En faveur d’une bio économie pour lutter contre la faim et la crise climatique en Afrique.

La prochaine session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique qui se tiendra à Kinshasa (RDC), examinera les opportunités de bio économie, et d’autres problématiques auxquelles le continent est confronté.

Les forêts d’Afrique offrent d’énormes possibilités, non seulement en termes de prospérité, mais aussi en tant qu’outil permettant de lutter contre le changement climatique et la faim, et de renforcer la résilience du continent face aux crises futures.

Les forêts sont vitales en tant qu’hôtes de la biodiversité, puits de carbone et sources de moyens de subsistance pour les communautés locales.

Mais les forêts d’Afrique subissent une pression énorme, car la demande économique entraîne la déforestation et d’autres pratiques non durables.

Les forêts alimentent les secteurs de la construction, de la production, des services, de l’agriculture, de l’énergie et de la santé. En ce qui concerne l’énergie en particulier, l’Afrique est très dépendante du bois de chauffage, qui représente plus de 40 % de l’approvisionnement total en énergie primaire. La demande globale de bois dépasse l’offre, ce qui fait de l’Afrique un importateur net de produits forestiers.

La demande devrait croître de manière exponentielle au cours des prochaines décennies. La consommation annuelle mondiale de toutes les ressources naturelles, y compris celles provenant des forêts, devrait plus que doubler pour atteindre 190 milliards de tonnes d’ici 2060, sous l’effet de la croissance démographique et de l’augmentation de la richesse. La biomasse, y compris les produits forestiers, fournit environ un quart du total et ce pourcentage devrait également croitre.

La satisfaction de cette demande ne doit pas se faire au détriment des écosystèmes, mais doit être durable grâce à une efficacité accrue, à la restauration, au reboisement et au boisement des terres dégradées.

Une bio économie durable, neutre en carbone et circulaire peut être construite grâce à des produits forestiers durables, ligneux ou non. Les pays qui ont déjà adopté ce concept émergent sont l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Ghana, la Namibie et l’Ouganda.

Une bio économie fondée sur la forêt soutiendrait le développement socio-économique des communautés locales et renforcerait les chaînes de valeur forestières au-delà des produits forestiers primaires. Des plantations durables permettraient de répondre aux besoins de l’Afrique en bois de chauffage et autres bois. Les industries connexes, notamment l’écotourisme et la production de fruits et de noix forestiers, seraient développées. Les « déchets » seraient réutilisés pour créer d’autres emplois, biens et services.

En Afrique, cela nécessiterait des politiques aux niveaux local, national et régional qui impliqueraient le secteur forestier dès le début du processus. Des partenariats public-privé novateurs sont nécessaires. Le partage d’informations sur les leçons tirées entre les pays doit être encouragé.

Cette approche de la bio économie est l’un des sujets qui seront abordés la semaine prochaine lorsque des experts techniques, des conseillers politiques, des représentants des communautés forestières et des responsables gouvernementaux de toute l’Afrique se réuniront à Kinshasa à l’occasion de la 23e session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique (CFFSA), accueillie par le gouvernement de la République démocratique du Congo.

La Commission, établie par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est le forum continental le plus important pour discuter des questions politiques, scientifiques et techniques relatives à la foresterie et à la faune sauvage.

Parmi les autres sujets qui seront abordés la semaine prochaine, citons le rôle des forêts et de la faune sauvage dans les programmes de relèvement après la crise de Covid-19, les progrès réalisés dans la lutte contre la déforestation et la gestion durable de la faune sauvage en Afrique.

La FAO travaille avec des partenaires dans toute l’Afrique pour promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes grâce à des systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. Des projets de plusieurs millions de dollars, menés par les pays, sont déjà en cours dans de nombreux pays africains fortement boisés, afin de promouvoir une utilisation durable des forêts qui permettra d’équilibrer les moyens de subsistance et la prospérité économique avec le stockage du carbone, le reboisement et le renforcement des écosystèmes.

Les recommandations de la session de la CFFSA de la semaine prochaine seront transmises aux gouvernements par l’intermédiaire des délégations participantes et alimenteront les discussions au niveau mondial au sein de la FAO. C’est par le biais de ces forums que la recherche de consensus et le partage d’informations peuvent contribuer à la mise en place de secteurs forestiers et fauniques robustes et durables en Afrique.

Un éditorial d’Edward Kilawe, secrétaire par intérim de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l’Afrique (CFFSA) de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Paul Essonne

Journaliste

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