. Ils nous ont dit qu’ils tentent de faire demi-tour pour se rapprocher de la côte afin d’accoster au cas où on n’arriverait pas à Libreville. En moins de 30 minutes, le bateau avait complètement tangué sur un côté. Il y a eu panique à bord sans consigne particulière de la part de l’équipage.

Tout le monde s’est retrouvé sur le pont du bateau. Effectivement le navire était vraiment en train de pencher. Malheureusement le bateau a fini par basculer et, entre temps, l’équipage avait jeté à l’eau les canoës de sauvetage. Certains passagers se sont débrouillés à s’accrocher aux canoës de sauvetage et une fois que le bateau a basculé complètement sur un plan, les gens ont sauté à l’eau pour monter dans les différents canoës mais de façon désordonnée. Hors du bateau, on s’entraînait du mieux qu’on pouvait pour essayer de prendre le maximum de personnes. Malheureusement il y a certains canoës qui étaient surchargés. On a pu se détacher du navire et on a dérivé en s’éloignant de celui-ci.

« Toute cette scène s’est passée en moins de 50 minutes »

« On a vu le bateau s’enfoncer progressivement au point qu’il ne restait qu’un bout de la coque. Et je pense qu’il y restait à peine 5 personnes dont le commandant qui sont restés dessus. Nous avons dérivé avec d’autres canaux. Certains malheureusement se sont éventrés du fait de la surcharge. Personne ne voulait rester hors des canaux. Il faut dire qu’il y avait approximativement 40 personnes sur le canoë dans lequel je me trouvais. On s’est donc agrippé les uns aux autres. Ce qui a permis aux personnes les plus vulnérables dont les femmes enceintes, les personnes âgées de se reposer entre les autres.

Dans la nuit, malgré les fusées qu’on tirait, il y avait un chalutier qui ne répondait pas à nos appels. C’est au petit matin vers 7h qu’on a vu le bateau de Peschaud qui est arrivé et a commencé le sauvetage en remontant les passagers. C’était difficile ! Tout le monde était fatigué, tellement exténué par la lutte dans une eau glaciale. On a eu une jeune dame qui est décédée tellement elle était épuisée et n’arrivait pas à s’accrocher à la corde. Le bateau de la marine quant à lui est arrivé plus tard et a récupéré ceux qui s’étaient éloignés. L’équipage de Peschaud nous a fourni des couvertures, des douches, à manger… il y avait des blessés graves qui ont été mis en sécurité jusqu’à l’arrivée des secours. Moi je suis arrivé à 12h sur terre. Mais j’avoue que c’était pénible. Heureusement que les autorités ont pris en charge les personnes vulnérables, ceux qui avaient des malaises. Ils ont été évacués dans les structures sanitaires et autres.

Nous qui sommes là avons vécu un véritable cafouillage. On n’avait personne en face de nous pour nous accompagner sur la suite des événements. On va se constituer en collectif pour voir dans quelle mesure on peut mieux s’organiser pour ne pas subir davantage de dommages de la part de Royal Coast. On avait des femmes merveilleuses qui chantaient et priaient le Seigneur. Ce qui nous a réconfortés. On n’aurait pas pu y arriver sans l’intervention du bon Dieu ».

Crédit: L’union

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