Il travaille également sur les politiques de Financement de l’Economie Verte en Afrique Centrale et, traite le cas du Gabon en particulier.
Cet Entretien porte sur le rôle crucial de l’Agence Gabonaise pour le Développement de l’Economie Verte.
Quel est votre avis sur la nouvelle agence dédiée au développement de l’économie verte dans notre pays ?
Je tiens tout d’abord à remercier votre Média (7 jours Info) pour l’occasion que vous me donner à m’exprimer sur le rôle de la nouvelle agence pour le développement de l’économie verte au Gabon. Je ne peux m’y avancer sans pourtant féliciter les autorités de la transition pour cette idée ingénieuse qui ont mis en place cet instrument institutionnel qui va sans doute mener des réflexions sur les politiques juridiques, managériales, règlementaires, économiques et financières pour le développement de l’économie verte dans notre pays. Et je pense que nous auront besoins d’un directoire qui a de la bouteille pour la gestion optimale de cette nouvelle agence.
On parle beaucoup d’économie verte depuis la Conférence de Rio+20, pouvez vous nous donner quelques
explications sur ce concept ?
Avant d’expliquer le concept de l’économie verte, il est important de rappeler les raisons de son émergence. Premièrement, c’est la déception généralisée du modèle économique classique ou actuel dans lequel la création de richesse matérielle ne s’accompagne pas d’une réduction des risques écologiques et sociaux. Selon le PNUE (2011), malgré des décennies de croissance économique très élevés, le modèle économique actuel n’a pas réussi à mettre fin aux distorsions sociales et à l’épuisement des ressources naturelles. Cette économie s’appuie sur des énergies fossiles provoquant de forts taux de gaz à effet de serre et l’augmentation de ces émissions polluantes engendrent des craintes croissantes d’emballement du changement climatique avec des conséquences dramatiques sur la santé des populations.
Deuxièmement, l’avènement des grandes crises mondiales qui a mis à nu la vulnérabilité des modèles économiques actuels. On a assisté à plusieurs crises qui ont surgi de manière simultanée au cours des décennies passées (changement climatique, dégradation de la biodiversité, déficit énergétique, insécurité alimentaire etc.).
Aujourd’hui, l’économie verte est au cœur des réflexions et analyses menées autour des politiques appropriées évoluant vers l’écodéveloppement ou le développement durable. C’est un concept assez nouveau qui suscite beaucoup d’intérêts que de controverses. D’ou l’importance d’évaluer sa portée pour l’Afrique en général et particulièrement pour le Gabon. Toutefois, il est important de ne pas limiter l’économie verte au seul domaine de l’environnement. Ce concept doit plutôt prendre en compte des notions du développement durable par l’ensemble des secteurs économiques. L’expression « économie verte » apparaît pour la première fois dans un rapport intitulé « Blueprint for a Green Economy » adressé au gouvernement du Royaume Uni par un groupe d’économistes environnementalistes (Pearce, Markandya and Barbier, 1989). Ce rapport avait été initié afin d’émettre un avis sur l’existence ou non d’une définition consensuelle du terme développement durable. Mais il ne comportait pas, à part son titre.
Ce n’est qu’entre les années 1991 et 1994 que les auteurs ont apporté des précisions supplémentaires sur ce concept dans un nouveau rapport intitulé « Blueprint : Greening the world economy and Blueprint : Measuring Sustainable Development». Alors que l’idée contenue dans le premier rapport est que l’économie peut et doit être au service des politiques environnementales, le second étend ce message aux préoccupations mondiales (changements climatiques, dégradation de la couche d’ozone, déforestation, etc.).
Le concept connaît un regain de vitalité en 2008, à la faveur des discussions sur les réponses à apporter aux diverses crises mondiales. Dans l’élaboration des plans de relance économique post-choc 2008, les États-Unis et la Corée du Sud sont les premiers pays à inscrire leurs plans économiques dans la perspective de la « croissance verte » (OIF, 2012). Courant 2008, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) propose un « green stimulus packages» identifiant les secteurs clés où l’investissement public pourrait être un levier pour l’économie verte (Atkisson, 2012). Ces développements ont inspiré nombre de gouvernements déterminés à déployer des outils appropriés pour la promotion de l’économie verte. En Octobre 2008, le PNUE lance l’Initiative pour l’économie verte dans l’optique d’un décryptage des politiques et des supports du verdissement. Il commet à cet effet l’un des auteurs de « Blueprint for a Green Economy» pour élaborer un rapport intitulé « Global Green New Deal (GGND) ».
