Avec 90 % des écoles pré-primaires et secondaires connectées à internet d’ici à l’horizon 2026, le télé-enseignement a-t-il de l’avenir au Gabon ?

Si le télé-enseignement tend à s’imposer comme une solution miracle permettant de faire des économies d’échelle, c’est qu’il vient pallier le sous-financement du système d’éducation gabonais entretenu par les gouvernements successifs depuis quelques années.

Les locaux coûtent trop cher à entretenir ? Virtualiser la formation permet de s’en passer. Le salaire des enseignants est trop onéreux et il est intouchable puisque conventionné ? Diminuer le nombre de contrats en offrant des cours à distance à des groupes pléthoriques permet de belles économies. Après tout, offrir le même cours à une classe de 1000 élèves en ligne coûte bien moins cher que de l’offrir à dix classes de 100 en présentiel.

Avant tout, chaque apprenant doit disposer d’un ordinateur, fixe ou portable. Ce matériel informatique sera doté d’enceintes audio délivrant un son de qualité. Ainsi, tout élève inscrit dans une école primaire, un collège ou un lycée pourra entendre le cours dispensé par un enseignant. Il est aussi préférable de disposer d’une webcam ou d’une petite caméra située en hauteur. Une imprimante peut aussi être nécessaire pour la résolution d’exercices de Français ou de Mathématiques. Surtout, la connexion Internet devra être de bonne qualité. Ainsi, un professeur ne sera pas coupé du fait d’un réseau de mauvaise qualité.

Outre les aspects purement techniques, il y a lieu de se demander ce que devient l’enseignement et ce qui s’y perd lorsqu’il se mue en télé-enseignement, tout particulièrement lorsque cela se fait dans de mauvaises conditions. À plus forte raison, se pose aussi la question de ce que cela change aux conditions d’apprentissage ainsi qu’aux conditions de travail de celles et de ceux qui doivent continuer d’apprendre ou d’enseigner, mais à partir de leur foyer.

Force est de constater qu’on assiste au développement d’une logique consumériste s’appuyant sur des mécanismes de virtualisation de l’école, affaiblissant le système public d’éducation du Gabon et suscitant de nouveaux appétits de la part des intérêts commerciaux.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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