Le 22 avril dernier, le ministère de l’Éducation nationale a procédé à un réajustement du calendrier des examens nationaux pour l’année scolaire 2024-2025. Les principales épreuves (CEP, BEPC, Baccalauréat) se dérouleront entre mai et juin 2025. Si, en apparence, cette initiative vise à donner une visibilité aux élèves et aux enseignants, elle soulève néanmoins des interrogations majeures sur l’équité et l’efficacité des mesures prises pour pallier les perturbations subies par les apprenants.
Une analyse critique de la situation révèle que ce réaménagement ne compense en rien les trois semaines de cours perdues imposées par le contexte politique, notamment l’organisation de l’élection présidentielle, et que le Ministère n’a pas su mettre en place des dispositifs de rattrapage efficaces.
Tout d’abord, l’année scolaire 2024-2025 a été marquée par une interruption forcée de près de trois semaines. Cette pause, dictée par la tenue de l’élection présidentielle, a considérablement amputé le temps d’apprentissage nécessaire, fragilisant ainsi la préparation des élèves aux examens. Dans un système éducatif où le programme est dense et où les périodes de révision sont cruciales, perdre trois semaines représente une carence grave, impactant aussi bien l’assimilation des savoirs fondamentaux que la confiance des élèves en leurs propres compétences.
Ensuite, l’annonce du Ministère, si elle prévoit l’ouverture d’internats pilotes et quelques initiatives de soutien scolaire, reste largement insuffisante au regard de l’ampleur du problème. L’accueil de seulement 200 élèves en internat pour tout le pays est dérisoire face au nombre de candidats aux examens nationaux.
De même, les « dispositifs de soutien » annoncés dans les établissements ne précisent ni leur contenu, ni leur intensité, ni leur calendrier. Aucune véritable stratégie de compensation des heures perdues, sous forme de cours de rattrapage systématiques, de prolongation du temps scolaire ou d’adaptation du programme, n’a été mise en œuvre.
Cette absence de réponse concrète et structurée traduit une improvisation inquiétante de la part des autorités éducatives.
Par ailleurs, la précipitation avec laquelle le calendrier a été réajusté démontre que l’on privilégie une logique administrative de fin d’année au détriment de la qualité de l’instruction. Maintenir les examens aux dates initialement prévues, sans réaménager les contenus évalués ni accorder aux élèves un délai supplémentaire pour se remettre à niveau, revient à entériner les inégalités créées par les semaines de vacances forcées.
Les élèves, notamment ceux issus des milieux défavorisés, qui n’ont pas accès à des ressources éducatives autonomes pendant ces interruptions, se trouvent encore davantage pénalisés.
Enfin, en n’adoptant pas des solutions innovantes comme l’enseignement à distance temporaire, les cours en ligne ou des sessions de remédiation intensives pendant les vacances, le Ministère de l’Éducation nationale semble avoir minimisé l’impact réel de l’interruption scolaire sur la réussite des candidats. Or, une politique éducative responsable doit garantir à tous les élèves une équité de traitement, surtout dans des périodes de perturbations exceptionnelles.
En conclusion, le réajustement du calendrier des examens nationaux pour 2024-2025 ne saurait être perçu comme une réponse suffisante aux enjeux éducatifs actuels. La perte de trois semaines de cours, imposée par l’élection présidentielle, n’a pas été compensée par des mesures de rattrapage sérieuses. Dès lors, il est à craindre que les examens de cette année sanctionnent davantage l’injustice et l’impréparation que le mérite et l’effort. Une véritable réforme de la gestion des crises éducatives s’impose, afin que les droits fondamentaux à une éducation de qualité soient respectés en toutes circonstances.