Du PSD au PDG : il n’y a qu’un pas qui sépare l’opposition du pouvoir.

La capacité des partis à mettre en forme de véritables alternatives politiques devient problématique. Le déclin du militantisme est le symptôme le plus communément avancé pour établir l’affaiblissement des partis. L’image sociale dominante du militantisme partisan reste celui de l’embrigadement. L’identification partisane, allégeance durable à une organisation, s’érode.

L’actuel ministre gabonais de l’Agriculture, Biendi Maganga Moussavou a trouvé sa voie. Cet ancien militant du Parti social démocrate (PSD) est désormais militant du Parti démocratique gabonais (PDG) ce, depuis le 5 aout 2020. Une révélation soudaine pour un héritier d’un parti d’opposition. Une prise de conscience de la vérité en politique. Pourtant le PDG n’apparait plus porteur de visions du monde clivantes et réellement discriminantes. En réalité, le phénomène n’est pas du tout exceptionnel. Les transfuges de l’opposition vers le PDG sont nombreux et cela ne date pas d’hier.

En effet, les extrêmes se touchent. L’expression n’est pas aussi simpliste qu’elle en a l’air. Car la liberté n’est ni une valeur de l’opposition, ni une valeur du Parti au pouvoir PDG. Le PDG cultive le culte du chef, de l’homme providentiel et souhaite une société strictement hiérarchisée dans laquelle l’autorité est une valeur primordiale. Quant à l’opposition, son ambition égalitariste la conduit à reléguer la liberté au mieux au second rang et à accepter les dérives autoritaires.

La capacité de mobilisation des partis ne leur permet plus d’entretenir la loyauté de leurs groupes sociaux de référence et explique, parmi d’autres facteurs, la progression de la volatilité. La vie des partis semble de plus en plus rythmée par les échéances électorales (présidentielle ou législative) alors même que leur capacité à peser sur l’opinion et à structurer le débat public semble s’affaiblir. L’activité des partis politiques est de plus en plus orientée vers la maximisation de leurs résultats électoraux.

Il apparaît ainsi que même si les idéologies du PDG et de l’opposition se fondent sur des concepts différents, la liberté les rapproche. Le militant qui fait prévaloir la politique politicienne, c’est-à-dire le court terme, peut donc facilement devenir un transfuge. Aujourd’hui, au Gabon, la faiblesse de l’opposition résulte principalement de son approche des mouvements de population. Ainsi, la dimension économique de l’activité politique tend à prendre une importance centrale avec le financement public des partis politiques. Les élections sont devenues un enjeu autant économique que politique.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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