La chute du Gabon suscite de fertiles interrogations car personne n’arrive à donner une signification à ce traumatisme. Certains l’interprètent comme le châtiment des péchés d’un pays, d’autres l’expliquent par les problèmes économiques ou fiscaux, la corruption politique, le relâchement des mœurs, l’influence des religions, l’abandon des terres ou encore le changement climatique.
Les tenants du pouvoir excellent à s’étendre, tant qu’ils sont portés par le caractère irrésistible que leur puissance semble donner à leur domination, enrichis par les ressources que leur procurent leurs détournements. Mais ils sont incapables de susciter auprès des populations le dévouement que l’attachement sentimental à une patrie peut seul inspirer à des citoyens. Les Gabonais peuvent leur être attachés tant qu’ils procurent la prospérité et la paix, le bien-être. Mais ils n’accepteront que rarement de remettre en question le confort qu’ils leur apportent en sacrifiant leur vie pour leur défense. Le Gabon est donc condamné à la conquête perpétuelle, ou au dépérissement. C’est un pays qui valorise l’indifférente aux autres, qui est préoccupé de revenus et de rentes, incapable d’instruire ses enfants et de soigner ses malades. Avant de mourir dans la dignité, il serait normal de vivre dans la dignité.
La chute du Gabon aujourd’hui est identifiée dans le temps, elle provoque la fin d’une civilisation, le passage d’un monde à un autre.