Ma lettre ouverte à l’artiste »Espoir la Tigresse  » après les moqueries ayant suivi son concert à l’Institut Français de Libreville

Madame « Espoir La Tigresse »,
Chère compatriote,

Je viens publiquement vous témoigner ma solidarité de concitoyen, à la suite du lynchage médiatique dont vous avez été l’objet de la part de votre corporation. Je dois vous confesser que je suis plutôt un mélomane du genre « Gospel ». En effet j’écoute les louanges proposées par la plupart des 50 peuples de chez nous (en ville comme au village), mais aussi celles des populations d’Afrique et d’ailleurs: la Guinée Équatoriale, les peuls, les haoussa, les bamileke, les bambara, les wolof, les Kabyles et les Égyptiens, les caribéens et les amérindiens pour ne citer que ceux-là. Toutefois je regarde avec un grand intérêt les actualités artistiques et culturelles de notre pays, quel qu’en soit le secteur et peu importe la nature.

J’ai vu des extraits de votre spectacle du vendredi 1er mars à l’Institut Français de Libreville, dans lequel vous avez insisté sur les traditions musicales du terroir et les rites initiatiques comme le « bwiti des fangs » (pour utiliser l’expression des puristes tshogo, puvi, apindji, ghisir et massango). J’ai remarqué qu’aucun chahuteur n’avait critiqué vos thématiques personnelles. Certains concertistes (qui ne sont malheureusement pas des barèmes de vertu pour nos enfants et nos adolescents) ont librement « basané » sur vos accessoires de scène, avant de vous inviter publiquement à devenir une « demi-castor », sinon à mener une vie de « barbaque », ici au Gabon et ailleurs. J’espère vivement que vous n’accorderez aucune espèce d’intérêt aux sollicitudes de ces « institutrices de la République », des « marchandes de chair » qui auraient maquereauté pour des « bongoïotes », et qui visiblement ont résolu de poursuivre comme « almanachs de vingt-mille adresses ».

Mais la plupart des professionnels de musique ont surtout mitraillé votre timbre vocal. Sauf erreur de ma part, aucun diplômé du département de musicologie de l’École Normale Supérieure n’a plaisanté sur votre prestation. Les éducateurs qui vous « riaient au nez » m’ont semblé « en défaut » de la psychopédagogie. Normalement un professeur certifié répond aux besoins individuels des gens, réduit les comportements inadéquats, améliore l’estime de soi et apporte des outils spécifiques aux difficultés de son interlocuteur. Malheureusement les réseaux sociaux nous font oublier les choses importantes.

Qui parmi vos persifleurs ignore que les voix de Britney Spears et de Biyoncé Knowles que les foules écoutent à travers les hauts parleurs, ne sont pas forcément les mêmes intonations que les ingénieurs reçoivent dans leurs casques? En français facile, les phonations de ces artistes planétaires sont quelquefois catastrophiques, mais leurs équipes se débrouillent à faire disparaître ces défauts, même en plein concert. Ont-elles suivi des cours de chants? Vraisemblablement oui. Sont-elles aguerries sur le plan vocal? Inéluctablement oui. Néanmoins sont-elles parfois braillardes sur scène? Malheureusement oui. Et sans la « magie de la technologie », elles subiraient les mêmes moqueries que vous, Espoir La Tigresse, sinon un milliard de fois pire. La principale différence entre ces femmes-là et vous, c’est le personnel hautement qualifié pour déguiser leurs plantages. Les juges coutumiers disent que la tige de rotin que vous trouvez en bordure de piste, a été tirée de la forêt par quelqu’un.

Donc avant de constater vos transgressions acoustiques, un psychopédagogue devrait voir votre force de mobilisation, votre connexion émotionnelle avec le public et votre touche d’originalité personnelle. J’ai d’ailleurs lu que quelqu’un aurait résolu de vous payer des cours de chants, et que vous auriez accepté cette proposition de bon cœur. C’est tout à votre honneur. Puisse cette épreuve nationale vous renforcer dans des valeurs comme le courage, la discipline, l’exemplarité, l’humilité et la tempérance.

Recevez mes vœux de plein succès.

Libreville, le 07 mars 2024
Philippe César Boutimba Dietha

Paul Essonne

Journaliste

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