Gabon/Affaire Bilie By Nzé : Et si le pouvoir l’avait choisi pour faire le jeu ?

Au Gabon, les évènements se déroulent à la vitesse grand V. Il peut arriver qu’un membre du gouvernement, cadre du PDG parti au pouvoir, se retrouve leader de l’opposition le soir venue, ou encore que des anciennes figurent de l’opposition se retrouvent membre du gouvernement. Cela ne devrait surprendre personne, il suffit de vous rappeler du boycott fait par Paul Mba Abessole lors de l’élection présidentielle de 1993, alors qu’il arrivait en tête face à Omar Bongo Ondimba que la France avait pourtant choisi d’être président à vie.

Cette histoire peut confirmer une fois de plus que Mba Abessole avait été choisi par le pouvoir d’Albert Bernard Bongo à l’époque pour faire une large ouverture démocratique au Gabon à travers la conférence nationale de 1990, et dont les préparatifs se déroulaient chez Jean-Baptiste Obiang Etoughe à Adzébé Sibang. Nous sommes là dans le sixième arrondissement de la commune de Libreville, les politiciens en parlent. Alors que le prêtre Paul Mba Abessole se trouvait en France, André Mba Obame et Alain Bongo étaient chargés de le convaincre de rentrer au pays pour certainement faire le jeu du pouvoir.

Ce petit rappel de l’histoire politique du Gabon, va nous conduire à  Bruxelles en Belgique où Alain-Claude Bilie By Nzé a été chahuté en pleine conférence par deux activistes qui revenaient de France. A la question de savoir et si Bilie By Nzé faisait le jeu du pouvoir ? En répondant par la négative, cela voudrait dire que le pouvoir peut faire de lui un pion pour semer la zizanie dans le camp de l’opposition, rien ne devrait surprendre.

A bien y regarder, et vue qu’il n’y a pas un poids lourd du côté de l’opposition pour rendre l’élection présidentielle de 2023 crédible, c’est ainsi qu’il aurait été choisi par le pouvoir en place pour faire l’affaire. Le sait-il ? Personne ne peut l’affirmer, seul le camp du pouvoir a les manettes en main.  Ce qui est sûr, lui-même connaît ceux qui sont derrière ça. « Je ne dirais pas qui, ils ont été envoyés par des gens qui sont avec moi, et du même parti que moi, dans le même camp politique que moi » avait déclaré Alain-Claude Bilie By Nzé à la radio Urban FM.

Aussi, la pression sera forte. Zacharie Myboto en sait quelque chose lorsqu’il avait été poussé à la porte du PDG. On s’en souvient encore comme si c’était hier, des jeunes arboraient des tee-shirts au niveau de sa résidence de l’ancienne Sobraga de l’époque et on pouvait lire « Myboto dégage du gouvernement ». Le jeudi 11 janvier 2001, Zacharie Myboto va démissionner du gouvernement quatre ans après, c’est-à-dire en 2005, il va mettre sur pied sa formation politique à savoir l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD). Quatre ans (2009) après, l’UGDD va rejoindre l’Union Nationale (UN) jusqu’à présent.

Pour revenir au cas Bilie By Nzé, il va très certainement démissionner au regard de la pression et des émissaires qu’il va recevoir. Ces derniers vont le convaincre de démissionner, et le tour est joué. Il va certainement rejoindre un parti politique de l’opposition modéré, pourquoi pas celui de Michel Menga M’essone où d’Alexandre Barro Chambrier. Ce qui est sûr l’option de Michel Menga M’Essone est la bonne, il compte le virer du gouvernement mais  le problème est de trouver un motif. On dira à Menga qu’il est avec un transfuge du PDG, mais qu’au lieu de se tenir tranquille il a pris Alain-Claude dans son parti alors qu’il connaît le problème que ce dernier a avec Ali : celui de lui avoir tenu tête. Au final, Alain-Claude sera candidat à l’élection présidentielle de 2023.

L’élection présidentielle terminée, Alain-Claude va reconnaître la victoire d’Ali Bongo Ondimba avant de faire un appel au calme suite au débordement qui sera enregistré à Libreville et dans les chefs lieu des provinces, le même schéma que Bruno Ben Moubamba avait emprunté en 2016 pour se retrouver Vice-premier ministre, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement. Et Bilie By Nzé dans le gouvernement de large ouverture pourra être Premier ministre ou président d’une institution. La page sera alors tournée place au travail. Le Gabon fonctionne ainsi comme on le dit au quartier.

Paul Essonne

Journaliste

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