Dans son exposé prospectif du cadre de coopération avec le Gabon pour la période 2023-2027, la Banque Mondiale expose une prévalence significative du chômage chez les jeunes, atteignant un taux de 38%. Cette constatation préoccupante est exacerbée par la croissance soutenue de la masse salariale publique qui est une caractéristique saillante du marché de l’emploi gabonais. Ainsi, la lutte contre le chômage, spécifiquement parmi la jeunesse, est une problématique de première importance tant elle revêt des dimensions à la fois sociales, économiques et politiques aux yeux des autorités gabonaises.
Conformément à la définition canonique du Bureau International du Travail, le chômeur se définit comme un individu en âge de travailler, dépourvu d’emploi, activement engagé dans la recherche d’un emploi et disponible pour occuper un emploi. Ainsi, les répercussions du chômage, tant à l’échelle macroéconomique qu’individuelle, sont substantielles. Sur le plan macroéconomique, le chômage est appréhendé comme une ressource latente sous-exploitée pour deux motifs prédominants. D’une part, les individus en situation de chômage représentent une réserve de main-d’œuvre disponible mais inemployée, ce qui restreint la capacité productive de l’économie nationale. Cette sous-utilisation des ressources humaines se traduit par une réduction du potentiel de production des biens et des services qui entravent la croissance économique globale du pays.
D’autre part, le chômage occasionne un affaiblissement de la demande agrégée au sein de l’économie, étant donné que les chômeurs disposent de revenus amoindris à dépenser. Cette diminution de la demande peut mener à une baisse de la production dans divers secteurs économiques en altérant systématiquement les performances économiques dans leur ensemble. En effet, une diminution du pouvoir d’achat des individus se traduit par une baisse des ventes pour les entreprises, pouvant les inciter à réduire leur production et à procéder à davantage de licenciements ce qui aurait pour conséquence d’amorcer ainsi un cercle vicieux de chômage et de rétraction économique.
Sur le plan individuel, le chômage exerce une influence néfaste sur les revenus des individus se traduisant par une réduction des ressources financières disponibles pour répondre aux besoins quotidiens et pour investir dans des perspectives futures. Par conséquent, les individus peuvent se trouver confrontés à d’importantes difficultés pour maintenir un niveau de vie digne de ce nom, voire être confrontés à des obstacles financiers croissants, tels que l’incapacité à acquitter des factures, à subvenir à leurs besoins personnels ou à rembourser des dettes.
Par ailleurs, le chômage accroît les risques de précarité et de marginalisation sociale. Les individus sans emploi peuvent se retrouver dans une situation précaire en faisant face à des obstacles pour accéder à un logement décent, à des soins de santé adéquats ou à une alimentation suffisante. De surcroît, le sentiment d’exclusion sociale peut se renforcer, car le chômage peut entraîner une diminution du statut social et de l’estime de soi, ainsi qu’une stigmatisation au sein de la société.
De surcroît, le chômage érode le capital humain en diminuant la confiance en soi des individus. L’incapacité à trouver un emploi peut engendrer des sentiments de frustration, de désespoir et d’inutilité, portant atteinte à la santé mentale et émotionnelle des personnes touchées. Les conséquences du chômage peuvent être d’une extrême gravité, pouvant entraîner des suicides, de l’insécurité, des tensions sociales et une5 profonde dégradation des mœurs. De plus, la prolongation du chômage peut entraîner une diminution des compétences professionnelles et une obsolescence des connaissances susceptibles de réduire la valeur sur le marché du travail et complexifiant la réinsertion professionnelle.
Pour pallier cette dynamique contraignante, diverses mesures peuvent être envisagées. En premier lieu, la nationalisation de l’emploi, visant à favoriser l’intégration des travailleurs nationaux dans le marché du travail, se profile comme une initiative centrale. Cette approche, soutenue par la mise en place d’un organe interministériel chargé de superviser l’emploi des travailleurs étrangers, s’inscrit dans une logique de protection et de promotion de l’emploi national. En outre, les stratégies de promotion det l’entrepreneuriat parmi les chômeurs, à travers des actions de sensibilisation, de formation, de soutien financier et d’accompagnement par des professionnels, constituent des mesures cruciales pour dynamiser la création d’entreprises et diversifier les opportunités d’emploi.
En parallèle, une démarche prospective devrait s’articuler autour de l’intégration de l’éducation à l’entrepreneuriat à tous les niveaux du système éducatif. En initiant les jeunes dès leur plus jeune âge aux principes fondamentaux de la création d’entreprises, il est possible de façonner une génération d’acteurs économiques résilients et innovants, capables de transformer les défis du chômage en opportunités de développement économique durable.
En outre, un partenariat renforcé entre le secteur public, le secteur privé et la société civile pourrait être instauré afin de favoriser la création de programmes spécifiques d’emploi et de formation adaptés aux besoins du marché, tout en garantissant une coordination efficace des ressources et des efforts dans la lutte contre le chômage des jeunes.
Auteure : Mbika Fride Clara