Ce rapport délivré en avril 2009 propose diverses actions qui doivent être menées pour promouvoir l’économie verte (relance économique, lutte contre la pauvreté, réduction Diverses instances internationales prennent position pour l’économie verte entre les 2009 et 2012. En juin 2009, à l’occasion de la conférence de Copenhague, la CNUCC considère que l’économie verte est la meilleure réponse aux crises mondiales. En février 2010, les Ministres en charge de l’environnement et les membres de la Délégation du PNUE déclarent lors du Forum mondial sur l’environnement, que l’économie verte peut apporter des réponses significatives aux défis de l’heure et ouvrir de nombreuses opportunités pour les générations futures. Cette déclaration reconnait également le rôle important à jouer par le PNUE dans la définition et la promotion de l’économie verte. La Résolution 64/236 de l’Assemblée générale de l’ONU adoptée en mars 2010 prévoit que l’économie verte dans le contexte du développement durable sera l’un des thèmes spécifiques de Rio +20 (UN Division for Sustainable Development, Août 2012). A la lumière de cette évolution, plusieurs définitions de l’économie verte ont été proposées.
Il n’y a pas une définition consensuelle de l’économie verte, car Jusqu’ici, on parlait de politiques respectueuses de l’environnement pour désigner les mesures qui encouragent la croissance et le développement tout en préservant l’environnement, la biodiversité et les ressources naturelles. L’économie verte va au- delà de ces concepts. Il s’agit de tirer parti de l’environnement comme source de l’économie future, de la fabrication de panneaux photovoltaïque à la rénovation énergétique des bâtiments, en passant par le développement des services, de réseaux de compétence spécifique.(OCDE,2010). Pour le World Ressources Institute (WRI, 2010), l’économie verte peut être perçue comme une vision alternative et du développement qui peut générer de la croissance et améliorer les vies des populations tout en respectant le développement durable. Elle promeut trois facteurs : une économie durable et avancée et un bien-être environnemental et social.
En nous appuyant sur ces différentes définitions, on se rend compte que l’économie verte a un lien étroit avec le développement des pays Africains en général et du Gabon en particulier du fait de son potentiel en énergies fossiles et en énergies renouvelables sans omettre le massif forestier qui place les pays de l’Afrique Centrale au deuxième rang mondial après le massif Amazonien.
Pour la CEEAC (2012), l’économie verte recouvre l’ensemble des activités économiques traditionnelles et modernes liées directement ou indirectement à l’exploitation du potentiel économique des ressources naturelles (eau, roche, sol, biodiversité, vent, soleil, etc.) et des déchets en lien avec la protection de l’environnement pour assurer : (i) un développement économique des Etats ; (ii) un développement durable des entreprises ; (iii) une amélioration des conditions de vie des populations ;(iv) une création durable d’emplois ; (v) une gestion durable de l’environnement sans production de CO2 (vii) une valorisation des savoir-faire traditionnels et (viii) un partage équitable des ressources.
Pour le docteur TABOUNA Honoré (2012), l’économie verte est un outil d’intégration sous-régionale pour la valorisation socio- économique, écologique et culturelle des ressources naturelles de l’Afrique Centrale. De surcroit, travers la création d‘emplois dans les nouveaux secteurs (green), elle vise une répartition plus équitable des retombées positives de la croissance, et ce, afin d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres d’où la nécessité de voir les recherches précédentes qui ont été menées par les auteurs sur l’apport de l’économie verte sur le développement socio-économique.
D’après vous, que doit faire l’AGDEV pour promouvoir l’économie verte dans notre pays?
Notre pays vit un paradoxe, riche en ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, mais très pauvre sur le plan socio- économique. Notre pays d’un riche potentiel en ressources naturelles renouvelables et non renouvelables. Il faut noter que le pays a pris conscience de la nécessité d’une gestion durable des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo et, ceci s’est nettement accéléré avec le sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992. Le défi a été principalement d’appliquer le concept de développement durable à la forêt avec l’objectif de concilier l’exploitation économique de la forêt pour assurer le développement socio-économique et la préservation du patrimoine écologique.
