Difficile de ne pas être saisi par le mouvement en cours. Laisser pourrir la situation jusqu’au Nouvel an, ce qui devait être une tentation pour les autorités avant le 1er janvier 2022, apparaît désormais impossible.
Tout se passait comme s’il allait de soi que certaines règles devaient être respectées. Pour le dire clairement, il n’y a rien de réjouissant à ce qu’il ait fallu en arriver là, jusqu’à ce point de rupture, pour que quelque chose ait lieu, et quelque chose qui emprunte à des formes pré-modernes de l’action collective, sous des formes certes renouvelées. Là est la limite, mais aussi une importante leçon. En cela, le mouvement de la ville morte du 15 décembre dernier est peut-être d’un autre temps, mais il en dit beaucoup sur notre époque. Dans tous les cas, le mouvement de la ville morte s’érige en une expérience qui consiste à découvrir ou redécouvrir un pays figé dans l’abandon. Dans cette perspective, il relève moins d’une logique spatiale que d’une mise en question du temps. Cela a un coût dont il faut prendre la mesure : la soumission à un ordre juste. Peut-être ne s’agit-il que d’un simple jeu de l’esprit. Mais peut-être est-il au contraire révélateur de certaines caractéristiques fondamentales du mouvement en cours : son unité improbable, son ancrage populaire.
Rien n’est fait pour lier les luttes contre la politique sanitaire du gouvernement qui cherche à diviser les travailleurs vaccinés et non vaccinés au lieu de proposer une vraie politique de liberté et d’égalité. Ainsi, un maximum de Gabonais pourrait s’il le souhaite, sans contrainte ni discrimination politiquement et socialement désastreuses, accéder à son choix.