À la surprise générale, l’équipe nationale de la RDC vient de perdre son premier match de qualification contre le Gabon. Avant la confrontation, les magnifiques léopards avaient pourtant tout de leur côté: une préparation irréprochable, un collectif surmotivé, un sélectionneur de classe mondiale et surtout une opinion publique très favorable. Soyons honnêtes: en approchant du prestigieux Stade des Martyrs de l’Ouganda, les Simba étaient comparables à l’armée rouge débarquant sur le sol ukrainien. Tout le monde ou presque était convaincu qu’ils venaient remplir une formalité.
En face, leurs adversaires expérimentaient le calvaire des migrants. Après une mise au vert symbolique, les officiels gabonais ont choisi un avion impropre à la navigation. Quelqu’un a-t-il fait ce choix pour récupérer de l’argent par derrière ? Comment ce taxi poubelle a-t-il obtenu la permission de décoller du sol français ? Que se serait-il passé si l’incident survenu dans les airs s’était produit dans un pays africain ? Par bonheur, le « clando » s’est posé à Barcelone, ensuite les dirigeants gabonais ont sollicité une meilleure embarcation. Hélas la compagnie Air France ne pouvait pas récupérer tout le monde à la fois, il fallait sortir de ce bourbier par vagues. Donc le voyage a commencé comme la traversée du désert libyen, il a terminé comme un sauvetage sur la Méditerranée.
Dix-sept Gabonais sont arrivés à l’aéroport international de Ndjili sans sélectionneur, sans la plupart des titulaires, sans répétition générale, sans reconnaissance du terrain, sans dormir. Ils ont directement pénétré dans l’arène comme des nègres sortis de la jungle tropicale pour divertir les blancs de la métropole. Les insultes fusaient des 54 pays du continent. Même le public gabonais avait tourné le dos à ses propres ambassadeurs, il n’est revenu à de meilleurs sentiments que par pure solidarité patriotique. La mal gouvernance de la Fédération gabonaise de football (FEGAFOOT) et de son ministère de tutelle a donné au Gabon une réputation de misérable. Évidemment personne n’a démissionné.
Sur la pelouse les arbitres attendaient 22 joueurs. Tout le monde a répondu présent à 21h, grâce à la souplesse de la CAF. Les léopards ont logiquement dominé tout le match, mais les descendants du Capitaine Charles Ntchoerere étaient résolus à transformer leur enfer en paradis. Et ils ont réussi. Toutefois l’effet de surprise est terminé. Après le parcours improbable à la CAN 2021 et vu ce premier match de qualification, toute l’Afrique a compris qu’il faut être humble devant ces panthères noires du Gabon. Et pour cause. Hier soir, le but de la victoire a été marqué par un ancien pensionnaire de Bouenguidi FC de Koulamoutou. Les populations de cette contrée-là disent qu’on ne méprise pas le venin du serpent, sous prétexte qu’il se promène avec le ventre au sol. Oui, les médiocrités de la FEGAFOOT et du ministère des Sports nous exposent au ridicule à la face du monde, mais elles n’ont pas encore réussi à nous faire prendre en défaut. Jusqu’à quand?