Glen est un jeune, qui comme d’autres jeunes au Gabon avant lui, ne pourra plus jamais accomplir sa vie. Celle-ci s’est arrêtée le vendredi 21 juillet 2023 par une balle qui lui a été tiré dans la poitrine par un de ces quidams qui ne sait même pas pourquoi il existe.
Glen avait certainement de grands rêves et nourrissait de grandes ambitions. Il caressait assurément le désir de faire des choses hors du commun, il voulait comme certains se lancer à la conquête du monde. Mais, le tort de Glen est d’être né dans un pays, qui a pour orgueil et fierté, d’être décrit dans les journaux ou médias du monde comme le pays le plus riche d’Afrique avec les dirigeants les plus bêtes. Éric Zemmour au plus fort de la gestion catastrophique de la Covid-19 en France avait dit sur une chaîne câblée française: « La France ce n’est pas le Gabon ». Ça ne leur avait rien fait …aucune réaction. Ils n’avaient peut-être même pas compris, ni mesurés la gravité de l’insulte. (On ferme la parenthèse). C’est un pays qui compte une population d’à peine 2 millions d’habitants, qui a la quasi-totalité des richesses enviables, mais dont la population est l’une des plus pauvres du continent.
Les Glen se comptent par centaine de mille, ils dépassent le million, ils sont diplômés au chômage, ils sont travailleurs dans le secteur privé, ils sont fonctionnaires et plus que jamais entrepreneurs malgré eux, tellement la courbe du chômage n’a cessé de grimper douchant ainsi l’espérance que certains pouvaient nourrir d’un lendemain meilleur. Ils sont dans les villages, broyant du noir, pensant au sort de leur progéniture et privés de jouir de leurs plantations devenus les cantines des pachydermes qu’ils doivent observer détruire sans rien faire et ne rien dire. Leur vie ne compte pas. En comparaison, l’animal est plus important.
Les Glens sont partout au Gabon, ils sont muselés par les autorités exécutives, administratives, judiciaires et militaires à la horde d’un chef sans foi ni loi, un chef sans cœur et sans pitié.
Le Gabon d’aujourd’hui fait pâle visage, il fait honte. Il n’y a pas un jour qui passe sans qu’on ne nous serve l’humiliation. Il y a de ces aberrations, des ces incongruités, ces décisions incompréhensibles d’un autre âge (oui d’un âge des ténèbres) qui nous sont concoctées.
Apparemment, il fait bon d’être étranger au Gabon, il est mieux d’être étranger au Gabon, qu’être autochtone de ce pays dans ce pays. C’est semble-t-il la ligne de conduite à suivre. C’est vraisemblablement ce qui explique cette immigration incontrôlée. Il est interdit au gabonais au Gabon de faire fortune, il lui est interdit d’investir ici, il lui est interdit de construire son pays, il lui est interdit d’exiger une bonne éducation de ses gouvernants, il lui est interdit de vivre dans un environnement décent, il lui est interdit d’avoir accès à une vie appréciable, il lui est interdit d’avoir un salaire qui lui permette de subvenir à ses besoins, de pouvoir voyager, bien scolariser ses enfants, leur donner l’éducation qu’il faut, les soigner, et leur faire goûter aux voyages pour leur ouverture au monde, il lui est interdit de rêver comme un être humain normal, à la limite il peut rêver comme un chien, mais il lui est refusé tout ce qui est nécessaire à la vie, tout ce qu’il faut pour vivre. Comment encore lui refuser la révolte ?
Comment parvenir à expliquer qu’ici où il y a tout, tout manque, au point que c’est un autre qui venu d’ailleurs, où il n’y a pas grand chose, qui nous donne à nous qui avons tout ?
Comment expliquer que celui qui ne devait pas mendier, mendie et que celui qui doit mendier, prête? Est-ce une volonté politique ? Oui !
Comment expliquer la déchéance de son propre peuple à qui on arrache tout, vole tout, pille tout ?
