En réalité, le problème est éminemment familial, que les gens ont amené sur la place publique. Prétextant que son entrée au gouvernement ne lui donne plus le droit d’être patron de la boîte. Chose vraie. Mais depuis sa candidature aux législatives, il ne signe plus rien.
Rappelons que, suite à sa décision n° 0013/HAC/2020 en date du 3 avril 2020, le Président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), Raphael Ntoutoume Nkoghe, avait décidé que l’équipe dirigé par Ceyrano Patrick Obiang continuerait d’assurer le service à la Télévision TV+ Gabon S.A.
En effet, cette délibération stipulait que le Ministère en charge de la Communication et l’Agence Nationale des Infractions Numériques (ANINF), allaient être chargés de veiller à l’application de la présente décision publiée au Journal Officiel de la République Gabonaise.
Malgré sa requête à la HAC, Joseph Ondong Atomo Mba Obame qui se présente comme Président Directeur Général de TV+ Gabon S.A conformément aux résolutions du Conseil d’Administration du 30 aout 2019 n’a pu obtenir gain de cause contre son cousin Franck Nguema, ancien administrateur de la télévision depuis sa création en 1999, passé député en 2018 puis ministre des Sports en 2019. Car la loi n° 019/2016 du 9 août 2016 portant Code de la Communication en République Gabonaise en son article 15 dispose « Ne peuvent être propriétaires ou dirigeants d’une entreprise de communication ou d’une entreprise des métiers de la cinématographie, les personnes ci-après : le Président de la République, les Membres des Institutions constitutionnelles, les membres du Gouvernement », l’article 18 dispose aussi « Tout propriétaire ou dirigeant d’entreprise de communication en situation d’incompatibilité doit automatiquement renoncer à ses activités dans l’entreprise par acte dûment notifié et enregistré par l’autorité de régulation. »
Aujourd’hui, Joseph Ondong Atomo Mba Obame, qui est l’un des fils du fondateur de TV+, le feu André Mba Obame, a déposé une plainte contre X auprès du Parquet national financier, à Paris. Pourtant, il doit comparaître devant le Juge des Référés du Tribunal de Première Instance de Libreville le 2 septembre prochain, pour une audience à la suite d’une plainte déposée par Yves Antoine Eyene Mba, un autre fils d’André Mba Obame. Celui-ci, accuse son frère Joseph Ondong Atomo de faux et usages de faux et réclame l’annulation d’actes illégaux de la succession Angue Obame Suzanne (propriétaire de 80% des actions de TV+). Il réclame aussi l’annulation du conseil d’administration du 30 août 2019 qu’il juge illégal, lequel a conduit à la nomination contestée de Joseph Ondong Atomo comme P-DG de TV+Gabon SA.
Dans combien d’entreprises familiales ne trouve-t-on pas des héritiers plus habiles à discourir des valeurs de la famille qu’à créer de la valeur par eux-mêmes. De même, seule une minorité des actionnaires a acquis volontairement ce statut, la majorité ayant hérité d’actions d’une entreprise créée et développée par la génération précédente. Les successions intervenant à un âge de plus en plus avancé, la diversité d’expérience et de vie des membres de la famille rend la probabilité de divergence entre eux, ainsi qu’avec les actionnaires de la génération suivante, de plus en plus élevée. Notamment en ce qui concerne les valeurs.
D’où la nécessité d’organiser des formations au métier d’actionnaire, qui ne s’invente pas, de manière à ce que la cession d’une participation ne soit jamais envisagée comme une solution naturelle à d’éventuels problèmes patrimoniaux personnels. Le concept d’intérêt social transcendant l’intérêt des associés n’est pas évident pour tous, et la réflexion sur les vrais bénéficiaires de la création de valeur est souvent incomplète.
Les valeurs de la société TV+ Gabon S.A devraient être alignées avec celles des actionnaires familiaux. Mais force est de constater que les contraintes opérationnelles et financières introduisent fréquemment des décalages, positifs ou négatifs, susceptibles dans ce dernier cas d’être sanctionnés par des réactions marquées des parties prenantes, voire par la loi.