« Bourses 2024 : Un chef se trompe et peut toujours renvoyer sa décision à plus tard » par Étienne Francky Meba Ondo.

Le débat relatif au rétablissement des bourses dans l’enseignement secondaire continue de faire des vagues lorsqu’il ne nourrit pas l’incompréhension auprès de certains élèves et parents.

Alors que de nombreux élèves s’attendaient, en cette année scolaire 2024, à percevoir leur bourse à partir d’une moyenne égale ou supérieure à 10/20, suite à la promesse faite à leur endroit par le PR de la Transition, grande a été leur déception d’apprendre que les règles et les critères d’attribution sont modifiés en pleine année scolaire.

Depuis lors, le Gouvernement se débat avec un nouvel argumentaire pour chaque semaine en espérant faire passer la pilule.

On nous a d’abord annoncé que la mesure visait l’Excellence. Un argument rejeté par les conditions d’apprentissage. Puis, on nous a dit que les contraintes budgétaires ne permettaient pas de prendre en charge tous les élèves et que, par ailleurs, la crise ( Laquelle ? Avec un budget de l’Etat record voté à plus de 4100 milliards de FCFA pour 2024) exigeait de chacun de nous de faire des efforts. La porte-parole du gouvernement a d’ailleurs cité en exemple la réduction des émoluments des députés. Soit.

Hier soir, la ministre de l’Education nationale est revenue  à la charge ou au charme, c’est selon, en annonçant une nouvelle promesse du PR de la Transition en faveur d’une double bourse pour, dira-t-elle, aider les parents. Quelle trouvaille !

On se demande alors, avec quel argent va-t-on supporter cette nouvelle dépense alors qu’on nous a rabâchés les oreilles avec des contraintes d’une crise et la nécessité de se serrer la ceinture au plan budgétaire ?

Et, depuis quand, pour aider les parents, on verse une somme d’argent à leurs enfants directement ? Nous pensions que les allocations familiales étaient le concept consacré pour ce type d’opération et cela, sans distinction de réussite ou d’échec des enfants ?

À quel moment l’article premier, alinéa 16, de la Constitution de 1991 qui accompagne la Charte de la Transition, impose-t-il une discrimination dans l’assistance de l’Etat aux enfants et aux parents ?

Que dit cette disposition ?

« Les soins à donner aux enfants et leur éducation constituent pour les parents, un droit naturel et un devoir qu’ils exercent sous la surveillance et avec l’aide de l’Etat et des collectivités publiques. (…) Les enfants ont vis-à-vis de l’Etat, les mêmes droits en ce qui concerne aussi bien l’assistance que leur développement physique, intellectuel et moral. »

La Constitution dit bien… « les mêmes droits » ! Ce n’est pas conditionné aux résultats scolaires !

Ce cafouillage, qui dénature la définition de la bourse scolaire devenue tantôt un critère d’excellence, tantôt une aide indirecte à verser aux parents, traduit une sorte de pilotage à vue et une improvisation du Gouvernement au gré des polémiques nées de la promesse du rétablissement de la bourse dans l’enseignement secondaire.

Monsieur le PR de la Transition,

Un Chef se trompe. Il n’y a aucune honte à le reconnaître.

L’honnêteté intellectuelle nous oblige cependant ce matin à reconnaître que l’Etat va consacrer une enveloppe de plus de 92 milliards de FCFA aux bourses. Soit 12 milliards pour le secondaire et 80 milliards pour le supérieur. C’est déjà mieux que sous Ali Bongo où moins de 50 milliards étaient décaissés chaque année pour supporter essentiellement les bourses du supérieur.

Mais on pouvait aussi se demander, pourquoi affecter en 2024 une enveloppe de 200 milliards de FCFA au seul CTRI alors que 10 milliards de cette enveloppe pouvaient permettre de payer, ne serait-ce que pour cette année 2024, les bourses de tous les élèves à partir d’une moyenne égale ou supérieure à 10/20. Parce que cette attente des élèves est légitimement née de l’euphorie des promesses faites par les militaires.

Nous ne doutons pas de ce que cette mesure d’apaisement, visant à payer les bourses à partir d’une moyenne de 10/20 pour cette année scolaire 2024, pourrait conduire les élèves et les parents à être plus compréhensifs lorsque le gouvernement annoncerait le changement des critères pour la rentrée scolaire 2024-2025.

Laissant ainsi le temps aux élèves de mieux se préparer et de s’adapter à la nouvelle donne. Au lieu de leur annoncer des changements incessants autour des modalités d’attribution de bourse en pleine année scolaire comme actuellement.

Un Chef peut se tromper. C’est humain. Le reconnaître est signe de grandeur. Le contraire n’entretient que frustrations, désillusions et incompréhensions.

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