Lorsqu’un pape décède, le Vatican met en œuvre un protocole précis alliant traditions religieuses, logistique rigoureuse et enjeux diplomatiques majeurs. La mort d’un pape n’est pas un événement ordinaire : il est à la fois le guide spirituel d’un milliard de catholiques et le souverain de la Cité du Vatican. Sa disparition impacte profondément les fidèles et l’organisation millénaire de l’Église catholique.
Qui vérifie officiellement sa mort ? Comment s’organisent ses funérailles ? Qui gouverne le Vatican entre deux pontificats ? Et surtout, comment choisit-on son successeur ? Voici les réponses aux questions essentielles soulevées par la disparition d’un pape.
La mort d’un pape est constatée par le cardinal camerlingue, un personnage peu connu mais crucial dans la hiérarchie vaticane. Son rôle est essentiel pour garantir la reconnaissance canonique de la vacance du siège pontifical. En cas de décès, c’est lui qui procède à la déclaration officielle. Autrefois, le protocole exigeait que le cardinal camerlingue frappe le front du pape trois fois avec un petit marteau d’argent en l’appelant par son nom de baptême. Si aucune réponse ne venait, il déclarait : « Le pape est mort ». Bien que cette pratique ait disparu, la constatation de la mort demeure entre les mains du camerlingue, assisté par le préfet de la Maison pontificale et un médecin.
Une fois la mort officiellement établie, la chambre papale et l’appartement personnel du pape sont scellés pour éviter toute manipulation de documents ou d’objets. Le sceau du pape est également détruit, symbolisant ainsi la fin de son autorité. À ce stade, le cardinal camerlingue devient l’administrateur temporaire du Vatican, mais il ne peut pas prendre de décisions importantes ; il assure uniquement les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau pape.
Les funérailles du pape suivent un cérémonial strict, codifié dans la constitution apostolique Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II et révisée par ses successeurs. Le corps du pape est exposé pendant plusieurs jours dans la basilique Saint-Pierre, permettant ainsi aux fidèles de lui rendre hommage. La liturgie funèbre dure neuf jours (les « novemdiales »), et les obsèques sont généralement célébrées le cinquième ou le sixième jour après la mort.
Le cercueil du pape est toujours triple : un cercueil intérieur en cyprès, un cercueil en plomb, puis un dernier en bois plus noble (souvent en orme). L’ensemble est enterré dans les grottes vaticanes, généralement dans la crypte où reposent ses prédécesseurs. Un document récapitulant les faits marquants de son pontificat est également inséré dans le cercueil.
Lors des funérailles de Jean-Paul II en 2005, plus de 3 millions de pèlerins avaient afflué à Rome, et environ 200 chefs d’État et de gouvernement avaient assisté à la cérémonie, retransmise dans le monde entier. Le décès d’un pape est donc aussi un événement diplomatique de premier plan.
Entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur, la période appelée « sede vacante » (siège vacant) s’installe. Pendant cette phase, le gouvernement de l’Église est suspendu. Aucun grand changement ne peut être entrepris, aucune nomination ne peut être faite. Le collège des cardinaux se réunit quotidiennement pour gérer les affaires urgentes et organiser le conclave, l’assemblée chargée d’élire le nouveau pape.
Le camerlingue supervise cette période avec l’aide de trois cardinaux assistants tirés au sort. Ensemble, ils assurent la transition et la continuité administrative. Le gouvernement du Vatican reste donc fonctionnel, mais limité. Les médias du Vatican, dont Radio Vatican et L’Osservatore Romano, se concentrent exclusivement sur le décès et les préparatifs du conclave. Le monde catholique entre alors dans une phase d’attente solennelle, à la fois religieuse et politique.