C’est pourquoi pour mobiliser les fonds bilatéraux et multilatéraux, le Gabon doit assainir son cadre politique, juridique et financier afin d’attirer les investissements verts. Le Gabon est fortement engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique et de la conservation de son écosystème. plusieurs initiatives ont été engagées dans ce sens. Il s’agit entre autres de la :
Création du Conseil National des parcs Nationaux en 2002;Création du Conseil National Climat en 2010 ; Publication du Plan national climat en 2013 ;Promulgation de la loi d’orientation sur le développement durable en 2014 ;Lancement de l’Agence nationale d’études et d’observation spatiales (AGEOS) en 2015 ;Élaboration de la contribution nationale du Gabon à la lutte contre les changements climatiques en 2015 ;Publication de la situation des terres affectées au Gabon via le plan d’affectation des terres en 2015.
A cet effet, L’agence Gabonaise pour le développement de l’économie verte doit déjà faire un état de lieux (voir ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait) dans toutes ces structures qui ont été crées. En d’autres termes, elle doit faire une analyse socioéconomique et financière des politiques publiques pour prendre les bonnes décisions. Pour cela, elle doit réunir toutes les parties prenantes (Banques, sociétés d’assurance, société civiles, secteur public et privé, universitaires) etc, pour mener à bien les discussions sur les politiques à mettre en place au Gabon dans ce secteur.
Aujourd’hui, notre pays rencontre des difficultés financières .On a vu les deux grands partenaires au développement suspendre les financements à notre pays pour non paiement des arriérés. L’agence aura un grand rôle à jouer en termes de produits financiers à mettre en place pour renflouer les caisses de l’état. Le potentiel de notre pays sur ses ressources naturelles et renouvelables n’est plus à démontré, notamment sur sa gestion durable de son écosystème. On doit dorénavant réfléchir sur comment créer les emplois responsables tout en promouvant les instruments incitatifs pour le développement de l’économie verte dans notre pays.
Vous dites que l’agence Gabonaise pour le Développement de l’économie verte, doit promouvoir les politiques pour encourager le secteur privé à investir massivement dans les métiers liés à l’économie verte, quels sont les secteurs que l’agence doit promouvoir et, quelles politiques mettre en place pour attirer les
investisseurs dans ce secteur ?
Vous me posez une question pertinente. Il faut d’abord savoir qu’aucun secteur lié à l’économie ne peut se développer si en amont, on ne revoit pas notre cadre juridique, institutionnel, managérial, économique, politique et financier. D’ailleurs, dans tous secteurs économiques dans un pays qui se veut sérieux, c’est un préambule important. Tout investisseur veut s’assurer de la sécurisé de son investissement et bien sur d’un rendement ou d’un retour sur investissement. Tout investisseur veut investir dans un pays stable ou le risque pays est minime.
Tout investisseur veut comparer les outils économiques clairs qui lui sont présentés avant de se lancer dans un pays (taxes carbones, réglementation environnementale etc.). On peut utiliser :
Les écotaxes: l’idée générale est de rendre la pollution coûteuse pour le pollueur en lui faisant payer une taxe dont le montant a une relation avec la pollution qu’il émet. La base imposable de la taxe peut varier. Soit la taxe peut porter directement sur la pollution émise, ce que l’on appelle :« la taxe sur émission » (par exemple : les redevances sur les eaux polluées payées par les industriels aux Agences de l’eau en France. Dans le cas ou la mesure de l’émission du pollueur est difficile, elle peut porter sur un intrant de production du pollueur qui a un lien avec la pollution aval (par exemple : une taxe sur le produits phytosanitaire agricole, le différentiel de taxe en faveur des carburants sans plomb).
Les subventions : leur assiette peut directement être la dépollution, c’est-à-dire qu’un pollueur reçoit une subvention unitaire par unité de pollution en deçà d’un niveau de pollution de référence (par exemple : les permis d’épuration distribuées par les Agences de l’eau aux municipalités au prorata de l’épuration effectuée par les centrales d’épuration des eaux usées urbaines).La subvention à la dépollution a une logique d’incitation identique à celle de la taxe sur les émissions.
