« Bidouillage et gaspillage, le grand maquillage » le triste constat de Serge Abslow.

Ce sont les seules options que semble avoir choisi le Gabon depuis plusieurs années. Je l’ai déjà dénoncé dans de nombreux billets. Mais rien ne change. Quoiqu’on en dise, ça glisse sur nos gouvernants comme l’eau de pluie sur le plumage d’un canard. Puisqu’ils insistent dans leurs voies, nous aussi on continuera d’enfoncer le clou. Une chose est certaine, tant qu’on ne sera pas heureux, on ne leur foutra pas la paix. On ne se taira pas.

Et chaque situation burlesque qu’on nous fera vivre, sera traitée sous l’angle de la dénonciation. Comme ces bidouillages en cours de réalisation dans les artères de Libreville et principalement sur le front de mer. Partant du feu rouge de la présidence jusqu’aux Jardins de Jades, on voit des marteaux piqueurs à l’œuvre. Alors que les besoins sont ailleurs dans les quartiers, eux ils ont choisi de bousiller ce qui ne posait aucun problème.

Le seul endroit qu’ils estiment avoir besoin d’un relooking, c’est le boulevard du bord de mer, là où passe le patron? Certainement pour lui montrer qu’ils bossent. De la vraie poudre aux yeux! On les attend sur le tronçon PK13-Kango. Là il y a matière à faire et c’est là que leur absence est criarde. Mais les pavés longitudinaux qui viennent remplacer la couche de bitume en parfait état depuis plus de 30 ans, sont une belle opération de cosmétique.

Il en est de même, pour l’installation de ces rampes de protection en alu devenues « de non franchissement » le long du même boulevard, de la présidence à l’aéroport. Un vrai travail de quincaillers qui masque mal une visible maîtrise technique des sociétés responsables. L’absence d’esthétique et de symétrie de ces ouvrages, vient ajouter une couche de honte a celle des trois échangeurs de la voie expresse. Combien de milliards ont-ils été dépensés dans ces bidouillages? On le saura bien assez tôt.

Mais au delà des malfaçons évidentes, quelle plus-value apportent ces « petits travaux d’hercule » aux problèmes décriés par les gabonais, notamment l’embouteillage? J’ai plus tendance à penser que le phénomène s’est amplifié avec le réamenagement du rond point des « jardins de Jade ». Je ne vois pas comment, sans avoir créé une voie de désengorgement, ce nouvel aménagement pourrait résorber l’embouteillage sur cet axe. Attendons voir.

Il n’en est pas moins que tous ces bidouillages sont un vrai gaspillage de deniers publics. Pourquoi ne pas financer de vrais projets alternatifs plutôt que ces petits rafistolages provisoires qui nous inscrivent dans un éternel recommencement? Akanda qui deviendra d’ici peu la plus grande commune du Grand Libreville, sera-t-elle toujours desservie par cette seule et unique « ruelle » qui y mène? Pourquoi donc toujours ce pilotage à très courte vue?

Dans le registre de ces gaspillages qui n’émeuvent apparemment plus personne, je voudrais rappeler à la mémoire des gabonais, cet immeuble fantôme situé en face de la Primature, entre l’ancienne BEAC et la nouvelle BEAC autrefois destiné à la Douane. 10 ans après qu’il ait été érigé à grands frais, il demeure inutilisé et se détériore dans l’indifférence de tous. Un bâtiment construit avec l’argent public doit-il être abandonné par les pouvoirs publics sans aucune explication?

Ce seul exemple met en relief l’absence de responsabilité qui caractérise nos gouvernants. Parce que dans un pays où les administrations publiques sont locataires, il est ahurissant que des bâtiments publics construits avec l’argent public soient ainsi mis au rébus avant même d’avoir servi. Le PM et le ministre de tutelle détournent leurs yeux et regardent ailleurs. Il ne faut pas attendre des députés et sénateurs, qu’ils ouvrent les yeux.

Voilà le pays dans lequel nous évoluons. Un pays devenu un grand salon de la cosmétique où les façades sont systématiquement « brandées » pour donner une impression de neuf alors que tout est vieux. Qui peut nous dire quelle est la dernière vraie route créée à Lbv? Et quel est le dernier grand bâtiment public sorti de terre dans cette ville? Tout ce qui s’y construit est le fait de privés qui travaillent pourtant avec l’argent public.

Cette « conception dérisoire » des problèmes de la nation qui commande cette « dimension provisoire » des choses, sont la matrice conceptuelle de cette gouvernance chaotique et catastrophique qui caractérise le Gabon. Bricolages permanents, tricotages inquiétants, rafistolages hallucinants… sont autant de gribouillages sur la copie de l’examen du développement durable auquel compétit le Gabon.

Paul Essonne

Journaliste

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