On ne se gêne même plus, face à la pauvreté des autochtones de créer des milliardaires venus d’ailleurs à qui on offre toutes les riches nationales. Ils sont venus avec un seul vêtement quand ils ont pu échapper à la furie de la mer et retournent chez eux nababs. Ils ne manquent pas de nous cracher au visage au passage en retournant chez eux, nous, peuple sans défense, mais qui n’avons que le ciel pour implorer.
Quid de la création des champions nationaux dans les programmes d’entrepreneurs du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), mythe ou réalité ? Ils sont où ? De qui se moque-t-on ?
Qu’avons-nous fait pour mériter ça, peuple estimé par Dieu Lui-même, qui nous a tout donné et méprisé par ces satanistes de la pure espèce ? Qui par dessus tout nous tuent sans remord, s’il nous arrive l’outrecuidance de tenter de nous révolter.
La balle qui a frappé la poitrine de Glen au point de l’emporter n’est pas le problème. Le problème est la personne qui a donné l’ordre de tuer Glen et celle qui l’a exécutée. Cette personne ne voulait pas entendre ses cris, ses revendications les plus légitimes, devenues trop nombreuses, elle ne voulait pas négocier avec lui. Pour cette personne Glen ne méritait pas de réclamer quoi que ce soit dans son propre pays, la terre de ses ancêtres. Il ne mérite rien d’ailleurs, même pas ce pays. La personne qui a donné l’ordre d’abattre Glen l’a vu comme un danger à sa propre survie alors que Glen n’avait jamais tué personne. Glen ne faisait qu’énumérer les folies de sa cité: la mal gouvernance, les pollutions de son environnement et les conditions de vie exécrable. Il ne faisait qu’interpeller ces soi-disant « gouvernants » qui ont fait de l’environnement leur business. Quelle moquerie ! Glen ressemble à ces deux jeunes gabonais qui sont morts, abattus systématiquement lors du concert des casseroles parce qu’eux aussi tiraient la sonnette d’alarme contre une société qui va à la dérive. Il en faudra tuer combien pour que les plaintes cessent ? Il en faudra tuer combien pour exiger le silence des Glens de plus en plus nombreux ?
Nous comprenons que ces balles sont des balles de dissuasion, elles sont tirées pour tenter d’empêcher le réveil et la volonté d’un peuple d’exiger mieux à la pitrerie, à la mesquinerie et à la roublardise. Ces balles-souffrances, sont la preuve que l’égoïsme ne veut pas s’arrêter, que le mal continuera dans sa folie furieuse qui inexorablement l’emportera lui-même.
Ces balles retentissent pour exiger encore l’endormissement, l’abaissement d’un peuple déjà trop bas. Elles sifflent pour demander le retour à la norme qui n’est plus normale depuis longtemps. De plus en plus de Glens endormis sortent de leur sommeil de souffrance.
Vos peurs sont réelles et vos craintes sont justifiées, parce que les Glens sont plus nombreux, ils ne font que grossir. Ils sont plus forts et ils sont plus endurants. Ça fait quand-même 55 ans qu’ils vous supportent.
Ces balles traduisent vos inquiétudes de tout perdre, demain n’est pas si sûr pour vous. Elles ne sont que le symbole de vos égoïsmes, de votre mépris et de votre indifférence qui vont vous être renvoyés en plein visage.
Aux « maîtres » d’une société qui offrent l’humiliation et la mort pour issue de secours face aux interpellations légitimes d’une jeunesse qui ne veut plus se laisser berner, car étant le parent pauvre de toutes le politiques publiques, la mort n’est pour nous qu’un gain, une adrénaline de plus.
Pour la dignité, la vérité, la justice et pour un Gabon meilleur, je suis Glen Patrick Moundendé et je ne me tairai pas, je vous ai montré la voie.
J’ai écrit, Jean-Arsène HOULA-HOULA