Le système de consigne : consiste à imposer une taxe sur un produit potentiellement polluant. La taxe est remboursée lorsque la pollution est évitée par le retour du produit après son utilisation (par exemple :les systèmes de consigne des bouteilles en verre).
Les règles juridiques de responsabilité : leur principe est d’obliger les pollueurs ou les responsables du dommage environnemental de compenser financièrement les victimes à hauteur du dommage subi. En théorie, cela signifie que lorsque vous entreprenez une activité risquée (par exemple : faire du transport pétrolier), vous prenez en compte tous les dommages potentiels de cette activité quant il s’agira de définir la façon dont vous avez exercé. Le point qui suit abordera sur les outils utilisés en sciences de gestion.
Tout investisseur veut s’assurer de la fiabilité du système bancaire et financier du pays, le partenariat public-privé dans le financement de l’économie verte car, nous savons que l’investissement public reste encore minime dans ce secteur. Si nous prenons la Formation brute de capital fixe au Gabon entre 2008 et 2012 en pourcentage du PIB.on constate pour le secteur public (4,6 en 2008 ; 6 en 2009 ; 9,2 en 2010 ; 10,7 en 2011 et 9,5a en 2012). Par contre, le secteur privé (17,0 en 2008 ; 21 en 2009 ; 18,0 en 2010 ; 16,3 en 2011 et 17,0 en 2012).
Tous ces éléments doivent être résolus par l’agence pour le développement de l’économie verte. En d’autres termes, l’agence doit mettre une charte d’investissement pour l’économie verte au Gabon sur leur site afin que tout opérateur économique puisse avoir toutes les informations sur la réglementation du secteur de l’économie verte au Gabon.
En ce qui concerne les secteurs liés à l’économie verte que l’agence doit promouvoir ,je peux citer trois ou quatre secteurs que je pense primordial pour résoudre le problème du chômage dans notre pays.
Le secteur de l’Agriculture. Il faut d’abord signaler que dans le domaine agricole, l’économie verte privilégie les pratiques et les technologies qui favorisent la diversité biologique, réduisent les externalités négatives, permettent de maintenir la qualité des sols, limitent l’utilisation de pesticides et d’herbicides chimiques et diminuent le gaspillage des denrées alimentaires. En d’autres termes, elle entraîne la révision du modèle agricole industriel et tend à favoriser l’agriculture biologique.
En effet, le Gabon est l’un des rares pays au monde avec une superficie importante de terres arables disponibles. Avec une pluviométrie oscillant entre 1800 et 4000 mm d’eau par an, le Gabon dispose de conditions agricoles très favorables, dans un contexte mondial marqué par la raréfaction des terres arables disponibles et par une demande alimentaire en croissance continue. Le potentiel agricole du pays est estimé à 4 millions d’hectares de terres arables, dont 1 million présente un caractère exploitable et non dommageable à la forêt. Avec une économie principalement orientée vers la rente pétrolière depuis les années 1960, ce secteur n’a suscité jusqu’à récemment un faible intérêt.
L’Agriculture ne couvre ainsi que 4,7% du PIB pour la période de 2005 à 2010 et, n’occupait qu’un cinquième (1/5) de la population du Gabon. Le pays a connu un important exode rural avec plus 80% de sa population concentrée dans les villes.
Mais avec le pilier Gabon vert du plan stratégique Gabon Emergent, le Gabon s’est résolument engagé entre 2011-2025 à faires de l’Agriculture un secteur dynamique clé pour la diversification et la transformation de son économie. L’objectif majeur est de favoriser à l’horizon 2023 les centres de filières agricoles afin de réduire substantiellement les importations alimentaires qui s’élèvent à 300 milliards de FCFA par/an. De rétablir une autosuffisance alimentaire en produits vivriers, halieutiques et d’élevage et devenir un exportateur de produits nets des produits agro-industriels tout en respectant les modes de l’Agriculture durable.
Le sous-secteur de l’élevage. Le secteur de l’élevage n’est guère mieux loti et, reste le maillon faible caractérisé par un niveau très faible d’autosuffisance et une dépendance d’importations en forte croissance. Les productions sont focalisées sur les filières d’élevage à cycle court (aviculture, élevage, porcin) avec une ferme d’élevage bovin géré par la SIAT mais ne constituant aujourd’hui qu’une offre de niche dans le marché gabonais).La SMAG dans le secteur de l’élevage (production annuelle de 40 millions d’œufs), apparaît comme la seule grande exploitation dominant son marché, sans cependant atteindre une autosuffisance qui reste toutefois à portée de main. Le potentiel du Gabon dans l’élevage, se situe plutôt dans les filières d’élevage à cycle court. Les filières d’élevage de ruminants sont handicapées par la position du Gabon dans une zone endémique de trypanosomiases.
