Le Président français Emmanuel Macron était ce jeudi 27 mai au Rwanda pour assister au mémorial du génocide de ce pays. En dépit du fait que le président français n’a pas reconnu publiquement la responsabilité de la France dans ces désastres, le président rwandais Paul Kagamé s’est réjoui de cette intervention.
Le discours d’Emmanuel Macron au mémorial du génocide est un acte « puissant », d’ « immense courage », « avec une signification particulière », a déclaré le président rwandais Paul Kagamé lors d’une conférence de presse commune au palais présidentiel de Kigali. « Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses. Elles étaient la vérité », a-t-il confié, estimant que les relations avec la France allaient s’améliorer.
« Cette visite parle du futur, pas du passé. La France et le Rwanda vont beaucoup améliorer leurs relations au bénéfice de nos peuples, économiquement, politiquement et dans le domaine de la culture », a-t-il expliqué. « Mais la relation entre nos deux pays ne sera jamais totalement conventionnelle. Il y a une familiarité particulière qui résulte de la terrible et complexe histoire que nous partageons, pour le meilleur et pour le pire. Nous souhaitons créer une relation forte et durable, fondée sur des priorités qui comptent pour nous deux, France et Rwanda », a-t-il conclu.
« Cela a été un moment émouvant, historique et Macron se grandit en faisant un tel discours », a déclaré à l’AFP François Graner, chercheur, membre de l’association Survie, qui travaille depuis plus de vingt ans sur le rôle de la France au Rwanda et a mené une bataille judiciaire pour obtenir l’accès aux archives relatives à cette période. « Mais en même temps, le président a utilisé des mots très calibrés pour dédouaner la diplomatie, l’armée, les politiques français, il a réfuté les accusations de complicité et est resté flou sur les agissements inavouables de la France », a-t-il ajouté.
En marge du discours, l’annonce du retour d’un ambassadeur français au Rwanda, Emmanuel Macron a annoncé, ce jeudi à Kigali, la nomination prochaine d’un ambassadeur français au Rwanda, où le poste est vacant depuis 2015 en raison des tensions entre les deux pays sur le rôle de la France dans le génocide de 1994. « La normalisation de nos relations ne peut s’engager sans cette étape », alors que la France est actuellement représentée à Kigali par un chargé d’affaires, a déclaré le président français au cours de la conférence de presse avec son homologue Paul Kagame. Enfin, pour tenter de redonner de la vigueur au français, désormais moins enseigné que l’anglais au Rwanda, Emmanuel Macron doit inaugurer en fin de journée le « centre culturel francophone » de Kigali.