Un énième emprunt obligataire du Gabon à 458 milliards de francs CFA : une vraie fausse bonne nouvelle.

A l’issue de l’emprunt obligataire du 17 novembre 2021 effectué par l’Etat, d’une valeur de 458 milliards de francs CFA sur le marché financier international à un taux d’intérêt de 7% pour une maturité finale de 10 ans, il faut dire que la confusion est facile. Ce dernier consisterait à mutualiser les dettes du Gabon pour faciliter son crédit.

En effet, il y a de quoi se montrer prudent, en raison du rôle donné aux fonds publics. Pourtant, le taux de participation record au rachat s’établissant à plus de 90% de l’encours résiduel ou 95% de l’encours original de l’instrument à échéance 2024.  En plus d’apporter des garanties aux opérateurs privés, l’Etat participe à une opération de rehaussement de crédit. Car, le rachat de manière anticipée de plus de 90% de l’encours résiduel de l’émission arrivant à échéance en 2024 d’un montant de 420 milliards de FCFA. L’opération change donc la finalité première des fonds publics : plutôt que d’être affectés directement à des projets, ils permettent à des investisseurs privés d’emprunter moins cher. Le recours à des emprunts obligataires intempestifs, justifié en cas de déficit de financement, ne peut être détourné de sa vocation première au risque de devenir dangereux pour les investisseurs.

Reste à s’assurer des raisons qui motivent le recours à ces emprunts. Les utiliser pour le développement du pays n’est pas forcément pertinent, car le Gabon n’a pas de difficulté véritable à trouver des capitaux, étant réputées de bonne rentabilité. Rappelons qu’u profil de remboursement in fine en capital, quasi-obligé du fait de l’appétit des investisseurs pour les produits simples à gérer, naissent deux risques l’année terminale : le déséquilibre budgétaire et l’impossibilité de refinancement étant entendu que, à volume d’investissement donné, il faudra emprunter plus. Les intérêts induits réduisent à néant et même au-delà l’avantage tiré du recours à l’obligataire. Etre autorisé à placer la trésorerie ainsi générée, comme d’aucuns le prônent, ne résoudrait rien compte tenu de l’écart entre taux créditeurs et débiteurs.

Il serait judicieux que la phase pilote de mise en œuvre des emprunts obligataires de l’Etat, fasse l’objet d’un examen approfondi.

Paul Essonne

Journaliste

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