Le Professeur Anaclet Bissielo est décédé le lundi 8 mai 2023 à l’âge de 65 ans. Sociologue et professeur à l’Université Omar Bongo (UOB), ancien ministre du Développement, de la Prospective et de la Statistique, ancien député de l’Assemblée nationale, ancien président du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), ce personnage aux multiples facettes a marqué la vie politique du pays.
Anaclet Bissielo était un homme de pouvoir influent et discret. La seule différence avec lui, c’est que son rôle n’avait rien de secret. Il militait pour une presse qui respecte la vérité, ne confond pas le métier de journaliste avec celui de propagandiste ou publiciste, ne supprime pas les informations essentielles et la pratique de l’objectivité et de la responsabilité. « Avec les NTIC, la source de l’information se trouve partout et nulle part. Il devient impossible de contrôler la crédibilité de l’information mise sur la place publique. Donc, il faut repenser le métier de journaliste. Les conditions de collecte, de traitement et de diffusion de l’information ayant évolué. Nous sommes en présence d’une complexité des enjeux et d’une richesse des enjeux. Une reformulation des attentes du public en termes d’aspiration démocratique. D’ailleurs, le public lui-même est une source d’information. Ce qui change beaucoup de choses dans le rôle primordial de la presse dans la compréhension mutuelle. Entre le métier ou la position de l’engagement dans l’exercice du journaliste, il faut choisir car il y a toujours un prix à payer. Les professionnels de la presse ne doivent pas se soustraire à l’exercice du dialogue interculturel qui implique la promotion de la tolérance et du respect de l’autre.» déclarait le Professeur Anaclet Bissielo.
Ses sorties médiatiques faisaient souvent mouche. Anaclet Bissielo avait le sens de la formule, souvent assassine. Une truculence dont il jouait. C’était aussi un homme redouté, capable d’être cassant mais qui par-dessus tout s’activait pour que le Gabon ait un gouvernement réactif et honnête avec l’implication de la société civile ; la mise en place de la décentralisation dans une stratégie bien comprise de richesse inclusive et d’essor économique ; la revalorisation du contrôle parlementaire et du rôle du Conseil Economique et Social dans le suivi des politiques publiques et des objectifs de développement; la modernisation des systèmes statistiques et prise en compte de la dimension environnement dans la mesure du développement qui doit tenir compte à la fois de l’économie, du social et de l’environnement ; la mise en place d’une Stratégie de communication centrée vers les populations autour du nouveau cadre de développement.
Cependant, depuis la crise postélectorale de 2016, Anaclet Bissielo avait rejoint la Coalition pour la Nouvelle République, présidée par Jean Ping. Cela ne l’empêchait pas pour autant de rester actif et son ombre de planer dans la vie politique gabonaise. Il faisait également quelques apparitions lors de cérémonies officielles.
Qu’à cela ne tienne, le Professeur Anaclet Bissielo laissera une trace indélébile dans le cœur de ceux qui l’ont côtoyé, notamment les journalistes gabonais.
