Des dirigeants d’affaires, des décideurs et des militants pour le développement se sont joints à plus de 200 délégués pour lancer le premier Forum des investisseurs en Afrique pour la nutrition à Nairobi, au Kenya, hier. Des représentants de haut niveau de la Banque mondiale, de la Commission européenne, de la Société financière internationale, de la Kenya Commercial Bank, du Graça Machel Trust et de la Fondation Bill and Melinda Gates, ont également participé à ce forum destiné à libérer le potentiel des petites et moyennes entreprises qui œuvrent à améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation en Afrique.
L’Alliance mondiale pour l’amélioration de la nutrition (GAIN) (GainHealth.org), une fondation suisse, et Royal DSM – une société scientifique internationale spécialisée dans la nutrition, la santé et les modes de vie durables – se sont associés pour organiser cet événement afin d’accroître les investissements en vue d’améliorer la nutrition en Afrique.
Lors de cette journée, les investisseurs ont étudié des opportunités d’affaires représentant 82 millions $ US, liées à plus de 60 petites et moyennes entreprises en expansion, qui ont souvent des difficultés à accéder à des financements abordables. Alors que les micro-entreprises parviennent à trouver des financeurs pour leurs besoins limités, et que les grandes entreprises accèdent facilement aux investissements, les petites et moyennes entreprises ont des difficultés à trouver des fonds. Le Forum a tenté de combler ce vide en permettant à plus de 60 entreprises africaines de rencontrer des investisseurs.
À l’ouverture du forum, l’ancien président de la République unie de Tanzanie, Jakaya Kikwete, un membre important du Scaling Up Nutrition (SUN) Movement dont l’objectif est de faire disparaître la malnutrition dans le monde, a demandé une plus grande collaboration des secteurs public et privé, ainsi que du troisième secteur, pour relever ce défi, précisant : « L’agenda de la nutrition est un pilier du développement. S’attaquer au problème de la malnutrition est un impératif. Les problèmes liés à la nutrition ont des répercussions directes sur la croissance économique et le développement d’une nation. Si on ne réduit pas le rachitisme et la cachexie chez les enfants, l’anémie chez les femmes, et les carences en iode, les pays perdront beaucoup en productivité ». La Tanzanie a été saluée pour ses politiques qui ont contribué à réduire la malnutrition. L’ancien Président a également exhorté les gouvernements à s’investir pour éradiquer la malnutrition. « Les gouvernements doivent définir des politiques efficaces en matière d’agriculture, de nutrition et de sécurité alimentaire, et prendre des mesures appropriées pour assurer la mise en œuvre de ces politiques », a-t- il spécifié.
La malnutrition est un problème majeur en Afrique, a insisté Lawrence Haddad, directeur exécutif de la GAIN, à qui a été remis le Prix mondial de l’alimentation hier. « Les entreprises doivent jouer un rôle dans la lutte contre la malnutrition en Afrique », a-t-il affirmé.
« Le problème auquel sont confrontées la plupart des entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, est la difficulté d’accès aux financements. La GAIN travaille avec les entreprises pour développer leurs projets et les met en relation avec les investisseurs. C’est la première fois que l’on entreprend un effort soutenu en Afrique pour aider les entreprises à proposer des aliments nutritifs meilleur marché et plus accessibles », a-t-il poursuivi.
L’organisation s’est associée au Programme alimentaire mondial de l’ONU pour organiser le premier concours SUN Business Network Pitch Competition sur le continent. Lors des finales, au forum, 21 entreprises ont présenté leurs activités dans le domaine de la nutrition, suite à des concours nationaux au Nigeria, en Tanzanie, au Mozambique, au Malawi, en Éthiopie, au Kenya et en Zambie, auxquels ont participé 450 entreprises.
Soulignant l’importance de mobiliser des investissements sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la nutrition, Fokko Wientjes, vice-président de la nutrition dans les marchés émergents à Royal DSM, a ajouté : « Avec 30% à 40 % d’enfants souffrant d’un retard de croissance en Afrique, il est urgent de rendre des aliments nutritifs plus disponibles, meilleur marché et surtout attrayants aux yeux du consommateur ».
Fokko Wientjes a fait l’éloge de l’initiative, au forum, qui a permis à des entreprises en expansion visant à améliorer l’accès à des aliments nutritifs de rencontrer des investisseurs. « Le forum a donné à des investisseurs l’occasion d’avoir une vue d’ensemble des opportunités d’investissement tout au long de la chaîne de valeur et de repérer les meilleures affaires », s’est-il réjoui. Il a indiqué que le concours du SUN Business Network permettrait de créer une réserve d’investissements dans la nutrition pour les années futures, afin de stimuler la prochaine génération d’entrepreneurs africains dans ce secteur.
Des entreprises d’autres secteurs – technologie, logistique, etc. – ont également la possibilité de faire une différence dans le secteur de la nutrition. Discutant l’utilisation de la technologie en rapport avec la nutrition, Rachel Kabuyah, responsable des subventions et partenariats à Twiga Foods, a expliqué : « Twiga Foods utilise la technologie mobile pour relier les petits producteurs aux détaillants du secteur informel – afin de donner accès à des fruits et légumes frais et bon marché aux consommateurs à faible revenu ».