« Disparaître ou renaître, le grand dilemme du peuple gabonais » par Serge Abslow.

J’ai pas mal voyagé dans le monde et en Afrique principalement mais dois reconnaître que je n’ai rien trouvé ailleurs de comparable à ce qui se passe au Gabon dans mon pays. Voir tant de communautés venues d’ailleurs se permettre tant d’indélicatesses, de violations, d’abus sur les autochtones avec une facilité déconcertante, est totalement inédit dans l’histoire contemporaine des nations africaines.

Mais que se passe-t-il dans mon pays? D’où vient cette propension sans cesse grandissante de nos frères étrangers à humilier, ridiculiser, chosifier et spolier les gabonais sur les questions foncières, commerciales, administratives, juridiques et pénales? Il ne se passe plus un jour sans qu’un scandale du fait de l’action d’un étranger outrecuidant dans l’un ou l’autre de ces domaines, ne soit révélé à l’opinion.

Ce qui se déroule au Gabon aujourd’hui est assimilable à l’ère des croisades où les peuples venus d’ailleurs s’appropriaient par la force et la ruse, au nom des conquêtes, les territoires traversés en asservissant les peuples qu’ils y trouvaient. Parce que le peuple gabonais semble vivre désormais sous le joug des étrangers venus des quatre vents, qui y font la loi et y sèment le désordre avec la complicité de quelques nationaux.

La commission de ces différents abus et leur succès, du fait de l’immobilisme par compromission des autorités gabonaises, d’une part, et de l’attentisme par couardise du peuple gabonais, d’autre part, devient une pratique si courante qu’elle semble faire école auprès de tous ces étrangers qui n’hésitent plus à tenter toutes sortes d’opérations d’intimidation pour gruger et déposséder les gabonais de leurs biens, de leurs droits et surtout de leur dignité.

On assiste alors à des choses absolument ahurissantes qui vont de l’obtention de titres fonciers douteux sur des propriétés occupées par des autochtones, à la destruction de leurs biens immobiliers sans aucune décision de justice, sur la base de ces titres fonciers frauduleux, en passant par l’interpellation suivie de molestations de nos compatriotes par des unités de police judiciaire sur simple réquisition de ces étrangers qui se soldent parfois par leur détention arbitraire.

Il y a un sentiment de plus en plus grandissant chez les gabonais que ce pays n’est plus le leur, qu’il devient progressivement la propriété des étrangers qui y font la loi, usant abusivement du pouvoir que leur confère la puissance financière acquise chez nous. Dans tous les secteurs d’activités, les gabonais tendent à être marginalisés quand ils ne sont pas simplement écartés. A l’image du secteur pétrolier, l’exploitation du bois, des mines et de toutes nos richesses naturelles est accaparée par les étrangers.

Le secteur du commerce de gros et de détail est aux mains des étrangers. Combien de gabonais compte t-on dans nos marchés? Combien de gabonais disposent de boutiques dans nos quartiers? Le secteur de la pêche n’est pas épargné par cette hégémonie étrangère. Sur les 800 km de nos côtes, combien de gabonais possèdent un arsenal de pêche artisanale ou industrielle? Même le CAPAL, institution nationale, est aux mains invisibles de mafias étrangères. Le secteur des BTP est détenu par des majors aux mains d’étrangers.

Il est de plus en plus évident que les gabonais tirent le diable par la queue dans leur propre pays. Les autorités publiques n’ont pas pris la mesure du problème et ne font rien pour les aider à s’approprier leur économie. Les gouvernants préfèrent « dealer » avec ces étrangers organisés en lobbyes communautaires dont le seul mot d’ordre est de mettre à l’étroit les autochtones et empêcher à tout prix leur essor. Cette consigne non écrite est très largement partagée par ces rastaquouères et insidieusement encouragée par l’immobilisme de l’état au nom de l’économie de marché.

Résultat des courses, les étrangers confinent les gabonais aux activités économiques marginales. Qui peut nier que la commande publique profite prioritairement aux sociétés étrangères dans tous les secteurs d’activité ci-dessus cités? Les gabonais sont réduits à être des sous-traitants de marchés mirobolants qui font la fortune des rastaquouères et de leurs partenaires tapis dans la haute administration. Les autochtones sont par conséquent devenus les dindons de la farce d’une économie nationale extravertie.

Le Gabon est un pays conquis et les gabonais un peuple asservi. La moutarde monte chaque jour un peu plus au nez face à ce grand remplacement de plus en plus insupportable. Ces français, chinois, libanais, pakistanais, béninois, sénégalais, maliens, mauritaniens, ivoiriens, burkinabés i tuti quanti… qui opposent à notre hospitalité légendaire leur mépris grandissant, devront tôt ou tard faire face au ressaisissement du peuple gabonais qui se trouve désormais face à un dilemme: disparaître ou renaître.

Serge Abslow

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