Après 1 an de gouvernance médiocre. En un an à la tête du gouvernement, Julien NkogheBekale est le seul premier ministre d’Ali Bongo à avoir procédé à8 remaniements ministériels successifs, un record en moins d’un an. C’est aussi un premier ministre dont les membres du gouvernement sont noyés dans plusieurs scandales financiers au point de décrédibiliser l’ensemble du gouvernement. Plongée au cœur d’une gouvernance médiocre qui n’a jamais su se hisser au niveau des attentes des populations.
A la lecture du nom de Julien Nkoghe Bekale au poste de premier ministre par l’énigmatique Jean Yves Teale, Secrétaire général à la présidence, ce 11 janvier 2019, une légère satisfaction a envahi la population. Pour deux raisons.
D’une part, son profil de magistrat, fonction symbole de droiture et d’intransigeance, a fait naître l’espoir d’une administration potable. Un espoir très vite devenu une fumisterie. Lutter contre la corruption endémique qui gangrène cette grande administration est une antienne. ! Le fléau a plutôt atteint une ampleur stratosphérique en quelques mois, encouragé en cela par la longue convalescence d’Ali Bongo, victime d’un avc à Riyad. Certains ministres et autres directeurs de sociétés parapubliques et d’administrations se sont donnés à cœur joie dans les caisses de l’Etat. Une nouvelle classe de riches a aussitôt émergé, paradant dans des berlines de dernière génération au grand dam du bas peuple.
D’autre part, le retour de ce poste aux fils de l’Estuaire a semblé rétablir les équilibres hérités de la géopolitique Omarienne. Les populations des bords du Komo avaient vu, là aussi, une réponse à leurs nombreuses récriminations qui, entre autres, ont valu au candidat PDG Ali Bongo Ondimba en 2016, un modeste 37.33% devant un Jean Ping triomphant à 60.88 %. Un déni des populations de l’Estuaire.
Le défi était donc énorme pour l’homme de Ntoum, l’Estuaire, en dehors de la façade maritime de Libreville sa capitale, est une province profondément enclavée. Toutes les voies reliant les villes de la province sont soit fermées soit dans un état de dégradation très avancée. La route Cocobeach-Libreville est presque fermée. Rallier Kango, du moins jusqu’au PK 80, est une gageure. La Nationale 1 est devenue le symbole de cette gouvernance médiocre certes, mais héritée des précédents gouvernements.
Autre illustration de cette médiocrité, l’inconstance des gouvernements. En une année, Julien Nkoghe Bekale a réaménagé son gouvernement huit fois. Un record dans l’histoire politique du pays. Le dernier en date est du 2 décembre qui a précédé un autre le 7 novembre. Des gouvernements successifs faits de bric et de broc et dont les nombreux castings semblaient aux antipodes des attentes et du peuple et du président. Sur quelle base ces hommes et femmes étaient-ils choisis ?
Ces changements s’accompagnant de nouvelles dénominations et d’ajouts de portefeuilles, ont eu pour conséquence de diluer l’efficacité gouvernementale. Certains chefs d’administration n’ont pas eu le temps de commander de nouveaux cachets que le département avait changé de dénomination ou de responsable.
Pour ses défenseurs, Julien Nkoghe Bekale n’a pas eu de marge de manœuvre devant le tout puissant Brice Laccruche Alihanga, ex Directeur de cabinet d’Ali Bongo qui avait la main mise aussi bien sur le parti que sur l’administration centrale. Les nominations et autres promotions se faisaient sous la bénédiction de « dieu ». Au point d’éclipser ce premier ministre sans envergure, lecteur lassé mais assidu des réaménagements ministériels.
Peut-on alors lui trouver des circonstances atténuantes pour cette gestion brinquebalante ? Pas si sûre, « Il devait assumer son rôle et marquer son empreinte. Ce qu’il n’a pas été fait », rétorque un connaisseur du landerneau. En réaction, ses proches arguent que le Premier ministre n’a pas eu le temps de s’affirmer car, aussitôt nommé, il s’est retrouvé au milieu de tirs groupés entre clans rivaux qui se disputaient le contrôle du bord de mer. Il serait resté aux ordres de l’une des nébuleuses qui a opérée une mue spectaculaire le 5 décembre dernier. Et qui ne lui pardonne pas aujourd’hui sa trop grande proximité avec le pestiféré BLA. Julien serait sur une chaise éjectable. C’est une affaire de jours. A preuve, sa récente rencontre avec les populations du cru, à Ntoum, son village, réunies pour fêter la bonne année, a donné tous les signes d’un au revoir. Ce n’était pas le grand jour.
C’est le dernier numéro de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, souvent au faite des arcanes du palais du bord de mer qui a jeté la graisse sur le feu les remplaçants de Julien font l’objet de discussions. Son éviction serait donc actée.
Chez les nouveaux propriétaires du bord de mer, il serait accusé d’avoir « Laissez-faire » certaines gabegies. De s’être allié à l’Ajev et à son président. Après la tournée républicaine de BLA, l’apothéose fut l’Estuaire, notamment Libreville qui a battu tous les records de mobilisation. C’est aussi, malheureusement, ce jour-là que BLA et ses acolytes ont signé leur arrêt de mort. La vague bleue a réveillé de leur somnolence Nourredin et Sylvia, présents ce jour au stade de Nzeng-Ayong. Leur cheval de Troie avait pris une stature…présidentielle !
Mais comment Julien ou tout autre Premier ministre aurait-il pu faire autrement au risque de perdre sa fonction tant « Certains actes » auraient porté le sceau de « l’ami intime du président » dont il recevait les ordres ? Et chacun se souvient du fameux « Qui boude bouge ! ». Le prochain gouvernement donnera une meilleure lisibilité des enjeux de 2023 et ses acteurs.