Gabon: Déclaration commune Union Nationale – Réagir – PRC

Au cours de l’année 2022, plusieurs partis politiques de l’Opposition ont appelé à une concertation sur les questions électorales en vue de l’organisation, cette année, de scrutins apaisés.  A cet effet, deux mémorandums ont été produits et déposés officiellement aux autorités par les partis politiques, la Société civile ayant également produit le sien.

En réponse, le Président de la République, dans son allocution du 31 décembre 2022 a accédé à cette sollicitation et annoncé “l’organisation d’une rencontre pour définir les bases de la préparation de scrutins aux lendemains apaisés”.

Cette rencontre a été officiellement convoquée au Palais présidentiel, le 13 février 2023. Les partis politiques signataires de la présente déclaration avaient salué la démarche entamée et comptaient apporter pleinement leur contribution à la réussite des travaux.

Toutefois, Nous exprimons de vives préoccupations sur les conditions de lancement et d’organisation des travaux en raison des multiples improvisations auxquelles nous assistons depuis quelques jours de la part du Gouvernement, qui est à la manœuvre de manière exclusive.

Nous dénonçons ainsi : 1°) L’absence d’un comité bipartite de préparation des Assises, censé définir le format, un ordre du jour, les modalités de désignation d’un ou plusieurs facilitateurs ainsi que la portée des résolutions issues desdites assises ;  2°) La composition des délégations. Pour ce qui concerne l’Opposition, nous constatons que la liste de ce camp politique est la juxtaposition de 33 formations politiques distinctes.

Certains, parmi ces partis politiques sont représentés au Gouvernement, d’autres affichent leur soutien au Chef de l’État, se réclament du Centre, ou figurent au nombre de la trentaine de partis politiques légalisés par le Ministre de l’Intérieur il y a quelques semaines seulement. Nous comprenons désormais pourquoi. Plusieurs parmi ces partis ont disparu du paysage politique depuis plus d’une décennie, quand d’autres n’ont jamais participé à une élection ou à un simple débat politique. Ils n’ont jamais tenu de congrès et nul ne peut dire où se trouvent leurs sièges. Comme dans le cas du CGE, cette liste a été composée par le Ministre de l’Intérieur, par ailleurs membre de la délégation de la Majorité et donc, juge et partie, en violation de son obligation de neutralité dans un tel contexte. Cette liste n’est pas représentative au regard des enjeux et de l’objet principal de la concertation, qui est la question électorale. Ainsi, autant le critère de la représentation  parlementaire est important, autant il aurait été judicieux de privilégier, en termes de représentativité, non seulement, les partis politiques qui ont demandé cette concertation mais aussi et surtout ceux qui ont travaillé sur la question, démontrant ainsi une expertise avérée, d’autant que les discussions porteront sur les travaux réalisés par ces derniers.  Malheureusement, nous assistons à l’organisation d’une foire politique.  Pour ce qui concerne la Majorité, nous sommes surpris par la composition de sa délégation, qui renferme, entre autres, le Ministre de l’Intérieur ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement. Seule manque à l’appel, dans ce camp, Mme la Présidente de la Cour Constitutionnelle. Ce qui dénote de l’existence d’un agenda caché. 3°) Le malaise né de la mise en place du Bureau du CGE. Le CGE étant le maitre d’oeuvre de l’organisation des élections, peut-on envisager des élections aux lendemains apaisés au regard des conditions fortement contestables de la désignation des membres de cet organe ? Le passage en force opéré par le Ministre de l’Intérieur sur cette question est révélateur de l’état d’esprit du Pouvoir. 4°) Le lieu de la Concertation Il est inadmissible qu’une rencontre de cette importance se tienne dans l’enceinte du Ministère de la Défense nationale, à moins de 100 mètres du Centre d’écoutes de la Présidence, le SILAM. Ceci n’est pas de nature à rassurer. La nécessité d’une concertation politique, limitée aux questions électorales et permettant d’organiser à date les prochaines élections en toute transparence ne fait aucun doute. Nous y sommes attachés et n’entendons ménager aucun effort pour y parvenir. Pour l’heure, nous en sommes bien loin. Avec gravité, nous invitons les organisateurs de cette concertation à prendre la mesure de la situation et à se hisser au niveau des enjeux. Nous désapprouvons l’introduction malicieuse des questions institutionnelles qui interpellent l’ensemble du corps social et qui n’avaient pas été demandées par l’Opposition. Si les organisateurs de la concertation maintiennent leur volonté d’introduire les questions institutionnelles à l’agenda des discussions, il est alors impératif d’élargir le format aux autres   composantes de la société gabonaise, donc à l’ensemble du Corps social, notamment la société civile et les confessions religieuses. Nous ne saurions accepter d’être instrumentalisés pour légitimer des choix qui visent d’autres objectifs que des scrutins aux lendemains apaisés. Le seul objectif de cette concertation est et doit rester la recherche de la transparence électorale, gage de lendemains électoraux apaisés. Notre participation à la concertation ne présentera aucun intérêt pour notre pays si ses organisateurs ne se donnent pas les moyens de recentrer leur démarche dans l’intérêt du Gabon et du Gabon seul. Nous pensons qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et que pour le moment, plutôt que nous éloigner de l’objectif comme c’est le cas, nous devrions nous donner les moyens de revenir à l’essentiel. L’intérêt national le commande.

Nous vous remercions

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *