« Accusé de rébellion par un étranger dans son propre pays » constate Serge Abslow.

C’est la trame du procès expéditif de notre jeune compatriote Armel Ferryse Ndjegou Mickala qui avait été rapté, il y à quelques semaines, dans des conditions non élucidées par une unité des forces de défense et de sécurité non identifiée. Après avoir été retrouvé en geôle au terme de longues recherches, il aurait été interpellé puis incarcéré pour REBELLION.

Rébellion, un bien grand mot, contre quel ordre établi et contre quelle autorité publique? Le seul fait que l’opinion retient de ce jeune homme, c’est une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux et dans laquelle, avec ses amis, de jeunes commerçants gabonais, ils s’étaient opposés à la gestion par un commerçant étranger, un certain Mamadou Manga, de la maison du commerçant dont ils revendiquent par ailleurs la propriété intellectuelle.

Dans cette vidéo surréaliste, on voit le jeune homme et ses amis, très remontés, sous le perron de cette maison du commerçant, s’interposer contre les velléités de sieur Mamadou Manga qui, sans la moindre pudeur, ne va pas se gêner de les menacer, affirmant ainsi sa capacité de nuisance certainement issue de ses longs bras en république gabonaise. On peut donc en déduire qu’il aura fini par mettre à exécution sa menace.

L’Article 247 du Code pénal qualifie de REBELLION, « toute attaque, toute résistance avec violences et voies de fait envers toute personne dépositaire de l’autorité publique ou toute personne chargée d’une mission de service public agissant pour l’exécution des lois, des ordres ou ordonnances de l’autorité publique, des décisions, des réquisitions ou mandats de justice ».

Au delà de l’évidence qui saute à nos yeux que notre jeune compatriote ne saurait être accusé de rébellion pour sa prise de position, ce qui est le plus choquant, c’est qu’un commerçant étranger se sente plus légitime qu’un gabonais à diriger « la maison du commerçant gabonais » au Gabon. Au point d’avoir l’outrecuidance de lui porter plainte dans un tribunal gabonais, en se servant comme exécutants de cette basse besogne, les OPJ et les magistrats gabonais.

À la seule pensée de ce culot, je ne peux que valider la théorie de la prise de possession de notre pays par les étrangers. Est-il pensable et possible qu’un gabonais aille prétendre diriger, avec arrogance qui plus est, une maison du commerçant malien à Bamako, du commerçant sénégalais à Dakar ou du commerçant Burkinabé à Ouaga? Même à Kyè-ossi de l’autre côté du Ntem, plus près de chez nous, cela relève de l’impossible.

Mais cette actualité qui passera désormais pour un non évènement, du fait que le jeune compatriote a été purement et simplement relaxé, les charges retenues contre lui n’ayant pas été établies par le juge (que je remercie au passage), jette sur la place publique, un débat qu’il va falloir ouvrir désormais. Celui de la place des gabonais dans leur pays et de cette propension de plus en plus affichée des étrangers à les marginaliser, ridiculiser, brutaliser et fragiliser.

Qu’est-ce qui autorise depuis un certain temps ces étrangers à qui notre pays à ouvert ses bras, à se permettre toutes sortes d’intentions et d’actions dont les conséquences s’imposent aux autochtones, pendant que leur motivation et leur justification s’inscrivent manifestement dans un déni et un rejet assumés de la priorité, de la primauté et de la suprématie des gabonais sur les affaires de leur pays?

On ne le dira jamais assez, les gabonais sont un peuple hospitalier qui n’a jamais développé une conception xénophobique de la vie sur son territoire. Ce pays a apporté depuis son indépendance la preuve de sa tradition hospitalière en accueillant sur son sol tous les frères venus d’Afrique et d’ailleurs. Et chaque étranger respectueux de notre histoire, de notre culture et de notre identité a toujours prospéré durablement au Gabon.

Ce compromis vieux de plus d’un demi-siècle d’hospitalité offerte aux étrangers tend à être rompu. Le remplacement identitaire auquel certains étrangers rêvent ces dernières années et pour lequel ils théorisent et s’organisent en secret, avec l’appui de cette « légion étrangère » qui a acquis des positions de pouvoir, ne prospèrera point. Si le Gabonais devait devenir un étranger chez lui, il y a fort à parier que ce pays connaîtra bientôt des jours sombres.

Serge Abslow

Paul Essonne

Journaliste

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