La session criminelle spécialisée sur l’Affaire Patrichi Tanasa, Ayong Kondje Obame, Ndemegane Ekoh Geaurges, poursuivis pour détournements de fonds publics, complicité de détournement de fonds publics et Blanchiment de capitaux a livré son verdict le mercredi 20 juillet 2022. Le principal accusé Patrichi Tanasa est condamné à 12 ans de réclusion criminelle et 76 millions de francs CFA d’amende. Mais la cour en donnant ce verdict ne s’est-elle pas précipitée ?
L’ancien administrateur directeur général Gabon Oil Company (GOC), la compagnie nationale des hydrocarbures, Christian Patrichi Tanasa Mbadinga a été reconnu coupable du crime de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux avec des « circonstances atténuantes ». Il écope d’une peine de 12 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 76 millions de francs CFA. Quant à son adjoint Jérémie Ayong Nkodjé Obame, reconnu coupable de complicité, est condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Ndemegane Ekoh Geaurges, la trésorière sort du tribunal sans sanctions pénales ou pécuniaires.
Des sanctions faibles ou lourdes ? L’avis de chacun diffère sur le verdict de ce procès au regard des montants mobilisés par les accusés. Des sommes colossales qui se chiffrent en milliard de francs CFA.
La justice a-t-elle trop vite rendu son verdict sur cette affaire ? 9 des 10 témoins convoqués ont brillé par leur absence au procès. Ils ont tout simplement décidé de narguer la Cour. Leur témoignage aurait été une source d’informations supplémentaires sur le déroulement de ces mouvements financiers.
A la barre, Christian Patrichi Tanasa Mbadinga a également cité des noms de personnalités et d’organisations agissant dans le pays. Il s’agit de Jesy Ella Ekogha, l’actuel Porte-Parole de la Présidence de la République et de son prédécesseur Ike Ngouoni Aila Oyouomi, Arnaud Calixte ENGANDJI ALANDJI ex DG de la GOC, Brice Laccruche Alliangha, Noureddin Bongo Ondimba, Noel Mboumba, Karim Nziengui, Daryl Danyel Ekorezock.
Du côté des organisations, il a mentionné la FEGAFOOT, la Fondation Sylvia Bongo, la Tropicale Amissa Bongo, les associations Engong Forever, Antô winners et plusieurs autres associations qui ont également reçu des aides ou subventions, soit plus de 2 milliards de francs CFA dépensés selon les déclarations de Christian Patrichi Tanasa Mbadinga. Les noms cités sont pour la plupart proches du pouvoir exécutif, sont en fonction ou ont déjà occupé des responsabilités et des entités connues.
La suspension de la procédure pour leur convocation et leur audition semblait donc une évidence dans ce cas de figure afin d’apporter des éclaircissements sur leur éventuelle implication. Pourtant, la cour a rendu son verdict en laissant planer des interrogations qui entretiennent le flou dans l’opinion au moment le gouvernement ne cesse de marteler son ambition d’assainir ses comptes en améliorant ses dépenses.