Avec des visages angéliques et de douces petites voix, les enfants de l’Ecole privée panafricaine Belle Porte Académie de Libreville ont fait (re)visiter, au public venu célébrer la Journée internationale de la langue maternelle, le 20 février courant, les expressions courantes dans les langues du Gabon.
Anmbolaning (fang), marambuha (ipunu), massogha (nzèbi), ntchango (omiènè), anmboula-bè (obamba), oyémwin (kota) pour ne citer que celles-ci, sont autant de salutations selon qu’on appartienne à un groupe ethnique ou à un autre, que les jeunes enfants nous ont fait (re)découvrir.
Le public du Musée national des arts et traditions du Gabon a également pu apprécier comment l’on se présente dans certaines ethnies, à travers différentes mises en scènes, agrémentées de chants en langues locales. Chez les fang, par exemple, le locuteur décline son identité (nom et prénom), sa tribu et celle de sa mère, son village, le nom de père, de son grand-père, de l’arrière-grand-père jusqu’à la 10ème génération avant lui. Chez ce même peuple, la résolution des conflits, les débats et les échanges de toutes sortes se font dans le corps-de-garde (aba’a, en fang). Il s’agit d’un hangar ou d’une maisonnette réservée uniquement aux hommes.
A la suite de cette partie ludique avec le plus jeunes, plusieurs experts dans le domaine de la culture ont entretenu le public sur l’état des lieux des langues gabonaises, les méthodes pour intéresser davantage les jeunes générations et sur l’usage de la langue maternelle pour stimuler un intérêt économique.
Il en est ressorti que les jeunes générations parlent de moins en moins leur langue maternelle. Toutefois, des méthodes faciles existent pour les y intéresser a révélé Monsieur Nzigou Nzigou de la fédération nationale des clubs UNESCO du Gabon. Il a notamment suggéré de commencer par l’apprentissage des expressions usuelles telles que les salutations, les parties du corps, les animaux et oiseaux les plus courants.
Plusieurs autres intervenants se sont exprimés sur les opportunités que pouvait engendrer l’usage des langues maternelles. A savoir, un levier de l’économie selon Michel Ndeme Mezui, Président de l’ONG Passerelle ou une possibilité d’autonomisation des femmes, a rajouté Edna Chelsea Babongui, Spécialiste en management des questions genre.
À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque année le 21 février, l’UNESCO réaffirme son engagement en faveur de la diversité linguistique et invite ses États membres à célébrer la journée dans autant de langues que possible afin de rappeler que la diversité linguistique et le multilinguisme sont essentiels pour le développement durable.
« Le thème de l’édition 2021, « Promouvoir le multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société », nous appelle ainsi à soutenir le multilinguisme et l’usage des langues maternelles, à l’école et au quotidien. C’est essentiel, car quand 40 % des habitants du monde n’ont pas accès à un enseignement dans la langue qu’ils parlent ou comprennent le mieux, cela entrave leurs apprentissages, comme leur accès au patrimoine et aux expressions culturelles. Cette année, une attention particulière est d’ailleurs accordée à l’enseignement multilingue dès la petite enfance, pour que leur langue maternelle soit toujours un atout pour les enfants » a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO dans un son message de circonstance délivré au public.
L’initiative de célébrer une Journée internationale de la langue maternelle a été approuvée à la Conférence générale de l’UNESCO en 1999 et est observée dans le monde entier depuis 2000. La présente édition à .Libreville a été co – organisée par les ONG « Osons léguer notre héritage » et « Omanda », en collaboration avec le Ministère de la culture et des Arts et l’UNESCO, avec l’aimable soutien du groupe Bolloré.