Diplomatie/ Le Gl de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema prend ses marques dans la sous-région

Fini les tâtonnements et les hésitations des premiers jours après le coup d’Etat du 30 août dernier, Le Gl de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema s’est parfaitement acclimaté sur le plan diplomatique dans la sous-région.

Il est très difficile de se faire accepter après un coup d’Etat cependant le Chef de l’Etat gabonais a réussi l’exploit de se faire adouber par ses pères deux mois seulement après sa prise de fonction par les armes le 30 août 2023. En effet, les coups d’Etat  par principe sont condamnés par la communauté internationale. Le cas du Gabon n’était pas en reste. Les condamnations et les sanctions de la communauté internationale ne se sont pas fait attendre.

La CEEAC a tout de même tenu à rappeler formellement, dans un communiqué que « tout changement anticonstitutionnel de gouvernement constitue une violation intolérable des principes fondateurs de la Communauté ». De même, l’ONU et l’Union africaine ont condamné le putsch. Le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a annoncé la suspension immédiate de « la participation du Gabon de toutes les activités de l’UA, de ses organes et institutions ». 

Mais aussi, la France, ex-puissance coloniale, a « condamné le coup d’État militaire », tout comme l’Allemagne qui a évoqué « des critiques légitimes sur la transparence » des élections. Le Royaume-Uni a fait de même, reconnaissant « des inquiétudes soulevées par le récent processus électoral ». Enfin, la Chine a appelé à « garantir la sécurité d’Ali Bongo », la Russie a fait part de sa « profonde préoccupation » et les États-Unis ont demandé à l’armée gabonaise de « préserver le régime civil » et ont mis en veilleuse leur coopération avec le Gabon.

Il faut dire que le continent vit depuis quelques temps une recrudescence des coups d’Etat.  Avant ce putsch, l’Afrique avait subi sept coups d’Etat en trois ans (Niger, Burkina Faso, Soudan, Guinée, Mali). Englober tous ces faits politiques marquants pour en faire une analyse globale est tentant, mais dangereux, selon Caroline Roussy, directrice de recherche à l’Iris. « Comparer, c’est tomber dans une forme de piège. L’Afrique centrale, le Sahel, et l’Afrique de l’Ouest ne sont pas dans les mêmes problématiques. Parler d’effet domino, c’est une analyse un peu courte. Il y a plutôt une convergence des agendas, avec une élection présidentielle qui vient de se dérouler au Gabon », met en garde l’experte.

Pour faire face aux sanctions et surtout réussir le processus de transition, le Gabon par son nouvel homme fort s’est engagé à mener un  plaidoyer consistant à expliquer le contexte particulier qui justifie le renversement  du régime d’Ali Bongo installé depuis plus d’un demi-siècle et de trouver une oreille attentive auprès des chefs d’Etat de la sous-région. Même s’il ne faut pas mettre entre parenthèses, la volonté des nouvelles autorités de Libreville de relancer une coopération bilatérale dont ils auront besoin pour booster une économie fragile sapée par une mal gouvernance de la « Young team ».

Le Chef de l’Etat a pris part à la capitale congolaise du 24 au 27 octobre 2023 aux travaux du sommet international des trois bassins des écosystèmes de biodiversités et forêts tropicales où il a réaffirmé la  détermination du Gabon au cours d’une allocution très ovationnée à assumer ses engagements internationaux dans la protection des écosystèmes, la gestion durable des ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques. Il faut souligner que depuis des décennies, le Gabon a fait de ces enjeux environnementaux, la priorité de son agenda diplomatique en s’inscrivant dans une dynamique de préservation du patrimoine naturel, de prospérité économique et de bien-être social, qui sont les trois piliers. Cette tribune a été une manière pour le pays de retrouver sa place dans le concert des nations ainsi que de consolider son leadership planétaire sur les questions environnementales.

Pour sa première visite officielle en tant que chef d’État, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a choisi la Guinée Equatoriale. Un séjour qui aura duré moins de 24 heures dans ce pays voisin du Gabon, mais qui revêt une importance symbolique au regard des tensions récurrentes entre les deux États. Il s’est encore rendu dernièrement à Malabo pour échanger avec son homologue, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo sur les avancées de la transition. Une intense activité diplomatique qui a amené le Général, Clotaire Oligui Nguema a s’entretenir avec plus d’une dizaine de chefs d’Etat dont les Présidents du Congo Brazzaville, Dénis Sassou Nguessou, Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo, Evariste Ndayishimiye, Paul Kagamé du Rwanda…

Paul Essonne

Journaliste

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