Qui sera le nouveau Recteur de l’UOB ?

Par courrier n°036.20/UOB/R du 11 février 2020, Le Professeur Marc Louis Ropivia, Recteur de l’Université Omar Bongo, a présenté sa démission au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et du Transfert de technologies.

Prenant acte de cette décision, qui crée la vacance de la fonction de Recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et du Transfert de technologies, fera application des dispositions de l’article 14 du décret n°00216/PR/MESRSFC du 28 Juillet 2017, fixant la procédure de désignation des chefs d’établissement public d’enseignement supérieur, pour pourvoir à la situation de vacance ainsi créée.

Quand vient le temps de choisir un nouveau Recteur, les universités suivent un processus qui leur est propre et qui peut sembler compliqué pour quiconque n’est pas du milieu universitaire.

On constate la permanence de nombreuses nominations relevant d’erreurs manifestes de casting (pas seulement pour des raisons de proximité politique). C’est ce manque de professionnalisme qui a conduit l’UOB dans un état catastrophique. Parallèlement, les limogeages divers, politiques, pour incompétence, mais aussi sans raisons claires ont été légions.

Car à l’image de la haute fonction publique, les recteurs ne sont pas réellement évaluées : la remontée négative ou positive est parfois celle des syndicats, mais plus souvent celle du maire, du ministre et bien sûr du Président de la République lorsque qu’une visite se passe mal.

Est-ce que les choses ont réellement bougé ? Oui par l’élargissement du vivier, non par les changements incessants de ministre de l’Enseignement Supérieur ou encore par la difficulté à repérer des profils. On demande au Recteur d’adapter la politique de l’État à leur territoire. Qui peut penser sérieusement que l’on peut piloter une académie très rurale de la même façon qu’une académie très urbaine ?

Être Recteur, c’est gérer le plus grand nombre de fonctionnaires sur un territoire mais surtout piloter un paquebot qui in fine concentre à la fois tous les problèmes et toutes les solutions de la société : les drames humains, les situations de crise y sont récurrents, et prennent souvent le pas sur les réussites. Cela demande des capacités de diplomatie, un sens politique (notamment dans les relations avec les syndicats), de communication, d’avoir du sang-froid et, par-dessus tout des compétences managériales. Le charisme est optionnel.

Le nouveau Recteur doit être un chef de file visionnaire et un universitaire accompli, qui déborde d’énergie et possède en outre une personnalité charismatique. De plus, et peut-être surtout, un génie des collectes de fonds.

L’UOB n’a-t-elle pas plutôt besoin de clarification et de simplification ? On peine toujours à saisir la cohérence d’une politique qui ressemble surtout à une valse-hésitation. C’est donc, au-delà de la fonction rectorale, un problème de l’organisation de l’État central lui-même qui est posé.

En effet, l’UOB est sous-financée, et cela, il faut le dénoncer, mais l’ennui, c’est qu’elle est aussi très mal gérée.

Le Recteur dirige une entreprise intellectuelle et on peut faire le pari qu’on trouvera toujours, au sein de la communauté universitaire, des justes qui voudront tenir ce rôle en vertu de ce qu’il représente au sein d’une société plutôt que de ce qu’il rapporte. Mais sa rémunération devra aussi être juste : entre ses responsabilités quotidiennes et les conditions plus détendues dont jouissent ses collègues professeurs, l’écart est tel qu’il commande une reconnaissance marquée, réelle.

Pour rappel, le Recteur de l’UOB est nommé par le Président de la République, d’après les résultats d’élections universitaires et les recommandations du conseil d’administration. Le système électoral est trop sujet au battage politique et aux négociations en coulisses. Il est inadéquat qu’un Recteur brigue son mandat en ayant recours à une plateforme électorale. De plus, ce système élimine la possibilité d’accepter des candidatures externes.

Il serait judicieux que le gouvernement abandonne la pratique de nommer les Recteurs de l’UOB, et qu’un comité de recrutement remplisse dorénavant cette fonction. Un renouveau serait bénéfique pour l’Université. La sélection d’un nouveau Recteur représente l’occasion d’injecter du sang neuf dans l’université.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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