En 2009, le Gabon a dépensé près de 250 milliards de FCFA en importations alimentaire composées principalement de riz, de viande, de produits laitiers et d’huiles.
Le secteur du tourisme. Il n’est plus sans doute utile de rappeler que l’économie gabonaise est largement basée sur l’exploitation des ressources minières, la fermeture des mines d’uranium, puis la diminution de la production pétrolière ont conduit le gouvernement à placer la diversification des activités économiques au rang des priorités nationales. Le Gabon s’est ainsi engagé, depuis quelques années, dans une démarche d’exploitation durable du bois d’œuvre et de valorisation d’autres ressources naturelles. Dans ce contexte, la biodiversité se présente comme une richesse à mettre en valeur au plus vite.
Le secteur halieutique. Le secteur halieutique est méconnu du grand public gabonais et pourtant elle est la deuxième richesse naturelle du Gabon. Il a un important potentiel avec ses 800 km de côte maritime (la troisième plus longue de la côte atlantique après le Maroc et le Nigéria).Le Gabon a un potentiel halieutique très riche. La configuration exceptionnelle de ses ressources en eaux l’y prédispose, avec notamment un plateau continental de 40.600 km², une zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend sur 231.300 km² et un réseau hydrographique intérieur de 10.000 km². Il s’y ajoute un vaste territoire lagunaire riche de sa mangrove, de ses nombreuses zones de reproduction et de la diversité des espèces de poissons et de crustacés.
Le pays dispose également de nombreuses fosses riches en espèces démersales des eaux profondes qu’il exploite peu (faible maîtrise des techniques de pêche en eau profonde). Il s’y ajoute, d’autres importantes ressources en crustacés (crevettes, langoustes) exploitées par des bateaux étrangers, avec quelques cas de surpêche (zone de Cocobeach au large de Libreville). Enfin, le vaste espace lagunaire et les eaux continentales ne sont pas exempts de potentialités malheureusement méconnues et dont l’exploitation est restée faible.
La faiblesse du dispositif de surveillance des zones de pêche, avec des moyens de surveillance inadéquat au regard de la taille du territoire, laisse le territoire marin et lagunaire gabonais fortement exposé à la pêche illégale. En décembre 2019, un bateau de la Société SATRAM a été attaqué par des hommes armés au large de Libreville. Le capitaine du bateau fut abattu sur place par les assaillants et prirent deux Chinois en otage. Néanmoins, quelques avancées obtenues, comme l’équipement de navires de pêche en balises Argos, paraissent très insuffisantes comparées aux déficits rencontrées sur le terrain. L’Agence Nationale des Parcs Nationaux est aujourd’hui seule à jouer un rôle effectif de surveillance des territoires interdits à la pêche dans les parcs nationaux côtiers. Le manque d’infrastructure de débarquement fait que ce potentiel est très peu valoriser. En moyenne quelques 40.000 tonnes de produits halieutiques sont débarqués au Gabon chaque année, loin du potentiel de capture estimé à 230.000 tonnes et certainement sous-évalué.
Le secteur halieutique emploierait 21.700 personnes dont 80% d’étrangers, faisant du secteur de la pêche au stade actuel un pôle d’insertion et d’emplois faible pour les gabonais. Une telle situation s’explique surtout par l’absence d’infrastructures permettant, d’une part le débarquement et le traitement des produits de pêche, d’autre part, la fourniture des services dont un armement de pêche a besoin (ravitaillement, carburant, réparation de filets et des moteurs…). Je pense qu’à travers cette agence, le Gabon peut bien préparer son après pétrole.
Enfin, On peut ajouter le secteur énergétique que je devrais citer logiquement en premier notamment pour diversifier les sources d’énergie (les centrales solaires) dans les localités ou la Société d’Energie et d’Eau du Gabon n’arrive pas à alimenter les populations. Il nous faut un mix énergétique pour réduire le coût et les délestages récurrents actuels.