A l’aube de 2024, chacun doit assumer ses actes! Par François Ondo Edou

Un audio devenu viral inonde les réseaux sociaux après la tournée républicaine du Président Brice Clotaire Oligui Nguema dans le Woleu-Ntem. C’est celui du fils d’un « apparatchik » du PDG – encore un – qui annonce avec fracas sa démission du Parti Démocratique Gabonais.

Des sources concordantes indiquent que de très nombreux autres « camarades » de l’ancien parti unique vont emboîter le pas d’ici peu pour se livrer à une litanie indigeste de démissions. Curieux tout de même, parce que quand ces personnalités ont intégré le PDG, personne n’a jamais su quand et dans quelles fédérations ils ont signé leurs fiches d’adhésion. Parallélisme des formes aidant, la même discrétion observée au départ devrait, logiquement, accompagner leur départ du bateau, subitement devenu ivre, pour des raisons de positionnement politique.

Quand on fait de la politique, m’a -t- on appris, on doit avoir le courage d’assumer  les actes qu’on pose ou qu’on a posés, sinon on perd toute dignité ! L’ancien pouvoir a, par des décisions hasardeuses et irréfléchies, plongé le Gabon dans le chaos. Les résolutions de la  concertation politique, tout comme les dernières modifications de la Constitution, le couplage des élections présidentielle et législatives, n’ont jamais obéi à la mise en place de l’État de droit avec l’observance d’élections transparentes, justes,  crédibles et apaisées. Au contraire, toutes ces mesures ont consacré la perpétuation d’un système gangrené par la corruption des élites politiques et l’organisation d’élections pipées d’avance. Aucune voix, au sein du PDG, à commencer par ceux qui annoncent déjà leurs démissions, n’a osé tirer la sonnette d’alarme devant les nombreux signaux qui indiquaient pourtant  la descente aux enfers de notre pays. Le fils de Nguema Biyogho – Brice Clotaire Oligui Nguema – né d’une mère Téké et d’un père Yenguigne du clan de Tsira Ndong Ndoutoumou – le tout premier homme qui joua le Mvett sur du papier – a été le seul à relever le défi en organisant le coup de libération du Gabon.

Merci pour ce courage ! Pendant ce temps, tous ces nouveaux démissionnaires de circonstance appuyaient sans mot dire la « princesse » aux commandes de l’État, son époux grabataire et ses collégiens du bord de mer. Que non, la politique n’est et ne sera jamais un jeu de quilles !

Tout parti politique qui se respecte a un projet politique et une vision pour le pays. Ce sont ces éléments que la formation politique en question présente au peuple pendant les élections. Si les populations rejettent ledit projet  et c’est bien le cas au Gabon depuis des décennies, alors on accepte l’alternance démocratique, sans chercher à tripatouiller les résultats électoraux. On est, de ce fait, appelé à revoir sa copie pour la proposer au peuple souverain à la prochaine élection. En France, notre référence habituelle, les exemples sont légion. Prenons les plus significatifs. Le Parti Socialiste Français n’a jamais enregistré des démissions en bloc après la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle de 1995. Le Front National  n’a jamais renié ses convictions après les défaites successives de Jean-Marie ou de Marine Le Pen. Chez nous, certains hommes politiques, à l’instar de Luc Bengono Nsi ou de votre humble serviteur, les partis de l’opposition, notamment l’Union Nationale ont poursuivi le combat politique après les coups d’État électoraux de 1993, 1998, 2009 et 2016.

Aujourd’hui, nos frères du PDG doivent comprendre qu’en toute chose, il y a une fin. Ils doivent donc présenter à l’opinion une autre image plus acceptable de la classe politique. Pas celle d’un groupe d’opportunistes prêts à quitter le bateau dès qu’il commence à prendre de l’eau ou celle de responsables toujours enclins à être dans les bonnes grâces  du pouvoir quel qu’il soit et   bénéficier ainsi des nominations et autres prébendes. Ce temps est révolu !

Il ne viendra manifestement pas à l’idée du Président de la Transition, ni aux nombreux patriotes que compte le Gabon de pratiquer une chasse aux sorcières. Ce n’est ni dans nos mœurs ni dans nos pensées profondes, parce que les Gabonais sont des frères qui doivent tous regarder dans la même direction et réfléchir ensemble aux solutions pour participer ensemble à la reconstruction de notre pays.

Pour autant, aucun patriote ne saurait accepter d’absoudre les nombreux crimes de sang et autres perpétrés par les anciens dirigeants du PDG et leurs comparses sans au moins une confession publique. C’est tout l’objet de la future Conférence Nationale que les autorités de la Transition projettent pour le mois d’avril 2024.

Il ne sert à rien de courir pour l’instant. Il faut partir à point. Les fils du Gabon, sans exception, doivent s’asseoir pour revisiter le passé et tracer les contours pour un nouveau vivre ensemble ! Aucun jumping n’est permis ! Chacun doit assumer ses actes et ce n’est qu’après la grand-messe d’avril 2024 que le pardon et la réconciliation pourront intervenir ! Il ne faut brûler aucune étape !
François ONDO EDOU, Sénateur de la Transition, Vice Président de l’Union Nationale.

Paul Essonne

Journaliste

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