Depuis la prise de pouvoir du 30 août dernier par les hommes de l’armée du Gl Brice Clotaire Oligui, les décisions prises par le comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI) sont saluées par les populations.
Cependant, les nominations en conseil des ministres ou autres sont sujettes à polémiques. Dans sa volonté d’instaurer la rupture avec le régime de l’ex-président déchu Ali Bongo Ondimba, le CTRI procède à la nomination de nouvelles personnalités sur le plan administratif et politique. Il faut dire que la nation gabonaise a été bâtie sur un certain nombre de piliers qui maintiennent son équilibre géoethnique. Le pays regorge de plus de quarante ethnies et il faut pouvoir trouver un dosage minutieux pour contenter toutes les composantes de cette nation encore en construction.
Les nominations dans les postes de responsabilité politique et administrative doivent tenir compte de cette logique qui a toujours prévalu depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Léon Mba et Omar Bongo Ondimba ont respecté ces exigences pour la construction de notre jeune nation.
Les nominations se faisaient sur une base géopolitique : les différents ethniques ou groupes linguistiques se retrouvaient dans les différentes institutions administratives et politiques du pays. Les fangs de l’Estuaire à l’ère Omar Bongo Ondimba occupait toujours la primature, les moyens à l’Assemblée nationale ou au Sénat, la Vice-Présidence de la République revenait au groupe Punu, etc…
Ali Bongo Ondimba arrivé à la tête du pays en 2009 a décidé de déconstruire ce schéma à l’origine de l’équilibre de la nation. Sans consultation des sages et des doyens de la République, il a dessiné un nouveau schéma en élargissant la primature à la communauté fang en général et même à l’ethnie kota et myèné et en donnant aussi des postes de hautes responsabilités à des étrangers dans la République, conséquence les codes de la République ont été galvaudés.
Ali Bongo Ondimba a été débarqué du pouvoir et le CTRI a annoncé sa volonté de restaurer les institutions de la République. À l’épreuve des faits, deux mois après, les nominations constituent le talon d’Achille de la transition. Les Gabonais se demandent qui procède véritablement aux nominations, d’autres parlent de mauvais casting, un reproche que l’on faisait déjà à l’ancien régime déchu.
Hier fossoyeur de la République et homme de main de la « Young Team », aujourd’hui chantre du CTRI. Ils font la pluie et le beau temps en nommant parents, amis et connaissances. Les patronymes sont toujours les mêmes depuis plus de cinquante ans. À dire qu’il n’existe que les mêmes familles dans ce pays. Autres écueils, les nominations sont à forte connotation dans certaines provinces. « La République au village » de Nguia Banda s’est-elle mise en marche ? Et que dire de la pléthore des conseillers, chef de cabinet et chargés de missions à la présidence de la République et à la primature. Et pourtant, dans sa volonté de bien faire, le CTRI a supprimé le haut commissariat de la République et a dégraissé la médiature de la République afin de réduire le train de vie de l’État en réorientant l’économie engrangée dans les projets sociaux de préoccupation des populations.
Le CTRI doit pouvoir reprendre la main dans les nominations en mettant fin aux nouveaux roitelets tout au tour d’eux qui font la pluie et le beau temps, des profito-situationnistes qui ne sont là que pour leur propre intérêt au détriment de la République.