Olam International : remporte le trophée International company of the year.

Le géant de l’agroalimentaire Olam International surprend chaque année en décrochant des prix. Pour cette début d’année, Olam a remporté le trophée « International company of the year ». Le groupe basé à Singapour réalise une large partie de ses activités en Afrique, dans le cacao, le café, le coton ou encore l’huile de palme. En 2017, Olam a investi 150 millions de dollars dans une usine d’aliments pour animaux et une ferme de volailles au Nigéria et inauguré le New Owendo International Port, construit via un partenariat public-privé à Libreville.
Dans l’agro-industrie durant des années, Olam veut aidé le Nigéria à sortir de la « dépendance pétroliè ». Séduit par le discours de autorités, le géant singapourien a décidé d’investir dans des usines de production de poussins et d’aliments pour animaux.
Si le Nigeria est pénalisé par le très bas niveau des cours du pétrole, le pays aux 186 millions d’habitants peut compter sur les mastodontes de l’agro-industrie, comme le nigérian Dangote et le singapourien Olam, pour dynamiser son économie. Dans une stratégie à long terme, ces derniers misent sur la croissance démographique du géant africain, qui deviendra d’ici à 2050 le troisième pays le plus peuplé du monde (les estimations tablent sur 440 millions d’habitants), et tentent de combler le fossé entre l’offre et la demande dans le secteur de la production alimentaire.
Olam International, qui n’était en 1989 qu’un petit exportateur de noix de cajou au Nigeria, possède aujourd’hui 18 usines et 115 entrepôts dans le pays et a, au début du mois de septembre, lancé une fabrique d’aliments pour animaux et une écloserie d’une capacité de production hebdomadaire estimée à 1,6 million de poussins.
Situées à Chikpiri Gabas, un village à la sortie de la capitale de l’État, à quelque 200 km au nord d’Abuja, les installations bâties sur 850 hectares – donnés par le gouvernement de l’état de Kaduna – comprennent un entrepôt de 10 000 m2 pour les matières premières, un autre deux fois moins grand pour les produits finis et quatre fermes d’élevage.
L’investissement de 150 millions de dollars (127 millions d’euros) consenti par Olam ne concerne pas seulement Kaduna. Une autre usine de nourriture pour les volailles et les poissons à Ilorin, la capitale de l’État du Kwara, a aussi commencé sa production.
Après cent quatre jours d’absence du pays pour raisons médicales, le président Buhari a consacré sa première sortie officielle à l’inauguration du site de Kaduna, en septembre.
Lors de sa visite, le chef de l’État a rappelé l’importance revêtue par cet investissement alors que le pays cherche à diversifier son économie afin de tourner le dos à des décennies de dépendance au pétrole.
Il a souligné que le Nigeria s’engageait sur la voie du rétablissement. « C’est la preuve évidente qu’en dépit de tous les problèmes la croissance économique s’installe, particulièrement dans le secteur agricole […]. C’est la marque de notre foi dans le fait que l’agriculture offre l’option la plus viable pour diversifier son économie », a complété le ministre de l’Agriculture, Audu Ogbeh.
Désormais, les investisseurs scrutent avec attention les effets de la récente décision prise par le gouvernement au sujet des volailles congelées.
Bien que leur importation ait été interdite une première fois en 2003, 1,2 million de tonnes continuaient de passer en contrebande chaque année. L’objectif du gouvernement, qui, par la voix du vice-président Yemi Osinbajo, avait annoncé en avril 2016 un plan de relance de la filière, est d’augmenter la production de valeur réalisée au Nigeria et d’atteindre l’autosuffisance.
Cette politique, accompagnée de mesures répressives contre les fraudeurs, s’est soldée par une hausse des investissements dans le sous-secteur de la transformation agroalimentaire. Dans le sillage des mesures prises par les pouvoirs publics, Olam entend nouer des relations sur le long terme avec les petits agriculteurs.
Pour Keshav Chandra Suresh, directeur général de la division graine d’Olam, « ce n’est pas un sprint mais un marathon. Les déclarations du gouvernement nous ont donné confiance, nous apportons donc tout cet investissement dans l’espoir que le gouvernement soutienne les petits producteurs. Nous avons déjà pu le constater dans le secteur du riz, par conséquent nous espérons qu’il reproduise cet effort pour d’autres sous-secteurs de l’agriculture, compte tenu de l’importance de la population rurale ».
L’optimisme d’Olam, dans un pays où il n’est pourtant pas toujours facile de faire des affaires, se comprend aisément. Ses opérations au Nigeria représentaient 16 % de son chiffre d’affaires africain en 2016 – 3,3 milliards de dollars singapouriens (environ 2 milliards d’euros) sur un revenu global de 20,59 milliards de dollars singapouriens.
Ce n’est pas une menace pour les petits producteurs. C’est une menace pour les gros acteurs, car les petits fermiers pourront avoir des animaux moins chers
L’entreprise annonce être en discussion avec 300 000 petits agriculteurs en vue d’obtenir le volume de matières premières nécessaire à ses usines de fabrication d’aliments pour animaux, comme le soja, le blé et le manioc. Par ailleurs, il collabore avec l’Institut international de l’agriculture tropicale d’Ibadan pour utiliser des variétés de graines permettant de stimuler les rendements des petits exploitants.
Olam est également sensible à la manière dont sont perçus ses investissements. Kabiru Ibrahim, président de l’All Farmers Association of Nigeria (Afan) valide sa stratégie : « Ce n’est pas une menace pour les petits producteurs […]. C’est une menace pour les gros acteurs, car les petits fermiers pourront avoir des animaux moins chers et pourront les nourrir du fait qu’ils produisent aussi leurs aliments ici. »
Le nouveau complexe, qui comprend la production d’aliments et de poussins, vise la réduction des pertes le long de la chaîne de valeur causées par une inaptitude du personnel à contrôler la santé des poussins, les problèmes de transport et le manque de maîtrise des techniques agricoles. Reste que l’usine totalement automatique d’Olam va consommer beaucoup d’énergie, dans un pays où l’approvisionnement en électricité reste incertain.
Selon la direction de l’entreprise, Olam a choisi Kaduna pour son climat et son environnement propices aux investisseurs. Le gouverneur de l’État se félicite encore d’avoir incité le président Buhari à rencontrer les responsables du groupe singapourien en septembre 2015. Un rendez-vous qui a débouché sur l’engagement de l’industriel à investir dans l’État de Kaduna.
Pour répondre à ses besoins en personnel, Olam souhaite attirer de jeunes vétérinaires venant de dix universités du pays en offrant à quatre-vingts d’entre eux un stage de deux ans. Interrogée par Jeune Afrique, une nouvelle diplômée ne tarit pas d’éloges sur la chance offerte par l’industriel : « C’est la possibilité de profiter d’installations que je n’avais vues que dans les livres », se réjouit-elle.
À l’image d’Olam, Dangote estime aussi la période propice aux investissements agro-industriels. En juillet 2017, il a annoncé vouloir consacrer 3,8 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) à la filière sucre et 800 millions au secteur des produits laitiers dans les trois ans.
Sources : Jeune Afrique

Obone Flore

Journaliste

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