La question des politiques culturelles au Gabon est une arlésienne. Pour cela, Lucie Marie Otambo Onwantinongo, chargée d’Etudes à la Direction Générale de la Culture au Ministère de la Culture et des Arts, nous éclaircis sur les zones d’ombre de son applicabilité.
En effet, au Ministère de la Culture et des Arts du Gabon, il n’existe pas en tant que tel des politiques culturelles établies faisant office de textes juridiques, on parle plutôt de « grands axes de la politique culturelle en République Gabonaise », un document normatif validé en septembre 2011 par le Premier Ministre de l’époque Paul Biyoghe Mba. Ces grands axes au nombre de troisont pour objectif non seulementle renforcement de l’économie de la culture par l’appui au développement des entreprises et des industries culturelles mais aussi l’amélioration du cadre législatif et réglementaire ainsi que des instruments de la gouvernance culturelle ; la préservation et la promotion des identités et de la diversité culturelle pour un développement culturel ; la promotion de l’inventaire, de la préservation, de la réappropriation, de la mise en valeur, et de la gestion durable du patrimoine culturel et naturel, matériel et immatériel ; la stimulation et la valorisation de la créativité et du développement des industries culturelles par l’appui à la création, à la diffusion et à l’amélioration du statut de l’artiste ; et pour finir le dernier objectif stratégique la création des conditions de la participation et de l’accès de tous à la culture.En dehors de ces « grands axes de la politique culturelle », il y a aussi les conventions signées avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) ratifiés par le Gabon en 2005 et portant sur la protection et la promotion des expressions culturelles. En revanche, 2015 a été l’occasion de la signature d’une convention-cadre entre l’Organisation International de la Francophonie (OIF) et l’Etat gabonais sur « l’appui au Renforcement des politiques et Industries culturelles au Gabon ».
Vu ses nouvelles orientations politiques le Ministère de la Culture et des Arts trouvent le document normatif des « grands axes de la politique culturelle » vétuste. A cet effet, l’UNESCO et l’Union Européenne (UE) ont mis à disposition du Gabon un expert national et un expert international afin de revisiter ledit document via le Programme de Soutien au Renforcement des Industries Culturelles et Créatives (PSRICC). Ce programme financé par l’UE, en cours depuis 2019 dont la durée est de 21 mois, vise à mettre en lumière le projet politique datant de 2011 en insérant des mesures supplémentaires notamment sur la croissance des petites et moyennes entreprises ; et l’autonomisation des femmes, des filles, des jeunes dans les Industries Culturelles et Créatives.
Le toilettage du document normatif des « grands axes de la politique culturelle » a permis de répertorier 12 filières où seules 7 sont en cours d’étude : l’art du spectacle, l’art du cinéma, l’art du livre, l’art de la musique, l’art de la mode ou design, les jeux vidéos. C’est sur la base du PSRICC que le Ministère de la Culture et des Arts souhaiterait émettre des textes juridiques. L’objectif principal de ce programme étant d’étendre les filières du fait de l’aspect politique et de l’implication des autres pans. Toutefois une extension est ainsi nécessaire sur les quatre autres objectifs valorisant le soutien des systèmes de gouvernance durable de la culture, la promotion de la mobilité des professionnels de la culture, l’inclusion de la culture dans les cadres du développement durable, la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales. De ce fait, il semble primordial pour les artisans de culture de vivre de leur art avec l’appui des potentiels investisseurs privés, sociétaires ou opérateurs.