Le bilan des zones économiques spéciales (ZES) de Nkok dans la province de l’Estuaire et d’Ikolo dans la province du Moyen-Ogooué est mitigé. La fiscalité attractive sur ces zones incite effectivement les investissements directs étrangers, mais offre au Gabon peu de perspectives de croissance.
Dans un contexte de faible capacité institutionnelle et de volatilité, la mise en œuvre d’un programme de 5 autres ZES dans le reste du Gabon est d’autant plus difficile. Les risques inhérents à la poursuite de l’approche ZES en se basant sur des considérations politiques plutôt qu’économiques, sont plus courants dans les situations de fragilité, où les responsables subissent des pressions énormes pour obtenir des résultats rapides.
En effet, les autorités ont concentré les investissements étrangers et les activités de transformation dans les zones économiques spéciales (ZES) de Nkok et d’Ikolo : cette déconnexion structurelle et géographique entre les activités domestiques ordinaires d’un côté, et celles reposant sur la technologie importée et les entreprises étrangères de l’autre, a entravé la diffusion technologique. Ce choix délibéré de 5 autres ZES réduira les retombées potentielles et les gains de croissance provenant des activités d’assemblage et étrangères.
Au Gabon, l’amélioration apparente des exportations pourrait n’être qu’un mirage statistique dans la mesure où elle provient uniquement des progrès des entreprises étrangères ou de la qualité des composants assemblés, sans qu’ils initient ou signalent une montée en gamme des entreprises nationales. En outre, dans ce contexte, les externalités et les bénéfices qui en sont attendus en termes de croissance semblent amoindris.
Par ailleurs, le risque qui en résulte, celui de décevoir les attentes suscitées par les ZES au sein de la population et de miner la confiance des investisseurs, est souvent négligé. Ainsi, les ZES doivent s’appuyer sur un niveau minimum de capacités nationales, car le processus de conception et de mise en œuvre des politiques relatives aux ZES est long et difficile. De plus, il est recommandé de prendre des précautions quant au risque accru de voir les ZES tomber entre les mains d’intérêts catégoriels.
Il serait judicieux de mettre en place un dialogue de politique économique entre le gouvernement, le secteur privé et les partenaires au développement et ce, dès les phases initiales, afin d’éviter certains écueils.