Du mensonge en politique ou la politique de l’autruche.

On le sait, les responsables politiques nous mentent. Nous avons l’habitude qu’ils disent une chose et fassent son contraire. S’habituer aux mensonges des politiques revient à les encourager. Les menteurs savent que nous savons qu’ils nous mentent et que, soit cela ne nous importe pas, soit nous n’y pouvons rien. N’est-ce pas honteux?

Nous vivons une époque où le mensonge est devenu, plus que de coutume, la norme en politique. Affirmer ce qu’on sait être faux, nier ou taire ce qu’on devrait dire, exagérer ou minorer une situation, cacher des informations constituent des mensonges. Et ceux qui s’y livrent sont des menteurs.

Le responsable politique s’inscrit dans une idéologie. L’emprise de l’idéologie écarte l’action politique de la réalité et de la responsabilité. La plupart des a priori idéologiques ne tiennent pas devant le principe de réalité. Si les politiciens ont recours au mensonge, c’est parce qu’ils sont convaincus de sa rentabilité. Les politiciens qui sont les plus habiles menteurs sont ceux qui durent le plus longtemps et qui obtiennent le plus de succès.

Promettre quelque chose que l’on sait ne pas ne pas pouvoir ou ne pas vouloir tenir, s’appelle un mensonge et le mensonge n’est pas considéré comme une « vertu ». La question du mensonge est liée au langage, comme celle de la vérité. L’important, aujourd’hui, pour un homme politique, c’est la qualité de sa performance : sera-t-il cru ou non ? Sera-t-il capable d’imposer son histoire ou sa version de l’histoire ? L’essentiel est de convaincre, d’avoir le culot d’affirmer.

Roselyne Bachelot, l’actuel ministre français de la Culture en sait quelque chose. Elle avait même déclaré il y a quelques années : « Le retour de Roselyne Bachelot en politique c’est totalement inconcevable. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. J’ai fais mon temps dans la politique active. Jamais, je ne reviendrais en politique. J’ai prise cette décision en 2012. Ce mouvement qui est totalement paradoxale ferait que je ne me sentirais pas bien en politique telle qu’elle est aujourd’hui. Il faut que les choses soient irrémédiables sinon elles n’ont pas de noblesse. »

En effet, les politiques passent leur vie à se justifier d’une sincérité intacte de leurs convictions et de leur action, sans toujours convaincre. Ce qui nourrit un décalage entre la multiplication des promesses de sincérité et le sentiment croissant que le mensonge domine la vie politique. Le mensonge est donc une donnée incontournable de la vie politique. De même qu’il est illusoire de penser que les politiciens vont gouverner d’après les seuls faits, de même est-il indispensable de restreindre la tendance de tout pouvoir à manipuler les faits à son avantage.

A la question si on vous proposait un poste de ministre de la justice, vous l’accepteriez ? L’actuel ministre français de la Justice, Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti et par ailleurs avocat avait répondu à l’époque dans l’émission L’entretien d’Audrey sur LCI : « Non. D’abord, personne ne me le proposera. Ce sera un bordel. Personne n’aura jamais l’idée, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela. Et moi, franchement je n’accepterai jamais un truc pareil. Non. Ce n’est pas mon métier. Il faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique. D’abord, il faut être d’accord avec tous les copains du gouvernement auquel on appartient soi-même. C’est une discipline, c’est un exercice, et je n’en ai pas les compétences. Je n’aimerais pas faire ça. »

Tout le monde sait que la vie publique est pour partie rituel et cérémonie, pour partie supercherie et accommodement. Elle oblige à parler de questions complexes comme si elles étaient simples, et à dissimuler à l’opinion les arrangements les plus nauséabonds. L’authenticité pure ou la sincérité sans tache n’ont pas cours en politique. Si l’hypocrisie reste condamnable, c’est donc qu’elle renvoie à une réalité plus complexe que le simple fait de dire une chose tout en en faisant une autre.

Pourtant, on est biologiquement fabriqué pour la vérité. Il n’y a pas de vie en société possible si les gens autour de nous émettent autant de propos mensongers que vrais. Toutes les petites phrases de la vie quotidiennes sont généralement vraies, la communication est généralement collaborative. Les politiciens ne cesseront pas de mentir par idéal. Ils ne parleront vrai que lorsque cela se révélera rentable à l’heure du décompte des votes.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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