Le droit à l’information est intimement lié au suffrage universel. C’est le Gouvernement gabonais lui-même qui le rappelle, comme en témoigne la capture d’écran qui accompagne mon propos.
Autrement dit, la publication sincère et transparente des résultats des élections, considérée comme un droit à l’information dû aux Citoyens par les pouvoirs publics, doit préalablement être respectée.
En rendant officiels de faux résultats, le Gouvernement est le premier à porter atteinte aux droits des citoyens, en bafouant leur souveraineté exprimée par le vote.
Parce que la première liberté d’expression pour des Citoyens ayant atteint leur majorité politique est celle de se choisir librement leurs dirigeants. Ce qui donne à ces dirigeants la légitimité de proposer des projets de loi (comme ce projet de loi sur la HAC qui veut restreindre la liberté d’expression des citoyens et des journalistes, en ignorant les causes de leur défiance constatée).
Le respect du suffrage universel permet aux dirigeants d’observer en retour le respect de l’autorité des pouvoirs publics et politiques par les Citoyens. C’est un échange de bons procédés dont le principe est : « Tu me respectes, je te respecte ».
La question fondamentale étant alors : « Le suffrage universel est-il respecté au Gabon, notamment en ce qui concerne l’élection du Président de la République ? »
La réponse est sans appel : NON !
La réponse est tellement négative qu’on ne s’explique pas qu’il n’y ait pas de réjouissances publiques dans les rues (comme nous l’observons ailleurs), après la proclamation des résultats électoraux officiels.
Au contraire, c’est l’armée, sur injonction du Gouvernement, qui infeste les rues en tirant sur des populations qui exigent légitimement le respect du suffrage universel édicté par la Constitution.
La réponse est tellement négative qu’un soi-disant Président de la République, qui est censé avoir recueilli le suffrage majoritaire exprimé, s’est senti obligé d’organiser un Dialogue politique à Angondjé en 2017 alors que les populations venaient, a priori, de lui accorder leur confiance pour la gestion du pays. Aucune logique.
Une opération qui s’est suivie d’un débauchage des opposants politiques, au point où les Citoyens finissent par déconsidérer la classe politique dans son ensemble. En estimant que Majorité et Opposition seraient les membres d’une même « secte » érigée contre la volonté souveraine du Peuple Gabonais. Légitimant par ailleurs l’idée d’une classe politique du « Tous pourris ». Puisque, uniquement et visiblement préoccupée par la recherche de perdiems, de postes et de nominations politiques.
Conséquences :
Ces comportements font légitimement naître l’irrespect et la défiance permanente des Citoyens, qui l’expriment alors à travers la presse et les réseaux sociaux. Les Citoyens estimant qu’ils n’ont pas à respecter des dirigeants et des Hommes politiques immoraux, qui piétinent leur souveraineté.
Parce que ce n’est pas la loi qui doit imposer le respect. Le Respect se mérite.
Rappelons encore que l’esprit de la loi 019/2016, portant Code de la Communication en République Gabonaise, était de dépénaliser les délits de presse. Dans cette même loi actuellement en vigueur, l’article 44 encadre déjà le contenu des articles de presse, en bannissant l’injure, la diffamation et tutti quanti. Et comme cette loi, adoptée en remplacement de celle de 2001, intègre le secteur de la communication numérique, il va de soi que la presse en ligne est concernée.
Le nouveau projet de loi sur la HAC est donc superfétatoire et simplement une manière insidieuse d’intimider solennellement les journalistes et les internautes.
Enfin, rappelons aussi que le Droit n’est pas la Justice. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’une règle sociale est légale qu’elle est automatiquement juste, notamment aux yeux des Gabonais au nom desquels cette Justice est rendue selon la Constitution.
Pour l’illustrer, disons que la pratique de l’esclavage et de la ségrégation raciale étaient aussi légales en Afrique du Sud et aux États-Unis. Elles ont été abolies après de nombreuses contestations citoyennes, parce qu’elles relevaient certes du droit, mais sans être justes.
Le climat de défiance envers les dirigeants, dans la presse et sur les réseaux sociaux au Gabon, naît donc d’un péché originel : celui du non-respect du suffrage universel (du verdict sorti des urnes).
C’est un problème moral qui interpelle prioritairement les actuels dirigeants politiques, auteurs de ce crime impuni au fil des élections présidentielles depuis 1993.
Avant donc de combattre les conséquences de ce non-respect du suffrage universel, qui est intimement lié au droit à l’information et à la liberté d’expression, que les actuels dirigeants se regardent dans la glace en se demandant :
« A qui profite le crime électoral de la vidéo actuellement en circulation, et témoignant du tripatouillage électoral dans la province du Haut-Ogooué en 2016, par l’achat des représentants de l’opposition à hauteur de 50 millions de FCFA ? De tels crimes inspirent-ils le respect des Citoyens envers les dirigeants ? »
Nous nous verrons alors à la Concertation politique qui débutera ce 13 février 2023. Il faudra peut-être y diffuser cette vidéo. Afin que chacun voit le mal fait à notre pays.
Les commanditaires de ces crimes contre le suffrage universel ne sont pas sanctionnés… mais ce sont les internautes et les journalistes, qui réagissent à cette situation condamnable depuis 2009 au moins, que le Gouvernement actuel veut sanctionnner ?
Quelqu’un vous avait dit au lendemain de la présidentielle de 2016 : « On ne construit rien de solide sur le mensonge ! » Nous y sommes.
À bon entendeur…
Bon week-end aux Gabonais dignes et engagés pour le respect de la souveraineté véritable du Peuple.
Dans la Paix du Fils de l’Autre.
Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo