Adresse du CGRi aux putschistes du CTRI

Mesdames et Messieurs,

Depuis quelques jours, le Gabon est dirigé par une Transition militaire dite « Comité de Transition et de Restauration des Institutions CTRI » qui a placé à sa tête, le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, dernier aide de camp du dictateur sanguinaire, Omar BONGO et commandement en chef de la garde républicaine des Bongo.

Au terme d’un processus électoral vicié et des élections « tronquées » ayant conduit à la proclamation frauduleuse de la réélection d’Ali BONGO à 4h du matin le 30 Août 2023, 17 minutes plus tard, l’armée, regroupant tous les corps d’armée, réalisait un coup d’état militaire pour corriger et annuler le coup d’état électoral d’Ali Bongo. Il s’en est suivi de nombreuses arrestations dont certaines ont été scénarisées.

*Le CGRi prend acte de ce coup d’État qui a été décrit par les putschistes comme ayant permis de préserver la paix et empêché le massacre des gabonais.*

Les premiers jours, les premiers pas du Général OLIGUI NGUEMA, nous permettent de nous poser de nombreuses questions et légitimement de douter de la sincérité de ce coup.

*Les Bongo ont-ils trouvé un moyen de conserver le pouvoir à travers le Général OLIGUI NGUEMA ?*

Rappelons qu’ils n’ont jamais gagné une élection au Gabon (1993, 1998, 2005, 2009, 2016 et 2023) et le pays croupissait sous une crise post-électorale depuis 2016 au cours de laquelle le vote des gabonais a été volé mais, fait inédit et plus grave, Ali Bongo a fait attaquer le QG de campagne de son adversaire, faisant de nombreux morts. Les massacres se sont poursuivis dans les rues du pays et c’est cette armée qui prétend défendre les gabonais qui a commis ces tueries. Il y a quelques mois M. Jean PING affirmait devant une diaspora médusée que le ministre français de la Défense de l’époque se trouvait dans l’hélicoptère qui attaquait son QG avant de se rebiffer devant les médias français.

*Avant de tourner la page, il est nécessaire, pour instaurer un climat de confiance, de paix et d’unité, voire primordial de faire la lumière sur tous ces actes inciviques, de barbarie et d’assassinat. Il faut dégager les responsabilités des uns et des autres, les complicités et les sanctionner pour faire acte de bonne foi auprès de ce peuple que vous prétendez défendre.*

Restaurer les institutions c’est également restaurer l’armée et cela passe par les arrestations des responsables de ces massacres au même titre que les Bongos. M. OLIGUI NGUEMA a été responsable des services de renseignement. C’est donc une tâche qui semble beaucoup plus aisée que de prêter serment ou d’annoncer le paiement de bourse ou des retraites.

Le CGRi exige donc que la lumière soit faite sur les massacres post-électoraux au Gabon depuis 1993 jusqu’à 2016. Ainsi, les responsables doivent être arrêtés et jugés.

*Par ailleurs, en ce qui concerne les arrestations, il nous apparaît que certaines ont été scénarisées mais aussi que d’autres n’ont pas été faites.*

*Hier encore, au grand dam des Gabonais, le communiqué 006 du CTRI déclarait Ali Bongo libre de ses mouvements nationaux et internationaux.*

Le CGRi demande que tous les responsables des détournements de fonds publics sous les mandats d’Ali Bongo depuis 2009 et même sous Omar Bongo soient arrêtés, jugés et l’argent rendu au peuple gabonais. Delta synergie doit être démantelée et rendue au peuple gabonais de même que les nombreux biens des Bongo doivent être saisis et rendus au peuple.

*Le CGRi exige les arrestations de tous les membres de la cour constitutionnelle, du directoire de l’Assemblée Nationale et de celui du Sénat.*

*Le CGRi demande sans délai l’arrestation du directeur du Budget, de même que tous les directeurs du Budget d’Ali Bongo et de leurs complices qui ont validé tous les décaissements d’argent volé et leurs biens saisis. Et que dire du sulfureux Maixent ACCROMBESSI et de son gang ?*

Le CGRi s’insurge contre les annonces des putschistes qui demandent aux cabinets ministériels, directeurs généraux et secrétaires généraux de continuer à travailler. Ce sont ces responsables et leurs ministres qui ont pillé l’argent public. Nous demandons donc leurs arrestations et la saisie de leurs biens, sans attendre qu’ils viennent se dénoncer eux-mêmes, afin d’éviter que nos juridictions ne s’adonnent aussi à des pratiques plutôt machiavéliques que régaliennes.

Par-dessus tout, le CGRi demande que les Bongo rendent au peuple gabonais ce qu’ils leur ont volé pendant 56 ans.

Le CGRi prend au mot les putschistes qui dans leur adresse indiquait « mettre un terme au régime », faites donc la lumière sur les actes de ce régime et corrigez-les, afin que les gabonais soient édifiés sur votre volonté, votre capacité à améliorer leur quotidien et mettre fin à ce régime.

*Le CGRi s’insurge contre la prestation de serment du Général OLIGUI NGUEMA pour tenter de légitimer un coup d’État militaire qui fait encore la part belle aux tenants du régime déchu.*

Le CGRi est profondément choqué d’avoir constaté la présence de nombreux membres des institutions dissoutes, pourtant déclarées mis aux arrêts, assister à la prestation de serment du président du CTRI. Il s’agit notamment de BILLIE BI NZE, Guy Patrick OBIANG NDONG, OBOUMADJOGO et bien d’autres. S’agissait-il de l’installation du nouveau chef, maître du régime nécessitant l’allégeance de tous les affidés ?

*Le CGRi souhaite que le CTRI fasse rapidement la clarté sur cet aspect qui tend à ternir son image et qui pousse certains à penser que le coup d’État n’avait que seul objectif de permettre la perpétuation du régime. Nous voulons voir l’arrestation de Sylvia Bongo Valentin, de tous ces ministres, de tous ces présidents d’institutions, des affidés et pilleurs du régime.*

Le CGRi rappelle qu’Ali Bongo, alors en campagne pour ces élections de 2023, a déclaré aux Gabonais avoir été absent pendant 5 ans. Une question fondamentale se pose alors avec acuité : qui a procédé aux nombreuses nominations qui ont eu lieu pendant ce temps et même celle du Général OLIGUI NGUEMA à la tête des services de renseignements, puis à la tête de la Garde Républicaine des Bongo ? Répondre à ces interrogations permettrait de mettre définitivement à nu le mystère des nombreux sosies d’Ali Bongo et de donner du crédit à ces militaires qui ont souvent brillé par des massacres post-électoraux des populations revendiquant leur vote.

D’autre part, il reste le problème des prisonniers politiques qui ont injustement été arrêtés par ces mêmes forces de défense et de sécurité aujourd’hui au pouvoir à la faveur d’un coup d’État. Le CGRi exige leur libération immédiate sans condition tout en précisant que Brice LACCRUCHE ALIHANGA et ses amis ne sont pas des prisonniers politiques, ils doivent être jugés et rendre au peuple gabonais ce qu’ils leur ont volé. Nous ajoutons que le Lieutenant Kelly ONDO OBIANG et ses amis qui ont également tenté un coup d’état doivent être libérés le plus rapidement possible.

*Pour le CGRi, la transition n’a pas vocation à annoncer des mesures populistes mais à mettre les bases saines d’un état de droit et à rendre aux gabonais leur dignité, leur pays dont ils ont l’impression qu’il ne leur appartient plus.*

*Pour finir, le CGRi souhaite que les prestidigitateurs du CTRI clarifient rapidement leur calendrier de la transition pour que le pouvoir soit restitué au peuple et non à un autre Bongo.*

En somme, le CGRi prend acte du coup d’état militaire du Général OLIGUI NGUEMA à la suite d’un énième coup d’état électoral d’Ali Bongo, mais note qu’il y a encore des efforts, des progrès à fournir pour mettre fin au régime des Bongo comme il le prétend. Nous attendons : l’arrestation de tous les responsables de ce régime et des affidés qui en ont profité – Fabrice ANDJOUA l’actuel directeur du budget doit être également mis aux arrêts – tous les membres de la Cour Constitutionnelle afin que dame Mborantsouo vienne nous expliquer le mécanisme qu’elle a mis en place au sein de cette institution pour voler systématiquement nos votes – les différents ministres de l’intérieur – les différents membres des commissions électorales – les responsables des massacres post-électoraux de 1993 à 2016 et leurs complices – la saisie puis la restitution au peuple de tous les biens ainsi que l’argent volé par les Bongo et leurs affidés – un calendrier clair et concis de la Transition pour rendre le pouvoir au peuple, et surtout pas à un autre Bongo. Enfin, toutes les arrestations doivent être visualisées par le peuple gabonais.
Enfin, le CGRi exhorte les membres du CTRI à clarifier ces points cruciaux, afin de crédibiliser leur coup d’État qui, pour l’heure, peine à convaincre la majorité.

*Peuple gabonais, le CGRi vous invite à demeurer vigilant car rien n’a pour le moment été entrepris pour améliorer ton quotidien conformément à ta soif de justice. Tous les coupables et responsables n’ont pas encore été arrêtés. Tout l’argent qu’ils t’ont volé, ne t’a pas encore été rendu. Les Bongo sont encore là et votre pays ne vous a pas encore été rendu.*

Le CGRi invite donc le peuple à demeurer vigilant et invite solennellement le Comité de Transition et de la Restauration des Institutions de faire preuve de logique et patriotisme en se détournant de toute influence de puissances étrangères, paternalistes et trop souvent mal intentionnées.

Vive Le Gabon éternel
Vive le peuple gabonais

Fait, le 7 Septembre 2023

*Le Conseil Gabonais de la Résistance* *-* *international (CGRi)*

Paul Essonne

Journaliste

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