Ali Bongo n’a jamais gouverné.

Les quatorze (14) ans passés au pouvoir par le fils du Président Omar Bongo Ondimba n’ont jamais été un long fleuve tranquille. Certains observateurs politiques avertis constatent qu’il a toujours évolué dans l’ombre de certains de ses collaborateurs, ne réussissant jamais à s’affirmer en tant que chef et à prendre la mesure de ses responsabilités.

Si son passage au ministère de la Défense a été salué avec brio pendant le règne de son père, en révolutionnant ce secteur stratégique par des concepts tels que l’armée en or, la mise en place d’un prytanée militaire, la formation de haut niveau des officiers et des sous-officiers à l’étranger, la dotation de matériel de pointe et enfin l’amélioration des conditions de vie des forces de sécurité et de défense.

Ce n’est pas le cas lorsque celui-ci accède à la magistrature suprême en 2009 jusqu’en 2023. L’amorce de sa gouvernance est marquée par une rupture avec l’ordre ancien laissé par son père. Plusieurs hiérarques, caciques et autres personnalités sont débarqués de leurs fonctions. Un nouveau personnel politique prend ancrage pour marquer l’ère Ali Bongo Ondimba.

Ces émergents comme on les appelait autrefois imposent de nouvelles méthodes de gouvernance et se lancent dans des projets tous azimuts contenus dans  une grande vision, le plan stratégique Gabon émergent (PSGE). Cette période est caractérisée par la République des maquettes comme certains le qualifieront.

Les têtes pensantes autour d’Ali Bongo Ondimba à cette époque sont Laure Olga Ngondjout, secrétaire générale de la présidence, Jean-Pierre Oyiba, directeur de cabinet, Etienne Massard Kabinda et bien d’autres qui feront la pluie et le beau temps.

Quelques temps après avec l’entrée en disgrâce de Jean-Pierre Oyiba et l’arrivée du sulfureux Maixent  Accrombessi comme directeur de cabinet, la gouvernance du pays connaitra un autre tournent. C’est l’ère des « Accrombessi boys et de la légion étrangère » qui s’emparent de la gestion du pays… Ali Bongo Ondimba est absent et transparent dans la direction du pays, le nouveau gourou béninois régente tout, finances publiques, nominations, projets d’investissement.

L’arrivée de Brice Laccruche Alihanga après le départ de Maixent Accrombessi, ce sont les « BLA boys » qui gèrent la République et qui imposent de nouvelles méthodes de gestion en renouvelant le personnel politique et administratif par des jeunes loups de la politique aux dents longues. C’est la période des nominations fantaisistes tout azimut des jeunes émergents volontaires.

L’AVC du Président Ali Bongo Ondimba va accélérer la décrépitude de la gestion du pays. Le directeur de cabinet devient tout-puissant, un second président en un mot. Le retour quelques temps après du Président de la République lui permet de reprendre la main comme certains le pensaient. Les « BLA boys ou les Agéviens » sont mis à l’écart pour détournement et blanchiment des deniers publics, ils se trouvent jusqu’à ce jour à sans famille.

Flairant le vide au sommet de l’Etat, les « collégiens du bord de mer » s’emparent du pouvoir avec à leur tête la veuve noire, Sylvia Bongo Ondimba. Cette dernière, gouverne sans partage et impose un nouvel ordre qui précipitera la chute du régime avec des détournements massifs devenant pendant toute cette période un faiseur de rois. La reine mère et ses « collégiens du Bord de mer » finissent aussi dans les geôles de sans famille alors que leur pouvoir a été marqué par l’arrogance, le mépris.

Les quatorze (14) ans catastrophiques du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba sont une parenthèse qu’il faut vite refermer dans l’histoire du pays. Ali Bongo a toujours délégué son pouvoir et s’est effacé, laissant ses collaborateurs diriger et lui s’occupant d’autre chose. Oubliant que le  pouvoir s’exerce et ne se partage pas. Un chef est un homme toujours seul.

Lauriana Leina

Journaliste

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