« Une réflexion en hommage au général Toussain Louverture, le héros mythique de la première République moderne noire indépendante » par Grégoire Biyogo.

Quand on regarde l’Histoire des Noirs depuis les deux Traites, quant on la connaît un tant soit peu, avec ses cruautés indescriptibles, ses génocides, ses crimes contre l’Humanité encore en suspens, ses Codes bestiaux, les Congrès, les Accords et les Lois déshumanisantes qui la ponctuent, l’on ne peut que s’étonner de deux attitudes infiniment absurdes. D’une part, que les Africains eux-mêmes, ayant accédé à la gouvernance, puissent continuer de tétaniser les libertés des Africains au sein même du continent et de maintenir les peuples sous condition de paupérisation. Et d’autre part, que les civilisations qui ont orchestré ces exactions contre les Noirs ne se se soient pas définitivement empressées de mettre un terme à cette conception dominatrice des échanges avec les Etats africains, en renonçant aux Accords de coopération juridiquement insoutenables avec la surexploitation économique, et la création des nébuleuses françafricaines qui prolongent la servitude du continent. L’idée que des êtres puissent dominer d’autres Hommes, qui qu’ils soient m’est inacceptable.

A cela, deux questions troublantes se posent : puisque nous sommes toujours prisonniers d’une Histoire dominatrice, puisque nos héros d’hier sont tombés avec honneur, et que leur Résistance doit continuer en nous et produire du fruit jusqu’à l’indépendance économique et politique totale, pourquoi le camp de la Résistance n’est-il pas davantage investi aujourd’hui ? Pourquoi doit-on continuer d’excuser l’inexcusable ? Pourquoi doit-on continuer de tolérer que le continent le plus riche soit le plus pauvre ?

Alors que la culture de la Résistance soit revendiquée, enseignée, pratiquée, que les héros à nouveau se lèvent parmi les Noirs du Monde entier, car tous les Hommes sont nés pour dire Non à la servitude et Oui à la liberté. Et que, au milieu des civilisations militairement fortes, au milieu des puissances qui dominent le monde aujourd’hui, se lèvent des esprits libres, ouverts, émancipés, pour revendiquer ce Monde redevenu équitable que nous avons à construire tous, en faisant l’économie de ce rapport de domination, du dogme révolu de l’inégalité principielle des peuples, ou de celui non moins ahurissant des peuples qui seraient hors de l’Histoire ! Pas même les Pygmées ne le sont, eux qui les premiers ont peuplé la Terre et desquels nous avons tout à apprendre. Eux dont la Résistance au fétichisme de la marchandise est si prodigieuse…

Alors daignons-nous approprier ces pensées révolutionnaires : tout être qui se soumet choisit de se soumettre, le post-colonisé qui obéit à la servitude choisit la servitude. Les privilégiés qui sont indifférents à la Cause des Damnés de la Terre sont petitement privilégiés…

Grégoire Biyogo, politiste, philosophe, égyptologue. Président du Comité International des Savants et des Experts Africains (CISEA).

Paul Essonne

Journaliste

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