Les Fatimides héritèrent de leurs prédécesseurs, les Aghlabides, l’intérêt que ceux-ci avaient porté à la Sicile. Il avait fallu aux Aghlabides plus de soixante-dix ans (de 212/827 à 289/902) pour conquérir toute la Sicile, qui fit ensuite partie du monde musulman pendant deux siècles.
La domination fatimide en Sicile ne commença pas sous de bons auspices : les habitants de l’île chassèrent l’un après l’autre les deux gouverneurs nommés après 297/909 par ˓Ubayd Allāh et élurent en 300/912 leur propre gouverneur, Aḥmad ibn Ḳurhub. Ce dernier se déclara pour le calife abbaside et envoya sa flotte contre l’ Ifrīḳiya à deux reprises. Vaincu lors de la seconde expédition, et après avoir régné pendant quatre ans en souverain indépendant, Ibn Ḳurhub fut abandonné par ses troupes et livré au calife fatimide qui le fit mettre à mort en 304/916. C’est seulement alors que la Sicile fut de nouveau rattachée au domaine des Fatimides, mais elle fut ensuite, pendant trente ans, le théâtre d’une grande agitation qui confina à la guerre civile. La population musulmane était divisée ; il y avait constamment des frictions entre les Arabes d’Espagne et d’Afrique du Nord, d’une part, et les Berbères, de l’autre. La situation était encore compliquée par les dissensions issues de la vieille rivalité entre les Yéménites de l’Arabie du Sud, y compris les Kalbites, et les Arabes du Nord.
La situation ne s’améliora et l’ordre ne fut rétabli que lorsque le calife eut envoyé al-Ḥasan ibn ˓ Alī al-Ḳalbī comme gouverneur, en 336/948. Sous al-Ḳalbī (mort en 354/965) et ses successeurs, qui formèrent la dynastie des Kalbites, la Sicile musulmane devint une province prospère et jouit d’une autonomie croissante.
Les musulmans réorganisèrent la Sicile tout en conservant les solides fondations sur lesquelles les Byzantins l’avaient établie. Ils allégèrent quelque peu le lourd système fiscal byzantin, divisèrent plusieurs latifundia en petites exploitations que les paysans qui en étaient les tenanciers ou les propriétaires soumirent à une culture intensive, et perfectionnèrent l’agriculture en introduisant de nouvelles techniques et de nouvelles espèces végétales. Les auteurs arabes soulignent l’abondance des métaux et des autres minéraux, comme le sel ammoniac (chlorure d’ammonium) qui était un précieux produit d’exportation.
C’est à cette époque qu’on commença à cultiver les agrumes, la canne à sucre, les palmiers et les mûriers. Quant à la culture du coton, elle dura encore longtemps, jusqu’au VIIIe/XIVe siècle. Les cultures maraîchères firent des progrès encore plus remarquables : la Sicile exportait vers l’Europe occidentale des oignons, des épinards, des melons, etc.
Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)
Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)
Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….
D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…
Sur la révolte, voir R. Le Tourneau, 1954.
Ibn Khaldūn, 1925-1926, vol. 2, p. 548.
Sur l’histoire de la Sicile à l’époque musulmane, voir l’ouvrage classique de M. Amari, 1933-1939.