La Task-force sur la dette a produit un premier bilan qui nous révèle que plus de 81 milliards de FCFA ont été distraits ou détournés par des entreprises. Entre surfacturations, pots de vins et autres montages pour jouir de l’argent du contribuable sans réelle contrepartie dans les travaux à réaliser. Parallèlement, 100 milliards de FCFA seraient associés à des comptes bancaires désormais sous séquestre. Soit.
Alors qu’on devrait s’attendre à des poursuites judiciaires contre ces entreprises, leurs responsables et les bénéficiaires de pots de vins, comme le prévoit le Code pénal, nous nous étonnons de ce que nombre d’entre elles ne soient que simplement invitées à faire des compensations. Nous espérons que cela ne les épargnera pas de procès en bonne et due forme devant la Justice.
Autrement, on commencerait à donner du crédit à la thèse qui consiste à dire que la Justice, depuis le coup d’Etat du 30 août, ne semble s’abattre avec toutes ses forces que contre la bande de Sylvia Bongo, Noureddin et ses amis. Ce qui en ferait alors un simple instrument de règlement de comptes.
Comment comprendre que le Premier responsable du pouvoir Exécutif que fut Ali Bongo Ondimba et les ministres de son Gouvernement de cette époque ne sont nullement inquiétés, ni cités comme co-responsables de cette mal-gouvernance financière ?
Ces entreprises ont-elles elles-mêmes signé tous les actes administratifs et financiers qui ont permis le décaissement de tous ces milliards pendant que les retraités, les étudiants, les chômeurs et les agents publics tiraient le diable par la queue ?
Que dire des membres d’un Parlement PDG qui étaient censés contrôler tout ceci ?
Comment ne pas nous comprendre lorsque nous nous étonnons de ce qu’Ali Bongo Ondimba, ses ministres et ses députés soient en liberté alors que tous ces scandales financiers ont été conduits sous leur gouvernance ? Au point qu’Ali Bongo Ondimba est tranquillement assis chez lui… Ses ministres et ses députés ramenés au Gouvernement et à la tête des institutions de la Transition ?
Où est la cohérence ?
Lorsqu’il a été question des détournements financiers des Valentin, Noureddin et cie, les autorités n’ont pas hésité à les humilier publiquement avant de les jeter en prison. Qu’est-ce qui justifie alors que les autres criminels financiers pointés par la Task-force sur la dette soient épargnés du même traitement ?
Quel est le niveau de responsabilité des anciens directeurs généraux et responsables administratifs du Budget, des Finances et des administrations concernées par ce scandale ?
Ce constat est similaire à celui que nous faisons depuis septembre dernier quant à la mal-gouvernance électorale qui a conduit au coup d’Etat du 30 août. Pourquoi tous ceux qui ont géré ce processus électoral biaisé ne sont-ils pas traduits en Justice ? Entre le CGE, le Gouvernement et la Cour constitutionnelle ?
Autant de questions qui méritent des réponses dans un environnement où tout le monde semble si rapidement vouloir effacer l’histoire et absoudre tous ceux qui sont les vrais responsables des 14 dernières années de désordre dans le pays.
Pour rappel, nous avons dénoncé jusqu’au 26 août dernier, la mal-gouvernance de tout le système Ali Bongo-PDG. Pas uniquement celle de Sylvia Bongo, son fils et ses amis.
A suivre.
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Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo.